Glossa ordinaria (Lv.) : status editionis

La Glose sur le Lévitique dépend des homélies d’Origène sur ce livre ainsi que de la version latine ducommentaire d’Hésychius de Jérusalem, dont le texte grec semble perdu, ainsi que du commentaire de Raban qui pille le commentaire d’Hésychius d’après un texte identique à celui de la version éditée. Le texte de la Glose semble légérement plus proche de celui de l’édition d’Hésychius que de celle de Raban à certains endroits, ailleurs c’est l’inverse. Selon Wenger1956 (p. 456), le texte des deux manuscrits d’Hésychius conservés à Paris (auxquels on peut ajouter Tr212) appartiendrait à une même famille, «nettement» différente de celle qui a servi à l’édition. Les courts sondages publiés ci-dessous révèlent plutôt un texte assez proche de celui de l’édition dont la Glose s’écarte soit parce qu’elle dépendrait d’une autre version du texte latin d’Hésychius, soit, plus probablement, en raison du processus de sententiarisation qui la caractérise. Rusch ajoute à Hésychius et à Raban. On notera par exemple, à propos de Lv. 4, 11, une allusion à la thèse christologique du Christus apsuchon d’Arius et d’Eunome, combatue par Athanase d’Alexandrie au synode d’Alexandrie de 362 (Lv. 4, 11 marg., Erfurt, f. 108ra; facsim., p. 217a), que les manuscrits du 13e siècle de la Glose semblent encore ignorer. La recherche de son origine reste encore à poursuivre. En Lv. 7, 30, la sentence extraite de la lettre 64 de Jérôme à Fabiola a conduit certains auteurs à attribuer à Pline une formule concernant le siège de la volupté dans le foie qui vient simplement de Jérôme. Soit la rédaction initiale de la sentence dépend d’un commentaire oral mal compris par un auditeur, soit le glosateur a mal compris Jérôme, soit des scolies interlinéaires comme «ut Plinius» ou «ut P<aschasi>us» ont été insérées à mauvais escient. En tout état de cause, la source hiéronymienne a été non seulement reformulée, mais aussi interpolée.

 

Glossa:

Rusch: Biblia latina cum Glossa ordinaria, ed. A. Rusch, Strasbourg, 1480, t. 1, Erfurt, f. 104ra-136vb; facsim., p. 502b-506b.

Textus Bibliae:

ΩF: deficit

Rusch

=> in apparatu:

Weber: Biblia vulgata, ed. Weber-Gryson, Stuttgart, 1994, p. 135-176.

Fontes:

Rabanus Maurus, In Lv., PL 108, 245-586

= << Hesychius Hierosolymitanus, Commentarius in Leviticum:

Cambridge, Trinity College 52 (12e s.)

Firenze, Laur. Plut. 17 cod. 16 (13e s.)

Grenoble, BM, 229 (308), 12es. 3/4, prov. Grande Chartreuse;

Londres, BL, Harley 3032 (9e s. init.);

New-York, Pierpont-Morgan, 768 (9e s.).

Paris, BnF, lat. 11995, prov. Corbie

Paris, BnF, lat. 2312 = Regius 3805, prov. Fleury

Tr212: Troyes, BM, 212 (12e s.), prov. Clairvaux

Hesychius1527: ed.: Isychii presbyteri Hierosolymorum in Leviticum libri septem ornatissimo viro domino Mathiae Saraecastro, officiali Trevirensi, Johannes Sichardus, Basilea apud And. Crabandrum, 1527 [de préférence à ]

>> Hesychius1618: Magna Bibliotheca Veterum Patrum, t. 7, Cologne, 1618

>> PG93: PG 93, 787-1180 (mendosa editio) << J.-P. Migne, Cursus theologicus Completus, t. 49, col. 343-733, (pagination différente de PG 93).

A. Vaccari, Esichio di Gerusalemme e il suo «Commentarius in Leviticum», Bessarione 22 (1918), p. 8-46 = Scritti di erudizione e di filologia, 1, Roma, 1952, p. 165-206;

Wenger1956: A. Wenger, Hésychius de Jérusalem. Le fragment grec du commentaire "In Leuiticum", in Revue des études augustiniennes, 2, 1956, p. 464-470, p. 464: «Le Commentaire in Leviticum est la traduction latine d’un original grec appartenant à Hésychius de Jérusalem»;

Albert Siegmund, Die Überlieferung der griechischen christlichen Literatur in der lateinischen Kirche, Munich, 1949, p. 87-88.

[MM2018.09.14]


Comment citer cette page ?
Martin Morard, Glossa ordinaria (Lv.) : status editionis in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2024. Consultation du 27/07/2024. (Permalink : https://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/page.php?id=104)