Le matériau exégétique des bibles latines glosées

page rédigée par : M. Morard, créée le : 7.5.2021 ; mise à jour : 25.11.2024 (versio 12)

Codex Amiatinus, f. 5 : codification du matériau biblique par Esdras après le retour de l'exil à Babylone

Cette page

-         recense et classe les commentaires et corpus textuels retenus dans le Répertoire des manuscrits de la Bible latine avec commentaires (GLOSSEM);

-         justifie le choix des titres uniformes retenus pour les désigner.

Tableau récapitulatif des corpus exégétiques associés à la Bible dans des manuscrits glosés

Corpus systématiquement répertoriés

Beatus de Liebana (Beatus Liebanensis), In Apocalypsis libri duodecim.

Bérengaud (Berengaudus Ferrariensis, pseudo) : Liber Apocalypsis.

Glossa prisca.

Glossa Lanfranci.

Glossa vagans

Psautiers glosés

[« Gloses périmées »]

Glossa magna.

Glossa media.

Glossa ordinaria

Glossa ordinaria aucta Roberti Wigorniensis / Worcester.

Glossa ordinaria. Glossa Laonis.

Glossa ordinaria. Glossa parva.

Glossa ordinaria. Gilbertus Universalis.

Glossa ordinaria. Glossa universitaria.

Glossa prisca.

Hugues de Saint-Cher, Postille in totam bibliam.

Glossa dominicana.

Catena aurea.

Nicolas de Lyre, Postilles (prolixes et morales).

Willeramus Eberspergensis / Williram von Ebersberg

Corpus partiellement répertoriés

Anonymes.

Geoffroy d’Auxerre, OCist. / Galfridus / Gaufridus Altissiodorensis, In Apocalypsim

Etienne Langton.

Gilbertus Universalis.

Florus de Lyon, In Paul.

Hugues de Saint-Victor, In Ez.

Nicolas de Gorran (1232-†1295).

Nicolas Treveth in Psalmos

Odo de Morimundo / Eudes de Morimond (pseudo).

Commentaires bibliques patristiques et carolingiens

Œuvres ou manuscrits écartés

 

 

Pour en savoir plus :

=> Les noms donnés à la Bible glosée. Notes de lexicographie historique

=> Codicologie de la Bible glosée

 

 

Tableau récapitulatif des corpus exégétiques associés à la Bible dans des manuscrits glosés

 

dates

de diffusion

commentaires

livres bibliques

mise en page

position du

texte biblique

position du

commentaire

glose interl.

auteurs de la compilation

Repertorium biblicum

1

550-600 c.

Biblia cum latinis expositoribus

AT NT

?

inconnue

inconnue

?

Cassiodore

(perdu)

2

600-1800

Glossa N. (v. g. Ivonis, etc. )

aliqui

tout type

tout type

marg.

parfois

multiples

multiples

3

600-1800

Glossa (anonyma)

aliqui

tout type

tout type

marg.

parfois

anonyme

 

4

600-1090

Glossae priscae

aliqui

3 col.

continu
centre des f.

marg.

oui parfois

anonyme

 

5

850-860 c.

Beatus de Liebana

Apc.

glose intercalée

 

 

non

Beatus de Liebana

 

6

850-900

Psalterium Lunaelacensis (Mondsee): psalmi et glossae : Montpellier, Fac. de Médecine Ms. 409 ; Vercelli, arch. capitolare, cod. LXII) ed. F. Unterkircher 1974 (Spicilegium Friburgense 20)

Ps.

glose intercalée

3 col.

3 col.

glose intercalée

non

anonyme

omis

7

1000-1100

Berengaudus (pseudo Bérenger de Ferrières)

Apc.

texte

lemmes intégral inséré dans le commentaire ou lemme discontinu

2 col.

non

Berengaudus, moine du 11e s.

RB-1711 CSLMAE-1-111

8

1000 c.

Glossa Odberti

Ps.

synoptique centrée sur l’aperture

continu, col. intérieures

enclavant

non

Odon de Saint-Bertin

 

9

1025 =>

Glossa Brunonis

Ps.

synoptique centrée sur le f., 3 col.

continu,
col. intérieures

gloses marg.

non

Bruno Herbipolensis / Würzburg

 

10

1050-1075 c.

Glossa Lanfranci

Ps. Paul.

synoptique centrée sur le f., 3 col. ou sine textu

continu,
centre des f.

sentences discontinues marg.

oui

Lanfranc de Pavie / du Bec / de Canterbury

RB-5368-5382 (PL 150, 103-406)

11

1048-1085

Expositio Willirammi Eperspergensis latina-germanica (après Lanfranc)

Ct.

synoptique centrée sur le f., 3 col. ou sine textu

continu centre ou intercalé

latin à gauche, allemand à droite ou alterné

non

Williramus de Ebersberg / Williram de Ebersberg (OSB). Willeram d’Ebersberg †1085

RB-8378

12

1100-1200

Glossa Ivonis

Ps.

 

 

 

 

 

 

13

1090 =>

Glossa [ordinaria] parva

Ps. Paul

3 col.

continu, centre des f.

sentences discontinues marg.

oui

Anselme de Laon et alii
(maîtres de l’Ecole de Laon etc.)

RB-11781 à RB-11853

14

1090-1180 c.

Glossa [ordinaria] Laonis

omnes

3 col. parallèles

continu centre des f.

gloses marg.

oui

Ecole de Laon, Gilbert l'Universel

 

15

1140-1180

Glossa media

Ps. Paul

2 col.

continu
centre de l'aperture

continu latéral

non

Gilbert de Poitiers(1076, + 1154)

RB-2511 ; RB-2515-2528

16

1150=>

Glossa magna

Ps. Paul.

glose intercalée

interrompu
sur la largeur des col.

interrompu par le lemme

non

Petrus Lombardus

RB-6637 ; RB-6654-6668

17

1166-1180 c.

