⇓Boulougne-sur-Mer, BM, ms. 24 : Glossa media in Paul. (Eph.) (12e 3/4)⇓
On trouvera ici quelques remarques justificatives en introduction à l’édition électronique de la Glossa media.
Pourquoi une édition dynamique ?
Collation de nouveaux témoins et correction du texte de base
Annotations marginales des manuscrits
Pourquoi une édition dynamique ?
La Glossa media est, comme son nom l’indique, un des chaînons manquants indispensables à la compréhension des relations philogiques entre deux autres piliers majeurs de la formation du clergé grégorien et de la culture religieuse fondamentales des siècles suivants : la Glossa parva dans sa version laonnoise, souche germinale de la glose sur les Psaumes et les épîtres de Paul, et leur déploiement faîtier dans la Glossa magna de Pierre Lombard.
Le commentaire de Gilbert de la Porrée sur les épîtres pauliniennes était demeuré inédit jusqu’à ce que Karlfried Froehlich (Princeton Theological Seminary) en entreprenne la transcription intégrale à partir du manuscrit 58 de la bibliothèque conventuelle de Zwettl en Autriche, copié par un copiste bourguignon travaillant pour le scriptorium de Zwettl.[1]
Cette transcription a fait l’objet d’une publication en format pdf libre de droits (https://www.corpuschristianorum.org/cccm), accompagnée d’une introduction substantielle : « Gilbert of Poitiers: Commentary on the Pauline Epistles Transcription of MS Zwettl 58. Introduction », p. i-xiii[2]. Cette initiative doit être considérée comme un événement majeur de l’histoire de l’exégèse médiévale des cent dernières années.
Une édition critique en bonne et due forme, avec établissement du texte et identification des sources anciennes et médiévales, ne peut être entreprise de manière en l’absence d’une édition de la Glosa parva et de la Glosa magna de Pierre Lombard. L’édition électronique dynamique se présente en conséquence comme le préalable nécessaire et adéquat à la préparation de ces éditions, dans le but d’agréger provisoirement les données utiles et de permettre la comparaison des corpus.
Un recensement complet des manuscrits, régulièrement enrichi et mis à jour, est disponible dans la base GLOSSEM (corpus : « glossa media » = > sélectionner tout).
Des renseignements codicologiques complémentaires sont accessibles en cliquant sur le lien associé à la cote des manuscrits (données externes au site) ou sur la note associée à la cote.
La transcription intégrale du commentaire de Gilbert de Poitiers procure un point de départ solide pour une édition électronique. Nous remercions chaleureusement le Professeur Froehlich d’avoir accepté de mettre son travail à disposition de le construction de cet instrument de travail.
Zwettl 58
Aux arguments présentés par K. Froehlich pour
justifier l’intérêt du manuscrit de Zwettl
on peut ajouter deux observations.
1° Les points d’insertion des lemmes attributifs de Zwettl semblent plus précis
que ceux d’autres manuscrits comme Cas235 Fi1633 P656 P12028.
Souvent placés en regard du début réel
des citations, ils constituent pour l’éditeur une indication très utile.
2° L’annotation marginale [r.] doit être lue recte. Elle correspond à des passages qui ont semblés problématiques pour le correcteur. Après vérification il a indiqué « recte » à l’intention d’autres lecteurs qui pourraient rencontrer la même difficulté. Voir par exemple notre édition de GME60.7.24.2 (Rm. 7, 24) dont la tradition est polluée par des sauts du même au même suscités par des répétitions pernicieuses.
De même GME62.3.2 (2Cor. 3, 2) : Paul écrit « omnibus hominibus », mais Gilbert de Poitiers omet hominibus. Le lecteur a vérifié sur l’exemplaire copié que hominibus y était bien absent.
La pratique correspond au souci d’exactitude des copistes cisterciens.
