Des canons d’Eusèbe aux capitulations langtoniennes : la table de concordance des évangiles de Nicolas de Lyre

page créée par Martin Morard le 4.7.2023, mise à jour le 14.10.2024 (version 7)

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En bref : Édition critique du prologue et de la "table de concordance des évangiles" de Nicolas de Lyre, demeurée jusqu'ici inédite. Le Repertorium biblicum de Stegmüller n'en connaissait qu'un manuscrit. Le recensement en cours en a déjà retrouvés 18 autres. Cet instrument aussi simple que pratique, réduit les 10 tables des canons d'Eusèbe de Césarée à quatre tableaux synoptiques (un par évangile) qui indiquent, pour chaque péricope numérotée des anciens canons d'Eusèbe, la référence biblique correspondante et les lieux parallèles des trois autres évangiles. La Table utilise le système alphanumérique des références bibliques parisiennes mis au point au 13e siècle pour les concordances verbales de la Bible. - L'introduction  
- situe le document édité dans l'histoire de la comparaison synoptique des évangiles,       
- explique les raisons de l'obsolescence des canons d'Eusèbe, l'originalité et le fonctionnement de la Table de Nicolas de Lyre,
- présente la tradition du texte et les principes retenus pour l'édition électronique.

=> Introduction   
=> Edition du prologue    
=> Edition de la Table

Lire le prologue de Nicolas de Lyre

Le phénomène synoptique. 5

Un rappel : les canons d’Eusèbe de Césarée. 6

Authenticité. 7

Fins et fonctions de la Table de Nicolas de Lyre. 8

La tradition du texte. 9

L’édition électronique. 10

 

Le phénomène synoptique

1.      L’analyse synoptique ou comparaison des lieux parallèles de la Bible est le socle de toute démarche herméneutique chrétienne. A fortiori, la comparaison synoptique des évangiles est le point de départ de tous les commentaires évangéliques, lemmatiques ou homilétiques. En Occident, le De consensu evangelisatarum de saint Augustin fait à cet égard figure de modèle.

2.      Chacun des quatre évangiles comporte des passages qui rapportent des faits ou des discours similaires, sous des formes littéraires différentes. De tout temps ce constat a été compris par les uns comme une force, par les autres comme une faiblesse concernant l’historicité des évangiles et donc leur véracité. Par conséquent, depuis le 2e siècle, toute exégèse des évangiles part systématiquement de la discussion du phénomène synoptique. A cette fin, l’intelligence humaine a, de manière quasi logique et spontanée, élaboré des instruments qui classent les passages des évangiles en fonction de leur taux de répétition : certains se trouvent dans les quatre évangiles, d’autres dans trois, d’autres dans deux, d’autres passages enfin sont propres à chaque évangile. En raison des contraintes de la copie manuelle, et surtout de la difficulté de l’exercice lui-même, il a fallu attendre l’invention de l’imprimerie et l’exégèse critique moderne pour qu’apparaisse des exemplaires polyptiques qui mettent en regard sur plusieurs colonnes les passages parallèles des évangiles. En revanche, depuis le Diatessaron de Tatien jusqu’à l’Histoire scolastique de Pierre le Mangeur, en passant par le De quatuor in quibus de Zacharias Chrysopolitanus, plusieurs auteurs ont cherché à recomposer les quatre évangiles en un récit unique. L’exégèse scolaire, l’exégèse des frères mendiants surtout, est cependant demeurée réservée à l’égard de ces reconstitutions fictives. Les maîtres parisiens, tout en jugeant l’Histoire scolastique utile pour structurer la lecture historique des évangiles, sont restés fidèles à la lecture continue et comparée du texte authentique des évangiles.

3.      Cependant le succès de la Bible des libraires de Paris posait un problème technique puisqu’il avait remplacé les capitulations eusébiennes par les capitulations parisiennes (ou capitulations langtoniennes améliorées). Les capitulations et les concordances verbales parisiennes ne remplacent pas en effet les canons d’Eusèbe qui associent non des mots mais des récits et des discours en fonction de concordances sémantiques et littéraires plus que lexicales.

4.      En amont et en aval du grand succès des bibles à la mode de Paris, plusieurs maîtres de l’exégèse scolaire érudite ont cherché à revaloriser l’usage des canons d’Eusèbe. En amont, le Tractatus de concordia et dispensatione canonum evangeliorum de Senatus de Worcester (RB-7495) introduit à une version anglaise de la Glose ordinaire sur les évangiles. En aval, Nicolas de Lyre met au point la concordance géniale que nous éditions ici dont l’intérêt est de simplifier la consultation des canons d’Eusèbe et de les rendre compatibles avec la capitulation parisienne devenue universelle.