Glossa [ordinaria] Laonis

1-2Mcc

3 col.

continu centre des f.

continu latéral

rare

Raban Maur

RB

18

1160=>

Glossa

Ps. Paul

îlots

interrompu
sur la moitié des col.

continu encadrant

non

Petrus Lombardus

RB-6637 ; RB-6654-6668

19

1180-1280

Glossa ordinaria / Glossa universitatis / Glossa parisiensi

praeter Ps. Paul.

puzzle

interrompu asymétrique

irrégulière asymétrique

oui

anonyme

 

19

1190-1215

Postille Langtoni

12-Proph. Paul. etc.

2 col.

continu (col. intérieures)
ou îlots

scolies marg.
ou col. extérieures,
ou enclavantes (îlots)

non

Etienne Langton

 

19

1235-1239

Postille Hugonis OP

plerique

sine textu [sauf exceptions]

mots-repères

[rarement: îlots]

continue

non

Hugo de S. Caro

 

19

1239 avant

Postille Hugonis OP

Is.

sine textu

mots-repères

[rarement: îlots]

 

non

Hugo de S. Caro

d’après Orléans, BM, 24

19

1245 avant

Postille Hugonis OP

Lc.

sine textu

mots-repères

[rarement: îlots]

 

non

Hugo de S. Caro

d’après Rouen, BM, 144, f. 1

20

1239

Postille Hugonis OP

Mt.

sine textu

mots-repères

[rarement: îlots]

 

non

Hugo de S. Caro

d’après Orléans, BM, 28

21

1239-1245

Postille Hugonis OP

Ps.

sine textu [avec exceptions]

mots-repères [rarement: îlots]

continu

non

Hugo de S. Caro

 

22

1240-1250 c.

Postille Hugonis OP
= Glossa dominicana (version unique)

12-Proph. 1-2Mcc. Epcan.

sine textu ou îlot central

 

 

non

 

 

22

1244-1250 c.

Glossa dominicana OP

tous

îlot central glose encadrante

continu
au centre des f.

encadrant

non

Hugo de S. Caro ?
et/ou Pierre de Reims, OP

 

22

1230-1245

Jean de la Rochelle OFM ?

Paul.

îlot central glose encadrante

continu au centre des f.

encadrant

non

Jean de la Rochelle (fl. 1238-1245)

 

22

1256 ?-1262

Catena aurea OP

Mt.

îlots parisiens

interrompu (1/2 col.)

continu et enclavant

non

Thomas de Aquino

RB-8044

22

1263

Catena aurea OP

Mc.

îlots parisiens

interrompu (1/2 col.)

continu et enclavant

non

Thomas de Aquino

RB-8045

23

1263-1268

Catena aurea OP

Lc.

îlots parisiens

interrompu (1/2 col.)

continu et enclavant

non

Thomas de Aquino

RB-8046

24

1263-1272

Catena aurea OP

Io.

îlots parisiens

interrompu (1/2 col.)

continu et enclavant

non

Thomas de Aquino

RB-8047

25

1250-1290

Postilla victorina

Ps.

îlots parisiens

interrompu (1/2 col.)

continu et enclavant

non

Anonyme victorin

Paris, BnF, lat. 14254-14256

26

1270-1290

Postilla Gorrani OP

aliqui

sine textu

lemmes repères [îlots: Ps.]

continu

non

Nicolas de Gorran

RB-5780 etc.

27

1319-1321 ! redactio
prima

Postilla OFM

omnes

sine textu (exception :
îlot central glose encadrante

lemmes repères

continu

non

Nicolas de Lyra
(BAV, Vat. lat. 50, f. 226vb)

RB-5829-5923

28

1322-1329 redactio
secunda

Postilla OFM

omnes

lemmes repères

continu

non

RB-5829-5923

29

1339 c.

Postilla moralis

omnes

sine textu

lemmes repères

continu

non

Nicolas de Lyre

RB-5929-5974

 

Corpus systématiquement répertoriés

Sont recensés, selon la méthode indiquées ailleurs[1], les manuscrits des commentaires qui ont servi le plus fréquemment à gloser la Bible manuscrite ou imprimée.

Pour ces oeuvres, les census préexistant à GLOSSEM ont été absorbés et sont progressivement corrigés et complétés.

Afin de permettre des analyses quantitatives pertinentes, nous avons retenus également les manuscrits sine Textu des oeuvres systématiquement recensées.

Pour les oeuvres occasionnellement associée au Texte biblique intégral, nous n’avons pas retenu les manuscrits sine Textu.

Seuls les titres entre guillemets ont un fondement historique documenté, les autres termes, bien que latins, ont été forgés pour les besoins de l’entreprise.

Les manuscrits écrivent presque toujours « glosa » avec un seul « s ». Je retiens arbitrairement toujours la graphie moderne avec deux « s ».

 

 

Beatus de Liebana (Beatus Liebanensis), In Apocalypsis libri duodecim.

