Entre Hexaples et Koinè : Psautiers latins et Psautiers grecs à la lumière de la lettre de Jérôme à Sunnia et Fretela

Martin Morard, page créée le 30.12.2023, mise à jour le 10.1.2024 (version 2)

Les sources des Psautiers latins. 3

Tableau récapitulatif : sources juives et grecques. 4

Tableau récapitulatif : les psautiers latins. 5

Fidélités à géométrie variable. 8

Du Psautier hexaplaire latin au Psautier gallican. 9

Traductions et palimpsestes. 11

Des vessies pour des lanternes ?. 14

=> Vers l’édition de la lettre

Jérôme éditeur de la Vulgate : quête des manuscrits, établissement et diffusion du texte
(
Paris, BnF, lat. 1, première bible de Charles le Chauve, Saint-Martin-de-Tour, v. 845)

1.     Le Psautier de la Bible latine du Moyen Âge tardif ne peut être édité en faisant abstraction de son enracinement dans le terrain philologique des anciennes versions du Psautier en hébreu, grec et latin. Les correctoires bibliques du 13e siècle y renvoient sans cesse, les leçons aliae litterae de l’exégèse médiévale obligent à les interroger sans cesse.

2.     La lette 106 de Jérôme à Sunnia et Fretela est un relai essentiel pour la compréhension de la « motte racinaire » des traditions textuelles enchevêtrées qui forment le substrat linguistique . Proto-correctoire ou prototype des correctoires bibliques médiévaux, elle était souvent placée en tête des psautiers manuels carolingiens. Je veux ici en signaler quelques points notables, en guise d’introduction à son édition électronique, associée à l’édition du Psautier gallican de la Bible latine du Moyen Âge tardif. => Vers l’édition en cours.

3.     a diffusion de la Bible hébraïque hors de son espace linguistique originel a donné naissance à la Septante. Devenue le socle de la Bible chrétienne, la Septante a été traduite à son tour en plusieurs langues. Chacune de ces traductions conserve comme l’empreinte de l’état du texte grec dont elle est provient, empreinte qui évoluera à son tour avec la langue qui la porte. Ces traductions successives ont été faites avec le double souci de rejoindre le sens de la Bible hébraïque à travers le prisme de la Septante, tout en étant en accord avec les traditions herméneutiques des Eglises auxquelles elles étaient destinées. Le texte biblique grec, syriaque, copte, latin, pour ne rien dire des autres langues, devient, de ce fait, le témoin d’un enchevêtrement de traditions qu’il appartient au philologue de décrypter.

4.     La lettre éclaire les intentions et la méthode de Jérôme ainsi que  l’histoire de la réception du Psautier gallican ; elle pose la question de la « fidélité » aux héritages dont se réclament Jérôme comme tous  les éditeurs anciens et modernes de la Bible grecque et latine. Elle aide à éviter quelques-uns des anachronismes et des simplismes qui guettent notre analyse du texte latin et grec des Psaumes.

Les sources des Psautiers latins 

5.     La lettre 106 de Jérôme à Sunnia et Fretela (ici ep106. - RB-3343) est la principale « pierre de touche »[1] de la critique textuelle des recensions latines et grecques du Psautier chrétien. Elle semble avoir été écrite après 392, puisqu’elle cite à mainte reprise la traduction iuxta Hebraeos (Ps-H) de Jérôme. Ses destinataires, deux moines Goths de Constantinople, priaient les Psaumes à partir de la recension grecque antiochienne en usage chez les « Grecs » et s’étonnaient d’y trouver un texte différent de la récension hexaplaire du Psautier latin de Jérôme. Les réponses de Jérôme comparent à partir des Hexaples d’Origène qu’il avait pour ainsi dire sous les yeux, les révisions juives et les recensions chrétiennes du Psautier grec en usage dans le bassin méditerranéen et il explicite les principes de ses traductions d’après le grec et d’après l’hébreu.

6.     La lettre met ainsi en relation chacune des principales traductions latines du Psautier avec un état différent du texte de la Bible grecque, états qui n’existent plus aujourd’hui dans des manuscrits complets de la tradition directe du texte grec, mais seulement à l’état de vestiges dispersés.

7.     Le traité se présente sous la forme du commentaire de quelque 180 leçons de la  révision hexaplaire du Psautier romain procurée par Jérôme. Ce dernier  justifie les traductions qu’il a établies et  mentionne les traductions rejetées, en les associant chacune à une version de la Septante et aux expressions grecques et parfois hébraïques correspondantes, citées en caractères hébreux et grecs.