Malgré cette acribie, Zw58 ne s’impose pas comme un témoin privilégié. Il semble même assez isolé. Copié après la condamnation et la rétractation de Gilbert de la Porrée (1148), il révèle d’un moment tardif de la tradition du texte. Sa transcription a conservé jusqu’aux cacographies et même certaines erreurs qui auraient pu être signalées. Les collations effectuées sur d’autres manuscrits révèlent de nombreux écarts par rapport à la tradition majoritaire de la Glossa media[3]. Le copiste de Zwettl fait de lourds contresens et de nombreuses inversions de mots contredites par la tradition majoritaire. Le cas de Rm. 3:20 (GGP60.3.20-4) est particulièrement flagrant puisque le copiste arrive à faire dire au texte biblique le contraire de ce qu’il dit en accumulant 4 fautes en 3 lignes contredites par trois manuscrits contemporains ou plus anciens.
Ailleurs (GGP60.1.1-2), la collation de neuf témoins met en évidence trois groupes assez disparates, l’un de 6 manuscrits, l’autre de deux ; Zw58 fait bande à part avec une lectio facilior révélatrice d’un arrangement du texte ad modum recipientis.
Le manuscrit de St-Martial de Limoges (P656), malgré les imprécisions de sa description catalographique, est paléographiquement plus ancien et de meilleure qualité philologique que les « beaux » manuscrits cisterciens.
Il est évidemment prématuré de conclure. La collation des manuscrits doit se poursuivre.
Principes généraux
Les principes
éditoriaux adoptés pour l’édition électronique de la Glose ordinaire,
s’appliquent à toutes les éditions du site. Nous avons donc mis la transcription du ms. Zw58 aux normes des
éditions publiées sur Sacra Pagina en vue d’améliorer l’ergonomie de la
lecture, de permettre le référencement scientifiques des textes et leur
exploitation électronique. Cette évolution oblige à prendre plusieurs libertés
par rapport à la transcription originale et aux options éditoriales dont
Karlfried Froehlich rend compte dans son introduction. Nous nous écartons donc
de ses choix sur les points suivants :
1° la mise en évidence du texte biblique
2°
l’identification des sources
3° l’habillage du texte
4° le renforcement et l’élargissement de l’assise critique du texte de Zw58 par
la collation de nouveaux témoins.
L’édition électronique suit ici librement les principes de l’école française de philologie historique, représentée par la tradition de l’Ecole nationale des chartes, et ce que nous avons appris de nos maîtres et amis de la Commission léonine des éditeurs de saint Thomas d’Aquin[4].
Rien ne saurait être préféré à la production de données établies de manière critique et à leur analyse méthodique. Le but d’une édition scientifique est de mettre le texte à portée de lecture, en s’appuyant sur les artifices techniques de notre temps, en rendant compte des différences entre les témoins, en prenant aussi la responsabilité de faire le départ entre le signifiant et l’insignifiant, l’essentiel et l’accessoire, maniant d’une main le scrupule qui oblige (et entrave aussi) et de l’autre l’expérience qui libère. Dans cette perspective, le respect strict de la disposition du manuscrit de base, de ses graphies et particularités d’exemplaire ne s’impose que comme un moment du processus éditorial. Il ne semble pas opportun de canoniser ces éléments, sous peine de fausser la compréhension du texte et de son histoire. Cependant, nous n’avons rien voulu perdre des détails minutieusement relevés dans l’établissement du texte de base.
Le texte biblique
- L’édition d’un commentaire ne peut se passer d’une attention particulière au texte commenté. Dans les livres glosés en particulier, il convient de distinguer l’édition du texte commenté qui est un objectif à part, de l’édition des éléments du texte commenté intégrés
dans le commentaire proprement dit. Eux-seuls sont susceptible d’alimenter la reconstitution philologique du texte biblique commenté par l’auteur.