CPL-1301a (cf. CPL-710b=Tyconius)

Texte biblique discontinu, divisé en péricopes avec commentaire sous-jacent

La quarantaine de témoins manuscrits du commentaire de l’Apocalypse de Beatus de Lebiana, composé à la fin du 8e siècle (aux alentours de 776[2]), s’échelonnent entre le 9e et le 13e siècle[3]. Il faut y ajouter quelques exemplaires non illustrés rares ou, plus vraisemblablement, passés inaperçus comme Cas247.3. La version originale aurait déjà été illustrée[4]. Le commentaire en douze livres précède et suit le Texte divisé en 66 péricopes (et non 68 comme indiqué parfois par erreur en raison du nombre de pages historiéee illustratives) (Gryson, CCSL 107C 2012). Le Texte, qualifié de « storia », est intégralement reproduit en blocs distingués du commentaire (« explanatio ») par des titres-sommaires et des incipit/explicit, mais il est généralement copié dans le même module et avec la même encre que le commentaire, tandis qu’à l’intérieur du commentaire qui suit ou précède la storia, les lemmes sont rubriqués dans les manuscrits du 12e siècle (statistiques à préciser). Dans un cas comme dans l’autre, la mise en évidence visuelle du texte biblique prend plusieurs formes (lettres rubriqués, diplès) et est même parfois absente. Elle ne suffit donc pas à elle seule à  distinguer les péricopes bibliques des autres rubriques et des autres unités textuelles.

Pour ces raisons et après vérification, en l’absence de disposition synoptique stricte, il faut considérer le Beatus de Liebana non comme un Apocalypse glosé mais comme un Apocalypse avec commentaire. Le Texte est discontinu, divisé en péricopes de dimensions irrégulières[5], avec commentaire sous-jacent. La taille des péricopes oscille entre un verset au minimum et plus d’un chapitre au maximum, avec une moyenne d’une douzaine de versets. A titre de comparaison, le nombre maximal de divisions recensées par D. De Bruyne pour l’Apocalypse est de 65 chapitres (bible de Saint-Amand, Valenciennes, BM, 1.5) ; cf. De Bruyne, Sommaires, p. 553). Quelques versets ont été oubliés dans le Texte, alors qu’ils sont pris en compte par l’expositio. La mise en Texte est donc probablement postérieure à la rédaction du commentaire. Beatus est le témoin d’une version vieille latine de l’Apocalypse datable du 4e siècle parce qu’empruntée au commentaire perdu de Ticonius (CPL-710) que le commentaire de Beatus a permis de reconstituer[6]. La division du Texte de Tyconius est différente.

Intégration à GLOSSEM en cours. Pour la division en péricodes, voir M. Morard, Divisions de la Bible en chapitres (Apocalypse) in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2024.

 

Bérengaud (Berengaudus Ferrariensis, pseudo) : Liber Apocalypsis.

Le commentaire de l’Apocalypse a été composé par un certain Berengaudus (et non Berengarius) qui se désigne à la curiosité du lecteur par une adresse-cryptogrammeus associée à quelques manuscrits : « Quisquis nomen auctoris scire desideras litteras expositionum in capitibus septem visionum primas attende. Numerus quatuor vocalium quæ desunt si Grecas posueris est LXXXI». Le commentaire a été édité pour la première fois au 16e siècle sous le nom d’Ambroise de Milan.

L’attribution à Bérengaud de Ferrières (840-†892) fait débat. Tous les manuscrits sont postérieurs à la fin du 11e siècle et datables dans leur majorité du 12e siècle. Aucun manuscrit ne permet d’associer l’auteur ou le texte à l’abbaye de Ferrières.

Le seul titre de première main qu’on lui trouve dans les manuscrits est le titre final « explicit liber Apocalypsis ».  Le Texte est en principe complet. Il est de même module et couleur que le commentaire dont il se distingue par des diplès parfois rubriqués. Le commentaire est divisé en sept parties correspondant à sept « visions », chacune introduite par des titres de forme (« secunda / tertia  pars ») parfois signalée par un titre courant (Tr729). Par exemple (ms. Tr729[7]) :

1.       f. l-3v° :                Apc. 1:1-3:22 ;

2.       f. 26v°-27 :           Apc. 4:1-11 ;

3.       f. 38-40 :               Apc. 5:1-8:5 ;

4.       f. 74-79 :               Apc. 8:6-15:4 ;

5.       f. 117v°-121v:      Apc. 15:5-20:10 ;

6.       f. 147v :                Apc. 20:11-21:8 ;

7.       f. 156v-157 :         Apc. 21:9-22:20

Ces chapitres sont eux-mêmes divisés en courtes péricopes de la longueur de un à quelques versets. Il s’agit donc d’un livre biblique glosé en raison de la position du commentaire sousjacent au Texte. La présence du Texte intégral doit cependant être vérifiée dans chaque manuscrit parce que sa mise en évidence graphique n’est ni évidente, ni systématique.

Bérengaud In Apc. est associé à Haimon In Ct. dans au moins deux manuscrits : Roma, Alessandrina, et Cambridge, Trinity College.

Pour en savoir plus : Clavis Scriptorum Latinorum Medii Aevii, t. 1.A, Turnhout, 1994, p. Derk Visser, Apocalypse as Utopian Expectation (800-1500). The Apocalypse Commentary of Berengaudus of Ferrières and the Relationship between exegesis, liturgy and iconography, Leiden-New York-Köln, E.J. Brill (Studies in the History of Christian Thought, 73), 1996, 240 p. Liste des manuscrits : p. 200-213 ; tous les manuscrits recensés par la thèse de Visser ont été intégrés, mais leur description est inégale, très insuffisante, et n’apporte que peu d’éléments nouveaux aux catalogues disponibles ; la mise en page n’est pas traitée, l’origine et des provenances et même les dates font défaut. [dossier en cours de traitement (août 2024). – Editions : princeps (attribué à Ambroise de Milan : Cuthbert Tunstall, évêque de Londres plus de Durham (1474-†1559), Paris 1554 ; PL 17, 765-970.