8.     Son analyse permet de comprendre quelles sont les principales familles textuelles auxquelles se rattachent toute leçon du Psautier latin et grec :

- le Texte massorétique ou la Bible hébraïque (TM)

- le Psautier grec de la LXX

- les trois révisions juives d’Aquila, Symmaque et Théodotion auxquelles s’ajoutent pour le Psautier

-  les deux recensions chrétiennes anonymes désignées par leur numéro d’ordre dans les Hexaples : la cinquième et la sixième traduction grecque du TM.

Tableau récapitulatif : sources juives et grecques

9.      

 

BIBLE HEBRAIQUE

SEPTANTE

 

HEXAPLES

 

TEXTE MASSORETIQUE

famille alexandrine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

TM

translittéré

Aquila

Symmaque

Théodotion

LXX origénienne

Quinta

Sexta

 

 

 

Α ou α

Σ σ

Θ θ

Ο ο

Ε ε

ϛʹ

type

TM

TM

révision de la LXX

révision de la LXX

révision de la LXX

traduction du TM

recension de la LXX

recension de la LXX

langue

hébreu

hébreu

grec

grec

grec

grec classique

grec

grec

caractères

hébreux

grecs

grecs

grecs

grecs

grecs

grecs

grecs

ordre total

Prima

Secunda

Tertia

Quarta

Quinta

Sexta

Septima

Octava

ordre grec

---

---

Prima

Secunda

Tertia

Quarta

Quinta

Sexta

 

Tableau récapitulatif : les psautiers latins

HEBREU

 

 

 

ê

 

SEPTANTE

 

ê

 

VIEUX GREC

 

ê

HEXAPLES

                     í

î

 

HEBREU MASSORETIQUE

 

LXX alexandrine

LXX antiochienne

 

ê

 

Origène

Lucianus

 

ê

 

ê

VIEILLES LATINES

ê

 

ê

ê

Psautier Mozarabe

ê

       

ê

ê

Psautier de Véronne

                                    

                                        

Psautier romain

Psautier de Milan

                                               î

                                          î

             ê                ê

Psautiers αβγζ....

 ê

î                               Psautier hexaplaire latin                    ê

 

Psalterium iuxta Hebraeos

 

 

 

         î

                        í     

 

 

 

 

Psautier gallican

 








 

10.Le Psautier grec proprement dit se déploie en deux branches l’une antiochienne, l’autre alexandrine. La LXX alexandrine correspond à la recension origénienne ou quatrième traduction grecque du TM dans les Hexaples. La version commune, vulgaire, Lucianique et liturgique, souvent qualifiée de « corrompue » et « viciée » par Jérôme, correspond au grec antiochien.

11.Les premières traductions latines du Psautier furent entreprises lorsque le grec cessa d’être la langue véhiculaire dominantes des communautés chrétiennes d’Occident. Elles furent établies non à partir de l’Hébreu, mais à partir de la Bible grecque polie, usée, assimilée par six siècles d’usage d’abord au sein du Judaïsme, puis des premières églises chrétiennes d’Italie, de la Péninsule ibérique et des Gaules. Ce texte n’était plus celui de la langue originale des Septante qui traduisirent l’Hébreu pré-massorétique à Alexandrie trois siècles avant notre ère, mais celui de la Koinè, que saint Jérôme appelle grec vulgaire ou commun et qu’il attribue à la recension d’un certain Lucianus, d’où son nom de grec lucianique. Il s’agit en fait du grec des Eglises du Patriarcat de Constantinople ou grec antiochien, la langue véhiculaire de la Méditerranée orientale. Quand on compare le texte de ces psautiers latins au grec des éditions modernes de la LXX de nombreuses différences apparaissent. Avant de les attribuer à des libertés ou à des gloses des premiers traducteurs, il convient d’examiner ces leçons comme des vestiges de la version du Psautier grec en usage à l’époque des traducteurs.

12.Les Hexaples ont disparu avec la bibliothèque de Césarée, détruite vers 740 par les Arabes. Seules des bribes ont été conservées, soit sous formes de traductions partielles dont témoignent les traditions indirectes latine, sahidique, syro-hexaplaire, soit sous forme de leçons ou de contaminations disséminées dans la tradition manuscrite directe de la LXX.