- Les trois quart des témoins de la Glossa media (58/78) adoptent une mise en page glosée. Le texte intégral des épîtres pauliniennes qui y figure relève de l’histoire de la Vulgate latine au 12e siècle. Il devra faire l’objet d’une étude philologique propre. Seuls les lemmes commentés cités au fil du commentaire appartiennent au commentaire original et peuvent permettre de reconstituer le texte biblique utilisé par Gilbert de Poitiers. Sans prétendre anticiper les résultats d’une future édition critique, on constate, à partir du manuscrit de Zwettl, que Gilbert s’appuye sur un texte biblique du corpus paulinien plus proche du texte critique de la Vulgate hiéronymienne que le texte parisien et ses versions tardives qui s’imposeront aux siècles suivants.
- La numérotation moderne usuelle des chapitres et de versets de la Vulgate (editio minor) forme la clé primaire qui structure tous les textes publiés sur le site. Elle permet l’affichage synoptique du texte de la Biblia communis (Vulgate du Moyen Âge tardif) qui est associé à tous les commentaires bibliques de l’édition électronique. Elle s’impose donc comme une condition sine qua non. Le fait que les manuscrits et les usages médiévaux aient été différents ne la rend que plus nécessaire pour l’historien moderne. Les divisions en chapitres des manuscrits sont signalées dans les apparats et introductions.
- La mise en évidence des lemmes bibliques commentés qu’avait omise la transcription initiale est la condition sine qua non de la compréhension du commentaire porrétain. Ce travail encore inachevé est absolument indispensable à la compréhension de la méthode du commentaire biblique médiéval. Nous ne faisons par là que reproduire les soulignements observés par la quasi totalité des copistes médiévaux. Bien évidemment, il n’y a pas lieu de rendre compte des oublis ou erreurs des copistes en la matière. Nous avons donc mis en petites capitales, conformément à l’usage moderne, les mots repris littéralement du Texte biblique commenté ou supposés l’être. Les « aliae litterae » signalées par le commentateur ont reçu le même traitement puisqu’elles ont aussi le statut de texte commenté.
-
K. Froehlich a relevé 27 numéros de
chapitres bibliques que le copiste du ms. Zw58 a noté dans les marges du texte
biblique ajouté du manuscrit de Zwettl (et non dans la marge du commentaire de
Gilbert de Poitiers). Je les ai donc rejetés en note sous le forme
Hic incipit capitulum N : + [•N•]
marg.
Zw58. Cette capitulation
moderne ajoutée est l’indice d’une utilisation assez tardive de la Glosa media
qui, originellement, ne comportait pas de numérotation de chapitres[5].
- Conformément à la charte éditoriale de Sacra Pagina, les leçons du lemme intégral des manucrits glosés seront signalées dans l’apparat de l’édition de la Biblia communis. Les leçons variantes des lemmes cités par Gilbert de Poitiers sont également signalées dans l’apparat du commentaire.
Les sources
- mise en évidence des reprises littérales de la Glose ordinaire : selon la méthode appliquée pour l’édition critique des sources de la Catena aurea, dans le texte même de l’édition de la Glossa media et de la Glossa magna, nous mettons en évidence en gras les termes repris à la lettre de la Glossa parva. Toutefois comme aucune de ces trois gloses ne peut être éditée critiquement sans référence aux deux autres – en ce qui concerne les sources tout au moins – on aura conscience que ce travail n’est pour l’instant que provisoire. Lorsque des correspondances ont été ponctuellement notées il nous a semblé utile d’en conserver la trace. Il sera prudent de considérer que cet élément de l’habillage du texte édité est semper reformandus ;
- mise entre guillemets des citations bibliques illustratives ;
- identification des références bibliques ;
- identification des sources patristiques.
Collation de nouveaux témoins et correction du texte de base
La transcription de Zw58 est ponctuellement complétée par des
sondages partiels, en attendant des collations systématiques entreprises dans
la perspective d’une édition critique. Nous nous sommes parfois permis de nous
écarter du texte de base lorsque le sens, le latin, la source identifiée, l’accord
de plusieurs autres témoins le demandent.