Glossa prisca.

Système de gloses associé au texte d’un livre biblique compilé avant la diffusion de la Glose de Laon (avant les années 1090-1140) et indépendemment d’elle.

Certains livres glosés antérieurs à la Glose de Laon sont attribuables à des auteurs identifiés par leur nom, alors même que la répartition des livres de la Glose de Laon entre Anselme et Raoul, reste confuse ou plus collective que personnelle.

Glossa Lanfranci.

Glose de Lanfranc de Pavie, abbé du Bec (1005-† 1089), sur Paul (identifiée ) et les Psaumes (non identifiée, existence douteuse). La Glose sur Paul. fait partie des autorités déclarées des apparats de la Magna Glossatura de Pierre Lombard  (v.g. P14266, f. 135r qui en propose même un portrait idéalisé )

RB-5370 = RB-7064.3. Edition par Luc d’Achery reprise par PL 150, 103–406.

Cf. Collins (Ann), Teacher in Faith and Virtue. Lanfranc of Bec's Commentary on Saint Paul, Leiden-Boston 2007. [GLOSSEM identifie quelques témoins supplémentaires]

Glossa vagans

(En français « Glose libre »). Gloses associées à un livre biblique mais compilées après la diffusion de la Glose de Laon et indépendamment d’elle ou ne concordant que partiellement avec elle. Ces livres bibliques glosés librement sont à diffusion restreinte, non retenus par l’usage des écoles, différents de la Glose des écoles. Dans les manuscrits datables à partir du 12e siècle, seule une analyse du texte permet de distinguer une glose de type prisca reproduite tardivement d’une glose de type vagans. Ce terme est forgé ici pour les besoins du recensement ; il n’a pas d’équivalent dans la littérature médiévale à ma connaissance.

Psautiers glosés

·         Les Psautiers glosés constituent un cas à part. La fonction première du psautier manuel est la pratique de la récitation quotidienne du psautier intégral. A cette fin certains psautiers ont été glosé de manière à soutenir cette pratique et stimuler l’intelligence des récitants. Par nature et fonction, ces gloses ne sont pas liées à un enseignement ; elles ne sont pas destinées à inculquer une doxa. Elles sont souvent dues à l’initiative d’une personne et ne servent qu’à lui ou à ceux qui héritent de son psautier. Ces gloses, en raison de leur finalité, sont presque toujours brèves, didactiques (indiquant au nom de qui le psaume doit être récité) ; elles ne doivent pas distraires de la psalmodie ; elles sont principalement interlinéaires. A partir du 12e siècle, certains psautiers manuels ont été glosés avec la Glose de Laon (psautiers augmentés avec les cantiques de l’offices férial et les pièces additionnelles habituelles (symboles de foi, gloria de la messe, pater, litanies, etc.). A cause du contexte particulier de la psalmodie au long cours, le psautier a donc agrégé des gloses indépendantes ou extravagantes. Fi179 copié dans la seconde moitié du 11e siècle en Italie centrale a été réemployé à Vérone après 1234 (canonisation de saint Dominique) et augmenté d’un hymnaire et des pièces de l’ordinaire secundum consuetudinem Curie ; il est donc passé d’un usage dévotionnel privé à un usage liturgique ; ses s gloses ont continué à être lues et ‘actives’ après la diffusion de la Glose de Laon. Elles n’avaient donc rien de périmé ; elles étaient seulement devenues marginales ou « extravagantes ».

[« Gloses périmées »]

Je préfère éviter cette expression forgée par Beryll Smalley parce qu’elle peut prêter à confusion. Elle recouvre en outre deux catégories de gloses bibliques décrites ici : la glossa prisca pour les gloses antérieures à Laon, et la glose libre (glossa vagans) pour les livres glosés de manière indépendante à des fins personnelles ou locales. La notion d’obsolescence appliquée à la glose est un contresens étonnant sous la plume de B. Smalley puisque les livres glosés, en tant que textes ouverts[8], sont restés réceptifs à des apports allogènes et que les corpus moins recopiés ont continué à être copiés et même cités. Il est certain que tous les recueils de sentences médiévaux n’ont pas eu la même diffusion et que certains semblent être tombés dans l’oubli. Encore faut-il ne pas surinterpréter la raison de cet oubli. Ces collections n’ont été ni écartés ni interdites de lecture ou de copie, ni considérées comme dépassées. Leur péremption n’est jamais le fait d’une censure, d’un rejet argumenté, d’une perte de pertinence exégétique. Ces textes n’ont pas été considérés comme ne transmettant plus la bonne doctrine. Personne n’a jamais imposé à l’enseignement une glose plutôt qu’une autre. La péremption des bibles glosées n’est que la conséquence d’un processus alluvionnaire naturel. C’est parce que les écoles nouvelles ont adopté le principe du commentaire d’une Glose commune la Glose de Laon et sa copie ont saturé l’espace scolaire et le temps des copistes que les gloses particulières issues de monastères ou centres intellectuels isolés n’ont plus retenu l’intérêt. L’expression ‘glose périmée’ donne l’impression que la Glose est mise à jour en fonction d’un calendrier, comme si la Glose de Laon avait succédé à d’autres corpus avant d’être remplacée par d’autres. L’exemple de la Glose de Laon est significatif. S’il est un corpus qui pourrait être considéré comme périmé, c’est bien le commentaire d’Anselme sur les Psaumes et saint Paul. Pourtant, il ne fut pas remplacé mais absorbé par la Magna glossature et il continua à être conservé et même cité. Lorsqu’un train très rapide dépasse un train moins rapide, il donne au passager de ce dernier l’impression de ne plus avancer et parfois de reculer. Les évolutions de la mode, le besoin d’être à la page, ne suffisent à expliquer à comprendre le désintérêt pour d’autres collections. En réalité, la Glose de Laon est la première à s’être imposée de manière aussi générale en raison de son adoption par les écoles. Les gloses précédemment en circulation ont continué à être lues et copiées, mais elles ont été submergées par la masse de la production stimulée par l’effet de mode et le besoin d’imiter le système français et parisien.