13.Les relations des différentes versions grecques et latines concernées par l’histoire médiévale du Psautier peuvent être résumées comme suit :

- toutes les traductions vieilles latines appartiennent à la tradition indirecte de la recension antiochienne ; celles qui ont spécialement été révisées sur le grec, comme le Psautier latin de Bobbio (Clm343), version milanaise ‘gallicanisée’ avec signes diacritiques propres, sont les témoins encore plus fiables du grec de la koinè ;

- le Ps-R est plus proche d’une traduction simple de la LXX que le Ps-G

- le Ps-G est une révision du Ps-R à partir des Hexaples ; cela signifie qu’il traduit la réception du Texte massorétique diffracté en 3 révisions juives en langue grecque (Aquila, Symmaque et Théodotion), auxquelles il faut ajouter la LXX origénienne, traduction juive de l’hébreu pré-massorétique, ainsi que deux recensions chrétiennes (Quinta et Sexta). la recension hexaplaire de Jérôme ne vise pas à traduire littéralement la LXX seule mais la LXX éclairée par les recensions grecques du TM; 6° Environ 60 % des versets du Ps-G conservent à l’identique le Ps-R ; dans les 40 % de versets modifiés, 60 % des mots sont identiques, et 60 % des mots qui diffèrent sont des modifications mineures[2].

14.- Le Psautier gallican adopté par la liturgie occidentale à partir du second quart du 9e siècle n’est PAS identique à la révision hexaplaire de Jérôme.

15.Pour des raisons pratiques liées à l’oralité et à la nécessité de favoriser son adoption liturgique, le Ps-G est un texte de compromis qui a

- 1° conservé la stichométrie du Ps-R,

- 2° renoncé aux diapsalma,

- 3° abandonné les signes diacritiques de Jérôme, ce qui conduit à faire du Ps-G non seulement un texte de compromis, mais aussi une compilation des leçons érudites et des leçons vulgaires ;

-  4° conservé un nombre important de leçons mineures et d’ordre des mots du Ps-R pour ne pas entraver l’exécution musicale de la psalmodie qui demande un nombre minimal de syllabes accentuées dans chaque stique et surtout après la médiante (Ps. 11:4).

- 5° conservé ou restauré des leçons vieilles latines pourtant expressément rejetées par ep106 comme superflues (Ps. 47 :5 : reges terre)

16.La doxa médiévale dispersée dans les psautiers, les prologues de commentaires et l’historiographie a parfaitement retenu l’essentiel de cet équilibre complexe : Le Psautier romain et les Psautiers traduits avant Jérôme ou indépendamment de lui sont reflètent en latin le texte du Vieux grec anthiochien, avec quelques contaminations origéniennes mineures, parfois par contamination du Ps-G. Mais il s’agit fondamentalement de traductions directe du grec de la koinè. Les médiévaux avaient donc raison de considérer le Ps-R comme « LA » traduction latine de la Septante. La traduction hexaplaire restitue pour sa part en latin le sens de la LXX lue à travers le prisme des révisions et révisions grecques du TM.

17.Il résulte de cette analyse que le Ps-G jouit d’une autorité supérieure  auprès de ceux qui reconnaissent la primauté de la Veritas hebraica, mais que certains ont pu lui préférer l’autorité de la Septante et du Ps-R lorsque la possible l’influence du judaïsme rabbinique sur la Massore et ses explicitations grecques d’origine juive consignées dans les Hexaples les amenaient à préférer le témoignage du texte grec antérieur aux controverses des débuts du Christianisme.

Fidélités à géométrie variable

18.La compréhension de la ‘fidélité’ des traductions latines au grec de la LXX et plus encore à l’hébreu fait l’objet de nombreux malentendus. La « fidélité » de la traduction hexaplaire que revendique Jérôme (§2.9.9) n’est pas synonyme de fidélité littérale à la Septante origénienne et moins encore aux tentatives de reconstitution des éditions d’Oxford ou de Göttingen. Jérôme marche sur une ligne de crête qui n’a pas toujours bien été comprise. Sa traduction hexaplaire est d’abord la révision d’un texte vieux latin existant, état pristin du Psautier romain que nous ne connaissons pour ainsi dire qu’à partir de témoins plus tardifs que les plus anciens manuscrits connus du Psautier hexaplaire latin. Ce texte avait lui-même été traduit pour l’usage des églises dépendantes du patriarcat de Rome à partir de la recension antiochienne du psautier grec jusqu’alors commun, pour l’essentiel à Rome et à Constantinople. Jérôme appelle ce texte ‘recension vulgaire’ ou ‘commune’ (vulgata, koinè), parce que d’usage commun, contaminé par un grec vivant et peu littéraire assez éloigné du grec classique alexandrin du 3e siècle avant Jésus-Christ maintenu par la Septante dans l’usage liturgique des églises de la famille alexandrine. Jérôme associe cette recension ‘vulgaire’ à la recension attribuée à Lucien d’Antioche, dite ‘lucianique’. Les correspondants Goths de Jérôme, Sunnia et Fretela, vivaient à Constantinople où l’on sait par Chrysostome qu’il existait des communautés de moines de cette origine. Les pérégrinations historiques de leur peuple relient l’Europe septentrionale, Ravenne, patrie du Ps-α, l’Espagne patrie du Psautier Mozarabe, Milan patrie du Ps-Med. et Constantinople. Leur grec n’était ni une langue morte ni leur langue maternelle. Ils opposent donc à Jérôme leur désir de connaître quelque 176 leçons où le psautier grec lucianique qu’ils fréquentent ne leur semble pas justifier la traduction de Jérôme. Jérôme explique ces différences à la fois positivement : par la qualité de la LXX hexaplaire et sa conformité à l’Hébreu, négativement : par la corruption de la langue et des manuscrits antiochiens.   