Principaux témoins cités :
Pour l’identification des sigles et des abréviations, se reporter à l’onglet INSTRUMENTA du site : Abreviationes in apparatu critico
* après l’appel de note signale une leçon différente du texte de base
* après un sigle de manuscrit indique une leçon de première main ;
² après un sigle de manuscrit indique une leçon corrigée dans le manuscrit.
· Zw58 : Zwettl, Zisterzienserstift, Cod. 58, 200 f. 329x228/232mm Zwettl s12 ¾ : cité d’après l’édition de Karlfried Froehlich 2022.
· Cas235 : Monte Cassino, cod. 235 : prologue, collationes partielles signalées dans l’apparat
· Fi1633 : idem
· Leip427 : 1Cor. d’après Landgraf, voir infra : « Tradition indirecte »
· P2580 : idem
· Tr2266
· Hrv277
· P2581 : idem
· P12028 : idem
· P14441 : idem
· Tr2266 : idem
· Ed1957 : M. Simon , « La glose de l’épître aux Romains de Gilbert de la Porrée », Revue d’histoire ecclésiastique, 52 (1957), p. 51-81 (transcription du ms. London, BL, Add. 11853, f. 3 r--50r.
· Ed1969 : In Rm. 13, 1-7 ed. Werner Affeldt, Die weltliche Gewalt in der Paulus-Exegese, Göttingen, 1969, p. 292-294 (ex P2580 P2581 P12028 P14441)
Plusieurs de ces opérations sont en cours et demanderont un temps considérable. Nous remercions les lecteurs pour leur patience.
Tradition indirecte
Nous signalons pour mémoire trois commentaires qui relèvent de la tradition indirecte de la Glossa media sur le corpus paulinien.
· Ars1116 = Glossa media (1Cor.) Paris, BnF, lat. 1116, f. 57 v-79v, éd. par A. M. Landgraf, Commentarius Porretanus In Primam epistolam ad Corinthios, Città del Vaticano, 1945 (Studi e testi 117), ), avec indication des leçons de Leip427 (sigle L = Sacra Pagina Leip427) Ce commentaire suit Gilbert sur les questions de l’efficacité du baptême, du mérite et de la transubstantiation, mais non sur la théologie trinitaire. - J’ai intégré les collations des ms. Paris, Arsenal, 1116 (Ars1116) et Leipzig, lat. 427 (Leip417) d’après l’édition Landgraf. Voir aussi A. Landgraf, Nene Funde zur Porretanerschule. Collectanea Franciscana. 6. Assisi (1936) 353-365.
Paris, Bibl. Nat., lat. 686, f. 33 sqq.
Boulogne-sur-mer, BM, ms. 24, f. 136v-210v36.
Annotations marginales des manuscrits
Les annotations marginales qui font partie de la spécificité codicologique de la Glossa media.
Seuls les lemmes attributifs ont vocation à figurer dans le texte. Ils seront positionnées dans le texte en regard du lieu d’insertion demandé par l’indentification réelle des sources. Le « Nota », « Intellege » et les autres manchettes sont reportées en apparat et signalés par un appel de note. Il faudra attendre une analyse stemmatologique pour décider lesquels appartiennent au projet initial du commentaire et doivent être insérés dans le texte édité[6].
Les annotations qui relèvent des particularités d’exemplaire sont reportées en note. La syntaxe de la note indiquera entre parenthèses le ou les mots les plus proches sur de la ligne en regard de laquelle ils se trouvent (donc dans les marges intérieures les mots indiqués sont ceux de la fin de la ligne et dans les colonnes extérieures les mots du début de la ligne). Le numéro de la ligne relevé parfois par K . F. n’est pas signifiant pour le lecteur qui n’a pas accès au manuscrit. Nous ne sommes pas convaincu de leur intérêt général. Ces manchettes secondaires devront faire l'objet d'un choix et d'une analyse récapitulative dans les introductions.
