page créée par Martin Morard le 20.6.2022, mise à jour le 28.5.2023 (version 3)
Martin Morard, coll. Wojciech Daran, ed., Gilberti Pictaviensis glossa media in Psalmos (excerpta), Paris, Gloss-e, 2021-2023.
Edition critique en préparation par Theresa Gross-Diaz. Cf. Gross-Diaz (Theresa), From Lectio divina to the Lecture Room : the Psalms Commentary of Gilbert of Poitiers, Leiden – New York – Cologne, Brill, 1995.
La Glosa media de Gilbert de la Porrée, datée entre 1115 et 1142 environ, serait le premier commentaire scolastique des Psaumes qui se signale par une approche analytique et théologique[1][1]. Cette antériorité doit être relativisée. Les commentaires de la période[2] munis de prologues ne sont ni moins analytiques, ni moins théologiques. Par son contenu et sa mise en page, le prologue de Gilbert de Poitiers annonce celui de la Grande Glose de Pierre Lombard qui en assimilera certaines parties essentielles et le supplantera rapidement dans l’enseignement.
Afin de faciliter l’identification en ligne des manuscrits, en attendant l’édition critique que prépare Thérésa Gross-Diaz, et sans avoir aucunement l’intention d’empiéter sur ses travaux, il nous a paru utile d’alimenter le potentiel de recherches croisées du site Sacra Pagina en mettant provisoirement en ligne les textes dont nous disposions déjà, complétés par quelques sondages et collations partielles faites à partir de manuscrits ordinaires, mais plus anciens que ceux qu’avait utilisés jadis Maria Fontana.
Le prologue Christus integer, qui introduit le Psautier, appartient au type «Hunt C» de deuxième génération: remplacement de l’utilitas par l’intention, absence de discussion du statut épistémologique du Psautier, intégration de l’explication de l’auteur dans l’explication du titre.
Maria Fontana a publié le prologue du commentaire des Psaumes de Gilbert de Poitiers ainsi que son commentaire des trois premiers Psaumes[3]. Elle avait établi son édition sur deux manuscrits copiés vers le début du xiiie siècle (M97 Va89)[4]. Cette édition est aujourd’hui difficile à trouver. De plus, le recensement des manuscrits de la Glossa media (plus de 75 unités) relativise l’importance des témoins retenus par Fontana.
La collation du prologue, entreprise à l’occasion de travaux académiques anciens, met en évidence la parenté de P16292 avec Va89. Leurs variantes paraissent plus cohérentes que celles de M97 qui sert de repère à Maria Fontana. Malgré l’étroitesse de la base documentaire examinée, cette mise à jour contribuera à assouplir notre conception du texte porrétain en signalant quelques-uns de ses principaux points variants.
On trouvera également ici les variantes d’un fragment des deux derniers paragraphes de cette préface, copiés sur les parties vierges du premier feuillet du psautier glosé P14402, provenant de St–Victor de Paris. Le volume, de la fin du xiie siècle pour le texte biblique et les gloses d’origine qui l’accompagnent, fut jadis enchaîné et conserve sa reliure du xive siècle. On sait qu’il a appartenu à un certain maître Adam[5]. Le psautier glosé est précédé du texte des règles de Ticonius dans une écriture de la fin du xiie siècle, homogène avec le reste du manuscrit. Les fragments de Gilbert de la Porrée que nous éditons ont été copiés à une date ultérieure[6] sur les parties restée vierges de ce cahier, sans identification d’auteur, et pêle–mêle avec d’autres adages et commentaires. Ces sentences et membra disiecta donnent un aperçu de la version de la Glosa media en usage au scriptorium de St–Victor au xiiie siècle, proche du texte de l’édition Fontana; ils illustrent une réception ouverte et compilatoire du patrimoine des commentaires bibliques en circulation.