Glossa magna.

Glose de Pierre Lombard (Ps. et Paul).          

Glossa media.

Glose de Gilbert de la Porrée (Ps. et Paul.).

Glossa ordinaria

Cette catégorie englobe en réalité toutes les strates de l’évolution du noyau des sentences agrégés au Texte biblique, depuis Anselme de Laon et ses successeurs, jusqu’à Pierre Lombard et aux éditeurs de la Glose universitaire. Dans l’état actuel des connaissances, les caractéristiques textuelles susceptibles de les distinguer sont insaisissables

Glossa ordinaria aucta Roberti Wigorniensis / Worcester.

Mt. RB-7496 inc. « Nomen libri evangelium grece... »

L’attribution à Robert de Worcester est propre au Repertorium biblicum. Friedrich Stegmüller lui attribue une production importante et mentionne même un floruit entre 1187-1207 (cf. aussi RB-9448).

Elle a été contestée par Richard Sharpe qui estime qu’elle repose sur des notes de possession peu explicites déchiffrées sur certains manuscrits de la Glose sur Matthieu ou sur Marc. Robert de Worcester serait « an unknow figure ». Mais R. Sharpe ne tient pas compte de toutes les pièces du dossier.

Robert de Worcester n’est pas un inconnu. Le Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. 17, Paris, 1818, p. 640 mentionne un autre Robert de Worcester, Robert Fitzralph, fils et héritier de Guillaume sénéchal de Normandie, chanoine de Lincoln, archidiacre de Nottingham (Notingamia, Notinghamia, Speluncarum domus) en 1185, évêque de Worcester (Wigorniensis) du 5 mai 1191 au 14 juillet 1193 (†) [Gams].

Ces données concordent avec les indications de possession et la datation du ms. Vat. lat. 9411. f. 181a v : "Matheus Rob' archid' *** canon' s' *** anima eius requiescat in pace" (s12/13). Speluncarum domus pourrait être le mot qui suit canonis dans l’ex-libris précité.

Le ms. 220 de l’Université de Salamanque, signalé par Sharpe et omis par Stegmüller, contient la Glose sur Mt avec un prologue signé « R. Wigorn. » (R. de Worcester). Le sens critique du regretté Richard Sharpe a donc peut-être été trop aiguisée. Le rapport de Robert avec la Glose sur les évangiles est plus étroit qu’il n’y paraît puisque le manuscrit de Paris contient en préface le traité [9].

Il n’en demeure pas moins qu’on a affaire à une version de la Glose ordinaire augmentée de pièces liminaires et introduite par une série de prothemata qui semble présenter une structure identique dans plusieurs manuscrits, notamment le prologue « Fecit Deus duo lumlinaria » de Pierre le Mangeur et les prothemata qui commencent par « Nomen libri Evangelium grece » qui semble le point commun le plus évident de tous les manuscrits de la version.

 

Mc. RB-7497.

Version de la Glose ordinaire augmentée de pièces liminaires et introduite par une série de prothemata qui semble identique dans plusieurs manuscrits.

Attribution par extrapolation en raison de la présence de la Glose augmentée sur Mt. dans les manuscrits et malgré l’absence d’attribution explicite.

 

Glossa ordinaria. Glossa Laonis.

Glose de Laon complétée et standardisée dans le contexte des écoles à la fin du 12e siècle[MM1] .

Glossa ordinaria. Glossa parva.

Glose d'Anselme de Laon ou de son École sur les Ps. et Paul.  uniquement, pour la distinguer de la Glossa media et de la Glossa magna

Glossa ordinaria. Gilbertus Universalis.

Glose du livre des Lamentations ou Thrènes. Voir les travaux et l’édition du chapitre 1 procurée par Alexander Andrée (Bibliographia parva).

Glossa ordinaria. Glossa universitaria.

Corpus intégral de la Bible glosée en usage dans les écoles à partir de la fin du 12e siècle. Cette version comprend un texte stabilisé et enrichi de la Glose de Laon, à l’exception de la Glose sur les Ps. et Paul. pour lesquelles la Glose de Laon a été remplacée par la Magna Glossatura de Pierre Lombard à partir des années 1170 environ.

Glossa prisca.

Toute version d’un livre biblique glosé non attribuée, antérieure à la Glose de Laon.

Hugues de Saint-Cher, Postille in totam bibliam.

Pour en savoir plus : Apparatus ad Glossam. Réflexions en marge de l’édition électronique des postilles bibliques d’Hugues de Saint-Cher

Glossa dominicana.

Pierre de Reims et Hugues de Saint-Cher, Glossa dominicana in Bibliam (désignée jusqu’ici dans la littérature comme « version A » ou « version brève » des postilles d’Hugues de St-Cher). - Seule cette version des postilles attribuées à Hugues de St-Cher, postérieure à la version longue, a été diffusée systématiquement sous forme de livre biblique glosé. Elle est restée inédite. Certains livres sont communs aux deux versions. Les éditeurs de la Postille imprimée d’Hugues n’avaient pas conscience de la différence des deux corpus. Leur choix de publier la postille d’Hugues sous forme de Bible avec glose encadrante est inspiré de la mise en page de la Glose dominicaine à laquelle ils ont emprunté certains textes annexes (surtout des préfaces de la Bible). - Pour en savoir plus : Un ouvrier de l’ombre des postilles d’Hugues de St-Cher : Pierre de Reims et la Glose dominicaine.