Nous reportons en apparat les chiffres romains qui, dans la transcription publiée par K. Froehlich, désignent le début des chapitres de la Bible signalés dans les marges extérieures de Zw58, comme cela s’observe dans plusieurs autres témoins. K. Froehlich les transcrits ainsi : [•V•] [•C•]? [•X•] [•II•] [•III•][•IIII•] en les insérant dans le texte du commentaire. Cette disposition pourrait prêter à confusion. Dans les manuscrits glosés avec Texte en colonne synoptique, les numéros de chapitres marginaux concernent en réalité le texte biblique ajouté dans la colonne interne, le long de l’axe central de l’aperture. Même s’ils sont copiés dans la marge extérieure des feuillets le long du commentaire, ils renvoient en réalité au Texte de la marge interne. L’insertion de ces numéros au milieu du commentaire n’a ni sens ni utilité. Si les mots du Texte biblique ne sont pas indiqués, cela donne l’impression que les chapitres concernent le commentaire qui aurait suivi une division en chapitres propre ou erratique par rapport aux divisions de la Bible latine en usage[7]. On ne peut pas exclure que le copiste ait reporté l’emplacement des numéros de chapitres de son modèle, mais dans tous les cas cette division ne concerne pas le commentaire lui-même.
Habillage du texte
L’habillage général relève de la responsabilité de chaque éditeur et des objectifs de chaque projet éditorial. Sont concernés en particulier:
- les titres qui structurent l’édition électronique sont des titres uniformes ajoutés par l’éditeur. Pour des raisons techniques il n’a pas été possible de recourir, au niveau des titres, à la signalétique classique par chevrons (< >) ni d’introduire des notes dans les titres. Des notes d’apparats y surseoient.
- la division du texte en sentences ou unités de sens ;
- la latinisation et la transformation en notes d’apparat critique des particularités d’exemplaires jusqu’ici insérées directement dans le texte de la transcription ;
- la restitution de la distinction des v et des u, des c et des t que la transcription du texte de base avait cru utile de conserver (astucia, efficatiet, senciet, etc.). Seuls sont signalés les cas où la graphie médiévale implique une possible équivocité.
- l’uniformisation muette des graphies (dans certains cas seulement, les graphies de Zw58 sont signalées en apparat ; graphies corrigées, v. g. : conexio, sydus, paradysus, cottidianus, charisma etc. ). Nous avons longuement rendu compte de cette normalisation des graphies dans la ratio editionis générale.
- la ponctuation et l’ajout de majuscules aux noms de lieux et de personnes ;
- l’encodage spécifique des lemmes attributifs ou références nominales aux sources patristiques citées ;
- la suppressions des pieds-de mouche ou marques de paragraphes non signifiantes: cette signalétique est très instable dans la tradition manuscrite ; sa signification et son statut diffère d’un manuscrit à l’autre ; son relevé systématique ne semble pas s’imposer à l’échelle d’une édition critique.
- l’abandon de la référence à la pagination de la transcription en format pdf ; j’ai conservé pour l’instant les références à la foliotation du manuscrit de base, même s’il est exclu de reporter dans l’éditions les changements de feuillets de tous les manuscrits collationnés. Les hyperliens intégrés dans le sigle des manuscrits au niveau des notes de déclaration de témoins en tiennent lieu pour les manuscrits disponibles en ligne.