Un rappel : les canons d’Eusèbe de Césarée

 

5.      La fonction des canons eusébiens est de permettre de repérer les principaux parallèles textuels qui existent dans chacun des quatre évangiles, principalement les trois évangiles dit synoptiques de Matthieu, Marc et Luc, mais aussi entre chacun de ceux-ci et l'évangile de Jean.

6.      Le système implique la présence simulténée de trois paramètres textuels et paratextuels: 1° la table liminaire de 10 canons ou tableaux ; 2° le texte complet des quatre évangiles ; 3° dans la marge de celui-ci la numérotation des péricopes et l'indication du numéro de la table liminaire auquel il faut se reporter pour connaître le numéro des péricopes correspondantes dans les autres évangiles. Par exemple : II/CXXXI.

7.      Chaque passage est identifiable par un double numéro: l'un correspond au tableau ou canon de la table liminaire, l'autre à la péricope.

8.      La fin des passages pour lesquels un parallèle existe n'est jamais indiquée.

9.      Les éventuels parallèles à l'intérieur d'un même évangile ne sont pas recensés. Eusèbe a omis de signaler certains parallèles. Certaines versions de la Table ont donc cherché à la compléter. Les numéros en chiffres romains font l'objet de nombreuses erreurs. Les copistes ont parfois négligé le canon 10 qui recense les passages propres à chaque évangile.

10.  Pour que les canons soient utilisables les marges du texte évangélique associé doit comporter, en regard des passages concernés, 1° le numéro de la table et 2° le numéro de la section ou péricope concernées.

11.  Autrement dit, l'utilisation des canons d'Eusèbe se fait toujours en partant de la lecture du texte évangélique. ar exemple, en Mt. 13, 1-23 (parabole du semeur) on lit en marge  : II/CXXXI. Il faut alors se reporter au tableau 2, à la ligne commençant par 131. On y lira dans la colonne de Marc le chiffre 36 et dans la colonne consacrée à Luc le chiffre 76 qui renvoient chacun à la péricope de ces évangiles introduite par ces numéros, soit, selon la capitulation moderne, Mc. 4, 1-20 et Lc. 8, 4-15.

12.  Le système d’Eusèbe a été éclipsé par l’adoption des capitulations parisiennes à partir des années 12220-1230. Cependant, un siècle plus tard, Nicolas de Lyre rédige sa Tabula concordantiarum evangeliorum dont la préface reprend une partie des donnée du Traité de Richard de Worcester qu’il a peut-être consulté à Saint-Martin des Champs.

13.  A vrai dire, les canons d’Eusèbes ne remplissent pas la même fonction que les concordances verbales de St-Jacques. Les deux instruments sont complémentaires. Les canons d’Eusèbe situent le parallèle au niveau du récit et du signifié mais leur usage reste complexe et l’adoption de la capitulation parisienne les a rendus caduques dès 1230. Plus fonctionnelles, les concordances verbales visent une granularité trop fine pour faire ressortir les parallélismes structurels.

14.  Nicolas de Lyre comme Richard de Worcester déplore la corruption et la confusion de la tradition manuscrite des canons d’Eusèbe. Richard, avec raison, fait l’éloge de leur utilité. Peut-être a-t-il eu connaissance des concordances verbales dont la longue période d’élaboration parisienne ne pouvait pas être passée inaperçue. Nicolas de Lyre introduit son travail par une position qui confirme son origine normande (§ 5): les canons sont peu utiles (au sens d’usage peu commode et d’accès mal aisé) pour les étudiants parce qu’ils ne sont plus reproduits que dans quelques bibles où ils sont emmêlés (intricati). Néanmoins, conscient de leur utilité exégétique qu’il n’explicite pas, il en propose une version adaptée aux capitulations parisiennes.

Authenticité

15.  La «concordance des évangiles» de Nicolas de Lyre est parfois classée parmi les «oeuvres douteuses » du maître franciscain[1]. Elle lui est pourtant expressément attribuée, que la table fasse partie de la postille ou qu’elle circule à part. Le souci de l’ergonomie et du confort des étudiants, évoqués dans la préface, est assez caractéristique de la manière de Nicolas, déjà relevée par ailleurs[2], pour qu’il n’y ait pas de raison de douter de son auteur. Elle aurait été mise au point vers 1329[3], sous sa direction, sinon par sa seule industrie, pour faciliter la comparaisons de passages synoptiques ou des parallèles qui existent entre les quatre évangiles.