Catena aurea.

Thomas d’Aquin, Catena aurea super evangelia. Pour en savoir plus. M. Morard, Famosus glossator. Thomas d’Aquin auteur de la Catena aurea, t. 3 : inventaire de la tradition, Gloss-e, IRHT-CNRS, 2021. inventaire complet pour les lieux de conservation commençant par les lettres A jusqu’à T, en cours pour les lieux de conservation commençant par les lettres U à Z).

Nicolas de Lyre, Postilles (prolixes et morales).

La majorité des manuscrits recensés sont copiés sine textu, à la différence des éditions imprimées. Le recensement intégral permettra de mieux comprendre dans quel contexte et dans quelles proportions le choix a été fait d’associer la postille au texte intégral de la Bible (recensement en cours). L’ordre de rédaction de la Postille ne concorde pas avec celui du canon biblique. La chronologie de la rédaction des postilles peut être reconstituée à partir des et des compte-rendus justificatifs que Nicolas a disséminés à la fin de certains de ses commentaires.
Pour en savoir plus => Lyra electronica

Willeramus Eberspergensis / Williram von Ebersberg

Expositio in Cantica Canticorum, versio latina metrica et germanica. – Le commentaire du Cantique des cantiques de Williram d’Ebersberg (fl. 1064-†1085) se diffuse surtout sous forme glosée en trois colonnes (3C) à la fin du 11e siècle, quelques décennies à peine avant la pleine activité de l’école de Laon qui les a supplantés. La préface de la Glose sur le Cantique de Willeram, abbé d’Ebersberg, se réfère explicitement au modèle de Lanfranc et lui associe le système de la mise en page glosée ; vers 1064, la dédicace des poèmes latins de Willeram à Henri IV associe l’exégèse doxographique à la formation du clergé. L’adoption de la mise en page en trois colonnes par Lanfranc et Willeram a précédé et sans doute encouragé, sinon inspiré, les choix codicologiques de la Glose de Laon. Il ne faut pas y voir une affiliation ou une dépendance, mais surtout l’attestation d’une pratique préexistante à celle que va généraliser la Glose de Laon. La mise en page de Willeram a été surinterprétée par l’historiographie allemande moderne qui a voulu voir dans le commentaire latin et la paraphrase versifiée germanique les deux contreforts permettant au Texte sacré de fonder la société théocratique du Saint Empire germanique. Il faut surtout noter l’origine latine, par Lafranc de Pavie, de la formation du clergé par la lecture de la Bible avec commentaire.

Corpus partiellement répertoriés

Les oeuvres suivantes n’ont pas bénéficié de la même réception scolaire ni de la même autorité que les corpus précédents. Seuls quelques-uns de leurs manuscrits intègrent sporadiquement l’intégralité du texte de quelques livres bibliques isolés sous forme glosée. Nous n’avons pas cherché, pour l’instant, à en examiner tous les manuscrits à la recherche de mises en page glosées.

Anonymes.

Quelques commentaires anonymes ont reçu la forme de livres bibliques glosés ; voir notamment la collection d’Adénulphe d’Anagni (Paris, BnF, lat. 14254-14256).

Geoffroy d’Auxerre, OCist. / Galfridus / Gaufridus Altissiodorensis, In Apocalypsim

Ce commentaire circule en trois versions différentes.            
1. La plus connue et la plus abrégée est le florilège biblique cistercien (organisé selon l’ordre du texte biblique) que l’érudition moderne qualifie de Catena modernorum.       
1.1 Elle-même circule soit sous la forme de chaîne (les extraits d’un même auteur sont rangés en leur lieu, mêlés à ceux d’autres auteurs, dans l’ordre du texte biblique : une vingtaine de témoins),     
1.2 soit la forme d’un volume qui réunit les extraits de chaque auteur à la suite l’un de l’autre (un seul manuscrit Tr1696).    
2. D’autres manuscrit présentent le commentaire sous la forme d’un commentaire continu divisé en 20 homélies ou sous la forme d’un commentaire continu.

Je n’en connais qu’un seul manuscrit – incomplet – qui mette le commentaire en texte avec Texte biblique continu : P687, copié pour Fontenay à partir d’un manuscrit de Clairvaux : Textus divisé en péricopes avec commentaire sous-jacent copié en double module à lignes alternées, parfois ajouté en demi colonnes irrégulières (f. 17v-18r). Le manuscrit est enregistré comme « Glossa ordinaria in Apocalypsim » par le catalogue de Colbert (art. C.37).        
Bibliographie : Gaufridus Autissiodorensis, Super Apocalypsim sermones XX, éd. F. Gastaldelli, Goffredo di Auxerre : Super Apocalypsim, préf. J. Leclerq, Roma : Ed. di storia e letteratura, 1970, p. 57-244 (Temi e Testi, 17)
[Bulletin codicologique 1972 n°271]; 2° Gastaldelli (Ferruccio). Ricerche su Goffredo d'Auxerre. Il compendio anonimo del « Super Apocalypsim ». Introduzione et edizione critica. Rome, Pontificium Institutum Altioris Latinitatis (Apud custodiam librariam P. A. S., Piazza dell' Ateneo Salesiano, 1-00139 Roma), 1970, 189 p. in-8°. (Bibliotheca « Veterum Sapientia ». Series A. Textus-Documenta-Commentaria, XII).   
M. Morard, La harpe des clercs, Paris - IV - Sorbonne, 3 vol.,
2008, clavis.)