- il est prévu d’insérer en outre au début de chaque unité textuelle des identifiants uniques stabilisés en vue de l’association d’url pérennes à chaque paragraphe du corpus. Il sera donc possible à terme d’utiliser ces numéros pour citer la Glossa media de manière stable. L’identifiant est composé des initiales du corpus (ME = Glossa Media), du chiffre associé à chaque livre de la Bible (v. g. 73 = épître aux Hébreux, voir sigles des livres de la Bible), des numéros de chapitre et de verset bibliques et, le cas échéant d’un numéro de sentence : ME60.2.3S3
En rouge grenat : expressions reprises du passage parallèle de la Glose ordinaire
Lemmes
attributifs :
Le point d’insertion des
lemmes attributifs positionnés dans les marges des manuscrits varie parfois
d’un manuscrit à l’autre. Seule l’identification précise des sources permet de
les fixer. Dans l’attente de ce travail, nous avons déplacé certains les lemmes
attributifs de l’édition diplomatique de Zw58 au début de la phrase ou du
paragraphe concernés, et précisé en apparat le sigles des manuscrits où ce
lemme figure. Il semble que les lemmes attributifs de Fi1633 soient plus
précis que ceux de Zw58 : Dans le manuscrit de Florence, les lemmes
sont en regard de la ligne où commence la citation, tandis que l’édition Froehlich
donne parfois l’impression que les lemmes de Zw58 seraient
positionnés en regard de la ligne qui termine la citation.
D’un point de vue stratégique, il sera plus opportun d’identifier les sources
de la Glossa media en parallèle avec celles de la Glossa magna à
partir de la version d’Herbert de Bosham. Les signes diacritiques d’Herbert
sont généralement d’une grande précision et permettent de surseoir aux
approximations ‘à la bonne française’ du paratexte des manuscrits de Gilbert de
la Porrée, même lorsqu’ils sont copiés en milieu germanique. L’utilité du
paratexte de la Grande Glose s’avère d’autant plus grande que, lorsque la
sentence à identifier est compilée à partir de plusieurs oeuvres (par exemple
dans la Glossa media « Augustinus, Hieronymus, Ambrosius » à la suite
l’un de l’autre), Pierre Lombard indique précisément où commence et se termine
la citation de chacun des trois auteurs. On observe ainsi que la source des
sentences médiévales est plus souvent à chercher dans les traités augustiniens
que dans la prédication d’Augustin qui relaie pourtant maintes fois sous forme
de propositions concises, proches du genre des sentences médiévales, la
substance de ses propres écrits doctrinaux. Les glossateurs médiévaux ne
semblent pas avoir exploité prioritairement cette partie du corpus augustinien
(les sermons). L’expérience montrera si cette impression est exacte.
[1] Pour la datation et la question de l’origine graphique du manuscrit, voir Charlotte Ziegler, Zisterzienserstift Zwettl. Katalog der Handschriften des Mittelalters, Teil I: Codex 1-100, Wien-München: Verlag Anton Schroll, 1992, p. XVI, XX-XXII, 114-115 (Scriptorium ordinis Cisterciensium) et la synthèse de K. Froehlich, infra laud., p. vi.
[2] https://www.corpuschristianorum.org/_files/ugd/1f8084_08c63f12bf9145a0adb4d15b4d998fec.pdf (2021)
[3] La qualité esthétique et l’ornementation comme éléments de repérage de la qualité philologique des témoins sont souvent pris en défaut.
[4] Cf. Pascale Bourgain et Françoise Vieillard, Conseils pour l'édition des textes médiévaux, 3 vol., Ecole nationale des chartes, Paris, 2002.
[5] Sur la question, voir Martin Morard, BIBLIAE CAPITULA. Incipits et numérotations des chapitres dans les bibles latines du Moyen Âge tardif in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2024. (Permalink : https://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/instrumenta.php?id=184)
[6] Sur les manchettes de la Glossa media, cf. Vincenzo Miano, II commento aile Lettere di S. Paolo di Gilberto Porretano. Scholastica ratione historico-critica instauranda, Roma, 1951, p. 171-199 (à partir des manuscrits parisien, BnF, lat. 311, 656, 2580, 2581, 12028, 12029.
[7] Cf. D. De Bruyne, Sommaires et divisions de la Bible latine, Namur, 1914 ; voir aussi quelques relevés complémentaires dans M. Morard, Incipits et numérotations des chapitres dans les bibles latines du Moyen Âge tardif in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2024. (Permalink : https://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/instrumenta.php?id=184)