16.  Plusieurs de ses témoins les plus anciens sont potentiellement contemporains de Nicolas de Lyre Re494 Mz159 Clv267

17.  . Sa diffusion relativement rare tient à plusieurs facteurs  1° la complexité technique de sa copie, comme en avertit le prologue ; 2° le table ne semble pas faire partie de la recension des postilles diffusée par exemplar ; 3° il s’agit d’une unité textuelle annexe à la postille ; elle n’est pas nécessaire à sa lecture ; sa copie était donc optionnelle, laissée au libre choix des commanditaires ; 4° elle a été mise au point à l’usage personnel de Nicolas pour l’aider dans la préparation de son commentaire des évangiles : l’idée de la diffuser est sans doute intervenue tardivement. Le fait qu’elle ait éventuellement été diffusée après la mort de Nicolas n’enlève rien à son authenticité. Répétons-le : il s’agit d’un matériau optionnel, à disposition des copistes.

Fins et fonctions de la Table de Nicolas de Lyre

18.  La table offre un intéressant témoignage de la transition qui s’est opérée  entre l’ancien système de capitulation des évangiles propre aux tables de concordances d’Eusèbe, et les capitulations, adoptées sous l’influence d’Etienne Langton par les « bibles modernes » relayées par les libraires de Paris et les bibles diffusées par leur industrie au cours du 13e siècle. Dans le second quart du 14e siècle, la nouvelle capitulation était adoptée depuis longtemps. Toutefois, l’instrument d’analyse de la littérature synoptique formé par les dix tables ou canons d’Eusèbe n’était pas  pour autant tombé en désuétude. Ceci oblige à relativiser et le succès des bibles portatives et leur aptitude à satisfaire les besoins de l’étude scolaire de la Bible.

19.  La table de Nicolas de Lyre établit donc la correspondance entre trois des systèmes de références bibliques en usage à la fin du Moyen Âge :   
1° depuis le 4e siècle jusqu’au 13e siècle, des capitulations correspondant aux tables des canons d'Eusèbe, sont signalées dans les marges du texte biblique des évangiles (glosés ou non) de  certains manuscrits. Bien que de maniement difficile et partiellement remplacé par d’autres systèmes de référence, les canons d’Eusèbe et les manuscrits qui y renvoient étaient encore en usage aux 14e et 15e siècles de façon suffisamment significative pour que Nicolas de Lyre et ses lecteurs aient jugé utile d’élaborer et de diffuser un instrument permettant d’en faciliter l’exploitation  :        
- Exemple de référence selon le système eusèbien : Mt. XXXII / III [Mt. cap. 23 de la table 3]      
2° les capitulations langtoniennes adoptées par les bibles des libraires de Paris et généralisées progressivement au cours du 13e siècle :    
- Exemple de référence selon le système langtonien : Matthei 23 [Mt. 23]  
3° la division heptatome alphabétique des concordances bibliques dominicaines : - - Exemple de référence selon le système dominicain : Mathei 26.f. [Mt., 6e partie du chapitre 26 qui compte N paragraphes ou lignes    ; donc le passage cité se situe à peu près au niveau de N/7 fois 6]   
Ces lettres ne figurent jamais dans les marges des bibles, sinon dans des exemplaires isolés où elles ont été ajoutées à la suite d’initiatives individuelles. Comme les chapitres de la Bible ont tous une longueur inégale, ces lettres sont des repères mentaux qui indiquent une partition virtuelle, toujours approximative, différente d’un chapitre à l’autre, à effectuer en divisant  le chapitre biblique indiqué en sept parties égales pour repérer l’expression recherchée.       
Nicolas de Lyre établit une correspondance entre les premiers mots de chaque capitulation eusébienne avec les références du système des concordances dominicaines. Ce faisant, sa concordance relève d’une tentative quasi unique de fixation de la division heptatome alphabétique. Elle n’est cependant pas systématique puisque les passages qui n’ont pas d’équivalent synoptique ne sont pas référencés par subdivision alphabétique.

20.  Exemple récapitulatif :  
=> Eusèbe :                                      Mt. CCCVIIII/VI           
=>
Concordances dominicaines :       Mt. 26g      
=>
Références modernes :                 Mt. 26:60b ; « b » correspond ici au deuxième paragraphe (ou 2e stique) du verset 60 du chapitre 21 dans l’édition Weber.