Etienne Langton.

Certains de ses commentairess (12Proph. Paul., etc.) sont diffusées sous forme glosée ou sous la forme de gloses marginales.

Repérage aléatoire. A compléter.

Gilbertus Universalis.

Le commentaire de Gilbert l'Universel a servi à la composition de la Glose ordinaire sur Jérémie et les Lamentations. Le rapport semble inversé pour d'autres livres bibliques : leur commentaire par Gilbert l'Universel semble emprunter à la Glose et ne suffit pas à en expliquer tout le contenu. Seuls des extraits des commentaires de Gilbert ont été intégrés à la Glose ordinaire. On ne connaît pas, comme ce sera le cas pour lGilbert de Poitiers, une diffusion du même texte selon deux mises en page différente, l’une cum Textu, l’autre sine Textu.

Florus de Lyon, In Paul.

Il ne semble pas que les manuscrits de Florus aient reporté l’intégralité du lemme biblique ni qu’ils aient été codicologiquement disposés à la manière de bibles avec commentaire. Seul les exemplaires  mis en page avec Texte intégral seront retenus. Repérage aléatoire. A compléter.

Hugues de Saint-Victor, In Ez.

Quelques manuscrits mettent en page le commentaire avec le texte biblique intégral.

Jean de la Rochelle (†1245) : certains rares manuscrits tardifs (14e s.) des postilles de cet auteur ont reçu la forme de livres glosés.

Repérage aléatoire. A compléter.

Nicolas de Gorran (1232-†1295).

Postille largement inspirée de celle d’Hugues de Saint-Cher qu’elle a sans doute eu l’ambition de vouloir supplanter (commentaire de classe B.2). Plusieurs exemplaires se présentent sous forme de livres bibliques glosés, spécialement Ps. et Lc. L’intention et l’étendue de cette oeuvre sont encore difficiles à cerner. Recensement en cours (GLOSSEM), mais à reprendre plus systématiquement. Les copistes et éditeurs tardifs ont souvent eu de la peine à distinger la postille d’Hugues et celle de Nicolas de Gorran. Voir les travaux d’Emmanuel Bain.

Nicolas Treveth in Psalmos

Odo de Morimundo / Eudes de Morimond (pseudo).

Repérage aléatoire. A compléter.

Commentaires bibliques patristiques et carolingiens

Les copistes de certains commentaires patristiques ont également – et tardivement – adopté une mise en page glosée pour faciliter la consultation de commentaires partiels. Ces manuscrits ne sont pas systématiquement recherchés pour des raisons de faisabilité (le silence des catalogues anciens sur la mise en page et la proportion encore faible de manuscrits en ligne), mais sont intégrés dans la mesure du possible au fil des découvertes.

Œuvres ou manuscrits écartés

Nous n'avons pas retenu les oeuvres que les catalogueurs anciens ou modernes qualifient de "gloses" ou de "livre glosé" ("psalterium glossatum") lorsque le texte biblique complet en est absent. Les termes "glossa" ou "glossatus/glossatum" désignent souvent des commentaires lemmatiques sans mise en page glosée, au sens technique que nous donnons aujourd'hui à ce terme. Les listes de manuscrits des 17e et 18e siècles sont particulièrement trompeuses à cet égard. Je ne donnerai que l’exemple de la liste de manuscrits envoyés à Colbert par Mareste d’Alge (Cabinet des manuscrits, t. 1, p. 526) dont l’item § 36 « Abdias glossatus » désigne P583 et reproduit le titre interne du volume. Ici glossatus est synonyme de « commenté » et n’a rien à voir avec la présence de mise en page synoptique du Texte et du commentaire. Il s’agit d’un simple commentaire à longue lignes (voire aussi Troyes, BM, 457, f. 63r-119r qualifié par le CGM de « Prophetae minores glossati » alors qu’il s’agit d’une postille).

Les bibles annotées sont des bibles simples dont les marges, préparées ou non, accueillent des annotations. Elles se distinguent des bibles simples enrichies d’une glose, plus ou moins complète, par le caractère ponctuel ou sporadique des ajouts. Nous ne retenons donc les bibles simples lorsque les ajouts sont suffisemment conséquents pour constituer un commentaire prolixe, même partiel.

Les excerpta (recueils d’extraits déconnectés du texte biblique) ne sont pas recensés.

Les fragments ne sont recensés que s’ils sont significatifs (pages entières ou partielles, identifiés comme provenant d'un manuscrit glosé au sens où nous les définissons ; voir « Codicologie de la mise en page des bibles glosées ».

J’exclus également les bibles latines dont le commentaire est uniquement vernaculaire, les oeuvres où le texte biblique est incomplet, réécrit, ou ne porte que sur des versets choisis (ainsi les Psaumes de la pénitence glosés). Il en va de même de l’Histoire scolastique de Pierre de Mangeur et de l’Unum ex quatuor de Zacharias Chysoliponitanus qui compilent et synthétisent le texte canonique des Écritures mais ne cherchent pas à en procurer une explication lemmatique stricto sensu.

Il serait certainement souhaitable, à terme, de compléter notre répertoire par un inventaire des manuscrits qui adaptent sporadiquement certains schémas de mise en page empruntés aux livres bibliques glosés à des commentaires sélectifs ou incomplets. Nous en avons relevé des exemples dans les commentaires et manuscrits suivants :

·         Pierre Riga, Aurora, parfois glosée (Bruges, Bibliothèque publique, ms. 89), n’est pas, par définition, un véhicule du Texte biblique intégral.