Glossa media in Ps. : Inc. prol. « Christus integer... »
Plan:
Matière : 1
Mode : 2-3
Intention : 4
Titre: 5 Liber hymnorum
Auteur:
De la prophétie : 6.1-2 vel soliloquiorum
Excellence prophétique de David : 6.3 prophete de Christo
Nom du livre 7
Signification du nom 8
Nombre des psaumes et nombre d’unités textuelles mineures 9
Unité du livre et nombre d’unités textuelles majeures 10
Codd. :
Pour un census des manuscrits de la Glossa media qui tend à l’exhaustivité, cf. gloss-e.irht.cnrs.fr/ base GLOSSEM. Nous avons collationné le prologue des manuscrits suivants :
Bg47 f. 1va–2ra, 1150–1200 c.
Lis58
M97 : d’après Ed²
P11 : d’après Ed, vérifié sur original
P14402 (fragments) f. 3ra = n° 6 infra (Hebraice… tangentes), précédé des n° 7-8 (f. 1ra-3ra).
P16292 f. 4ra-4va
Tr815 : Troyes, BM, ms. 815 : Glossa media in Ps. (12e 1/2)
Va89 : vérifié sur l’original, collationné par Ed²,
Ed : De Bruyne, Préfaces, Ps. n° 77 à partir de Ars4 et P11 (collationné § 5.1.2 5.1.3)
Ed² :M. Fontana ed., «Il commento ai Salmi di Gilberto Della Porrée», 1930 à partir de M97 et Va89
Ed² Bg47 Li58 écrivent toujours: Abraham, archa. La ponctuation est de nous.
J’ajoute au texte de Gilbert l’édition des prologues de trois commentaires inédits de la Media Glossatura.
Val42 : inc. « Incipiunt glose super Psalterium »
Val42 : Vallenciennes, BM, ms. 42
Ed2008 : Une première version de l’édition de ces prologues a été procurée dans notre thèse de doctorat M. Morard, La Harpe des clercs, Paris IV-Sorbonne, 2008, t. 3, Corpus prologuorum, p. 2106-2109 (sigle V42).
Nicolas d’Amiens in Ps. : inc. « Ad intelligendum huius propositi videndum »
Ottob863 : BAV, Ottob. 863, f. 1ra-3vb, France, s. 12 ¾
Ed2008 : Une première version de l’édition de ces prologues a été procurée dans notre thèse de doctorat M. Morard, La Harpe des clercs, Paris IV-Sorbonne, 2008, t. 3, Corpus prologuorum, p. 2110-2117.
Ars487 : inc. « Dicit beatus Hieronymus titulum »
Ars497 : Paris, Arsenal, ms. 497, f. 2ra-rb, s<. 12 2/3
Ed2008 : Une première version de l’édition de ces prologues a été procurée dans notre thèse de doctorat M. Morard, La Harpe des clercs, Paris IV-Sorbonne, 2008, t. 3, Corpus prologuorum, p. 2118-2120.
Ed2008 : Une première version de l’édition de ce prologue a été procurée dans notre thèse de doctorat M. Morard, La Harpe des clercs, Paris IV-Sorbonne, 2008, t. 3, Corpus prologuorum, p. 2102-2105.
Codes couleurs de l’édition :
En rouge: parallèles littéraux avec la Glossa magna
En noir : parallèles littéraux avec la Glossa media
[1][1] Cf. M. Colish, «Psalterium Scholasticorum», 1992, p. 537-538 et surtout Th. Gross-Diaz, From Lectio divina to the Lecture Room, 1995.
[2][2] Voir M. Morard, La Harpe des clercs, Paris IV-Sorbonne, 2008, Corpus prologuorum, pars B.
[3] M. Fontana, «Il commento ai Salmi du G. della Porrée», 1930, 283-301.
[4] M97 f. 1-112 (cf. N. M. Häring, «Handschriftliches zu den Werken Gilberts…», 167, n°77; Th. Gross-Diaz, , From Lectio divina to the Lecture Room, 1995, p. 166); Va89, f. 1-127 (Häring, ibid., 188, n° 170; Th. Gross-Diaz, From Lectio divina to the Lecture Room, 1995, p. 176).
[5] «Liber magistri Ade» (P2 f. 5v)
[6] On notera cependant la graphie de l’abréviation de la conjonction et pour laquelle le scribe a préféré au signe tironien classique une forme inspirée du et en ligatures de la minuscule caroline.