21.  Quiconque a eu l’occasion de fréquenter les Canons d’Eusèbe et de chercher à identifier les références bibliques marginales qui y renvoient comprendra intuitu oculi le génie de cet instrument. L’ergonomie de la présentation en colonnes synoptiques permet d’éviter d’avoir à citer et compulser les tables qui classent les parallèles évangéliques par familles d’accords (Mt.-Mc., Mt.-Luc, etc.). Le remplacement de dix tables successives – une par type d’accord synoptique - par un seul tableau polyptique fait l’effet du passage des ténèbres à la lumière. Grâce à l’association des numéros des Canons d’Eusèbe, des capitulations langtoniennes et de la partition alphabétique dominicaine, les quatre séries numériques d’Eusèbes (une par évangile), deviennent moins abstraites.

La tradition du texte

22.  Le Repertorium biblicum (RB-5985) ne signale qu’un seul manuscrit du document. Sans prétention d’exhaustivité, je signale ceux que le recensement des manuscrits de la postille dans la base GLOSSEM a permis de repérer. 

1.      Al86 - Alençon, BM, 86, f. 390-v-398 : Nicolas de Lyre in Ev., entre 1350-1438, prov. Saint-Evroult 38, acheté par Michel abbé de 1408 à 1438.

2.      BSG36 – Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, 36, f. 137ra, France : Nord, vers 1380-1395.

3.      $CbC317 - Cambridge, Corpus Christi College, MS 317, f. 278v-280v (Mt. 26, reliqua vac.) dans recueil factice, s15 (James). - RB-om.

4.      $Clv267 - Charleville-Mézières, BM, 267/6, f. 1-8 : Nicolas de Lyre, In Ev., prov. Belval OCist., copié entre 1314 et 1348 selon une notice du 18e s.

5.      Fkr55 - Frankfurt-am-Main, Universitätsbibliothek JCS, Ms. Barth. 55, s15 2/4, f. 358vb-363ra (n.v.)

6.      Gen8 - Genève, Univ. Lat. 8, s14, f. 145-150 : Anon. – RB

7.      Gz495        - Graz, Universitätsbibliothek, 495, f. 294r . - RB-om.

8.      $Man31 - Manchester, John Rylands University Library, Latin MS 31, f. 83va-87va  (antepostillam N. de Lyra in Mt.), Pesaro, 1402 c., prov. OFM (Pesaro). - RB-om.

9.      $Mz159 - Paris, Maz. 159, f. 93r-97v : s14 2/3, inter N. de L. in Evang. et Paul., prov. Ocarm. (Paris) . – RB-om.

10.  Mz167 - Paris, Maz. 167, f. 149-154 : s14 4/4, post N. de  L. in evangelia, avec tableaux, prov. OSA-St-Victor (Paris). « Tabula super Euvangelia ad videndum ubi plures euvangeliste idem dicunt et ubi quilibet singula, ut patet in canone ». - RB-om. GLOSSEM set-921PC

11.  $Mz294 - Paris, Maz. 294, f. 218ra-233 : recueil factice, avec Zacharias Chrysopolitanus, Unum ex quatuor ; main allemande, s15. – RB-om.

12.  ? P618 – Paris, BnF, lat. 618, f. 194 sqq. « tables écrites en rouge et noir » (Deville, Rev. des bibl ., XVIII (1908), 264-265), s14, prov. OCist. (Bonport), marques de pièces, cf. Murano, Opere diffuse, § 709. [non vidi]

13.$P8859 – Paris, BnF, lat. 8859, f. 143v – lat. 8860, f. 1-3v, Paris, 14e 4/4 [images communiquées par Antoine Boustany ? 29.9.2024] à collationner.

14.  $P15262 - Paris, BnF, lat. 15262, f. 170va-b (prologue), 171r blanc, 171v – 175vb : Postille littérale sur le Nouveau Testament ; table à la suite de la postille sur Jean ; Paris, s14 4/4 ; prov. Jean Brout (né à Bergues, chanoine d'Herlebeke en Flandre, socius de Sorbonne, fl. 1404-1417 c.) > "Iste liber est collegii pauperum magistrorum et scolarium de Sorbona in theologia studentium, ex legato bone memorie viri magistri Iohannis Brout, oriundi de Bergis in Flandria, magistri in theologia quondam canonici Herlebeccensis in Flandria et socii huius dicti collegii, simul etiam ex legato vel de consensu magistri Gabrielis, fratris sui" (garde inf.) > Petite Sorbonne (cf. Angotti, Mélanges Verger) > Sorbonne : Magna Bibliotheca  - RB-om.