·         Anselme de Cantorbery, In Principio Genesis, Arras 561 (622), f. 1-26 : atypique : 3 col. 1 : allegoria, 2 hystoria (= textus), 3 moralitas // moralitas / textus / allegoria.

·         La Summa super Psalterium de Philippe le Chancellier n’appartient pas à la catégorie des Bibles glosée. Ses manuscrits ne sont jamais associés au texte intégral de la Bible et sont recensés à part (cliquer ici). De quelques années antérieure aux postilles d’Hugues de Saint-Cher, elle témoigne plutôt en contre-point de la mise en œuvre de la Glose par la dernière génération de l’exégèse biblico-pastorale parisienne.

·         Les florilèges sans texte biblique intégral n’ont pas été retenus. Une exception pourrait être faite pour la Catena modernorum dans la mesure où elle témoigne de la structure du texte biblique cistercien (canon), qu’elle est un exemple rare de créativité en matière de chaîne  et constitue comme le chaînon manquant entre Pierre Lombard et la Catena aurea.

·         Tomàs Maluenda, OP, Commentaria in sacram scipturam una cum nova de verbo ad verbum ex hebraico ..., Lyon, Prost, 1650 (lire en ligne [archive]) et l’excellente notice Wikipedia. – Le manuscrit d’une partie de l’édition en 12 volume est conservé à la Bibliothèque de Valencia (Gutiérrez del Caño, Catálogo de los manuscritos existentes en la Biblioteca Universitaria de Valencia, t. 1, n° 234 [cote actuelle non identifiée]). L’édition présente la forme d’une Bible avec commentaire disposé à la suite de chaque chapitre du Texte.



[2] Williams-Martin, 2017, p. 22.

[3] Cf. John Williams & Therese Martin, « The Census. A Complete Register of Illustrated Beatus Commentaries and Fragments », in : id. & ead., Visions of the End in Medieval Spain Catalogue of Illustrated Beatus Commentaries on the Apocalypse and Study of the Geneva, Amsterdam, 2017, p. 67-148 [39 mss.] qui complète John Williams’s, The Illustrated Beatus, 5 vol., London, 1994-2003 [37 mss.] par l’ajout de deux exemplaires  dont celui de Genève. Pour les fragments : Ana Suárez González, Fragmentos de libros, bibliotecas de fragmentos (en torno al Beato del A.H.P. de Zamora), Zamora, 2003. Voir aussi l’utile synthèse de l’annexe 1 (sur la diffusion) de Gaelle Bosseman, « La transmission manuscrite du Commentaire sur l’Apocalypse de Beatus de Liébana », in : Eschatologie et discours sur la fin des temps dans la péninsule Ibérique (viiie-xie siècle), Casa de Velázquez, 2023, https://doi.org/10.4000/books.cvz.44068. [Cette étude n’ajoute pas de nouveau témoin au census de Williams et  ne tient pas compte de tous les manuscrits non illustrés du Beatus. Son inventaire de la tradition ne les cite pas tous. Glossem la complètera à partir de la bibliographie secondaire, sans prétendre à l’exhaustivité immédiate.

[4] Il y a débat pour savoir si l’Apc. de Tyconius utilisé par Beatus était déjà illustré ou non ; cf. Williams 2017, p. 24 soutient contre Gryson, mais sans pouvoir le démontrer autrement que par la rareté exceptionnelle de la réalisation de Beatus, que celui-ci est l’inventeur du concept de commentaire illustré.

[5] Voir Martin Morard, Divisions de la Bible en chapitres (Apocalypse) in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2024.

[6] Gryson 2012, p. I, XVIII, CXXXVII (Williams 2017, p. 24).

[7] Description donnée par Cf. A. Vernet, j.-p. Bouhot, et j.-f. Genest, La Bibliothèque de l’abbaye de Clairvaux, t. 2, 1997, p. 317-318.

 

[8] Sur ce terme, cf. M. Morard, Codicologie de la Bible glosée.

[9] « ‘Robert of Worcester’ The augmented version of the ordinary gloss on Matthew, one of several works attributed by Stegmüller to Robert of Worcester (Bibl. 7496, RB-9448), an unknown figure, is also found with a prologue signed ‘R. Wigorn.’ in Salamanca, Biblioteca de la universidad, MS 220 (s. xiii), fols. 1r–( ). This copy was not listed by Stegmüller. The only one with any appearance of an a scription in his list is BAV MS Vat. lat. 941 (s. xiii), fols. 1-149, ascribed, he suggests to ‘Robertus canonicus archib.’ (so Stegmüller); the name is an owner or donor inscription, partly erased, on an endleaf, fol. 180Ar, ‘MatheusRob’ archid’ [[ * * ]] canon’ s’ [[ * * ]]’,and neither preface nor text contains any indication of authorship. Investigation of the Salamanca manuscript is needed. The rest of Stegmüller’s entry would appear to be extrapolation to other works contained in manuscripts that have this text without ascription ». (R. Sharp, A Handlist of the Latin Writers of Great Britain and Ireland before 1540, with Additions and Corrections, Turnhout, 1997 (Journal of Medieval Latin, vol. 1), hic id., « Additions, corrections and queries », 2008, p. 21, n° 108.


 [MM1]Seule la Glossa parva (Ps. Paul.) et la Glose sur le Cantique (Ct.) sont attribuables avec une relative certitude à l’école de Laon.


Comment citer cette page ?
Martin Morard, Le matériau exégétique des bibles latines glosées in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2025. Consultation du 02/04/2025. (Permalink : https://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/page.php?id=76)