15.  Pr516 - Praha, Národní knihovna České republiky, III.F.13 (516), Bohème, s15 ; Nicolas de Lyre, In quatuor evangelia, f. 352b-356b : «registrum super omnes quatuor evangelistas utile » [non vidi, identification incertaine à vérifier]

16.  $Re494   - Reims, BM, 494, f. 1r-8v : recueil factice, France, s14 2/3, prov. Reims, St-Remy. - RB-om.

17.  Slz326 - Salzburg, Universitätsbibliothek, M.II.326 (V.4.F.133.), f. 309rb-319rb, Nicolaus de Lyra, Postilla litteralis super evangelia cum Tabula concordantiarum evangeliorum : s15. – RB-om.

18.  $V51 – Vaticano, BAV, Vat. lat. 51, f. 303v-305, Biblia glossata, Paris ? : s14 2/2.

Les éditions imprimées n’ont pas repris la Tabula, préférant reproduire simplement les canons d’Eusèbe en tête des évangiles. (t. 5 : Ed1588A=Ed1590=Ed1503)

L’édition électronique

19.  Comme le note Nicolas de Lyre au § 9 « Scriptores de facili errant in numeris scribendis». C’est sans doute pour cette raison, à ma connaissance, que ni la préface ni la table n’ont jamais été imprimées. On mesure l’utilité que pourrait avoir pourtant leur édition, assortie d’une indication des versets bibliques modernes.

20.  Une édition intégrale de la Table impliquerait la vérification de près de 7000 références bibliques. Ce travail long et fastidieux prendra du temps.        

21.  En attendant, nous procurons à la fois l’édition princeps et l’édition électronique native du prologue et d’une partie de la table.

22.  Le prologue est édité à partir de trois manuscrits, l’un italien des premières années du 15e siècle (Man31), les deux autres français, du 14e siècle (Re494 V51). Il semble que le texte de Man31 et Re494 soit moins proche de l’archétype que celui de V51, moins fautif. Par exemple : § 9 vidi diligenter V51] diligenter Man31, vidi Re494

23.  La table est éditée à partir de Man31 et ponctuellement confronté aux autres témoins signalés en apparat. Signaler les erreurs des manuscrits nous a paru moins important que de relever les références de chaque canon d’Eusèbe.Je me contente pour l’instant de larges extraits. Ils suffiront à comprendre le fonctionnement de l’instrument, sa simplicité... biblique qui contraste avec la manipulation difficile des canons d’Eusèbe. Ces extraits tiendront lieux d’incipit et d’explicit développés pour les catalogueurs.

24.  Pour la facilité des utilisateurs, éditeurs, codicologues, notre édition ajoutera dans la colonne surlignée en vert la référence moderne aux chapitres et versets numérotés, selon le système qui ne s’est généralisé dans les bibles imprimées qu’à partir de la fin du 16e siècle.  

25.  Ponctuellement, nous faisons suivre la référence ‘moderne’ des passages synoptiques des numéros de versets modernes indiqués dans les marges de l’édition minor (Weber). Ce travail permet de se rendre compte que certains des lieux parallèles indiqués par Nicolas de Lyre n’ont pas d’équivalent dans le paratexte marginal de l’édition Weber. Ces différences ne semblent pas accidentelles : elles sont toujours confirmées au moins par un autre manuscrits de la Table de Lyre.

26.  Comme les péricopes numérotées par les canons d’Eusèbe ne commencent pas exactement au même endroit que le début d’un verset de la division actuelle, j’ajoute à la suite du numéro de verset actuel une lettre de l'alphabet qui désigne la ligne du paragraphe à laquelle appartient le passage cité ; selon la mise en page per cola et comata de l’édition minor de la Vulgate (Weber).



[1] Vernet, Dictionnaire de théologie catholique, 1926.

[2] Cf. Martin Morard, « Les postilles de Nicolas de Lyre: status quaestionis » in :Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2023. Consultation du 05/07/2023. (Permalink : http://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/page.php?id=87)

[3] RB-5985, date non sourcée.


Comment citer cette page ?
Martin Morard, Des canons d’Eusèbe aux capitulations langtoniennes : la table de concordance des évangiles de Nicolas de Lyre in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2024. Consultation du 21/11/2024. (Permalink : https://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/page.php?id=176)