19.Sa traduction vise donc bien la mise en conformité de la version vieille latine révisée au grec de la Septante origénienne. Mais lorsque le sens du grec n’est pas clair ou entre en conflit apparent avec celui de la vieille latine, Jérôme s’est aidé des autres colonnes des Hexaples. Entre alors en scène le Texte massorétique, dans la forme grecque que lui ont donné les quatre colonnes grecques des Hexaples  (Aquila, Symmaque, Théodotion, la LXX parfois qualifiée de Quarta) complétées pour le Psautier par deux recensions anonymes de qualité, découvertes par Origène : la Quinta et la Sexta (5e et 6e recensions grecques des Hexaples). Jérôme donne souvent le dernier mot à la Quarta. Mais il faut tenir compte du fait que la Quarta des Hexaples est glosée par l’ajout de mots explicatifs empruntés à Théodotion. Ces ajouts sont normalement précédés par une astérisque . Sa révision latine hexaplaire est donc intentionnellement et selon l’esprit conforme à la LXX mais pratiquement et selon la lettre, elle est colorée par l’hébreu massorétique qui irradie toute la série des recensions synoptiques des Hexaples. Il n’y a pas pour Jérôme de Veritas hellenica. La LXX est d’abord une traduction de la Veritas hebraica dont l’Hébreu pré massorétique est un témoin tardif, tandis que la LXX (Quarta) est censée être le témoin d’un état plus archaïque de la Veritas hebraica.

Du Psautier hexaplaire latin au Psautier gallican

20.Dans un premier temps, la traduction ‘hexaplaire’ de Jérôme n’a été reçue que comme un psautier érudit hors du cadre liturgique. La psalmodie publique  conservait le Psautier romain (Ps-R) et les Psautiers vieux latins. C’est du moins l’opinion de la critique moderne (Bruyne 1929) et elle est incontestable en ce qui concerne le culte public. La lettre 106 me semble obliger cependant à nuancer quelque peu les choses. La récitation des Psaumes par le premier christianisme était plus intense hors de la liturgie publique que dans le cadre de celle-ci. Le travail de Jérôme a commencé par couver sous la cendre et à imprégner les mentalités dans le cadre de la psalmodie individuelle qui consistait pour les plus pieux à réciter le psautier selon l’ordre des Psaumes, dans son intégralité, de façon continue, si possible chaque jour. Ce fait a été minimisé par certains historiens ecclésiastique du mouvement liturgique antérieur à Vatican II, sous prétexte d’impossibilité. L’examen systématique de la documentation médiévale nous a convaincu du contraire[3]. En admettant donc que le phénomène soit bien réel, la préhistoire de la réception liturgique de la recension hexaplaire de Jérôme se comprend mieux.

21.La lettre 106 confirme 1° qu’il n’y avait pas de cloison étanche entre usage savant et psalmodie individuelle, 2° que la recension hexaplaire de Jérôme était reçue aussi dans le cadre dévotionnel privé et qu’il en avait souci. Une lecture attentive montre chez Jérôme deux attitudes contradictoires et révélatrice de cette double réception de son travail de son vivant déjà. D’une part il procure une édition savante qui critique et rejette le grec de la koinè, vulgaire et corrompu.

22.D’autre part, il se montre parfois soucieux de ne pas heurter les usages[4]. Certaines remarques font état d’un souci de ne pas choquer en modifiant trop fortement les habitudes des usagers. Une telle préoccupation ne se comprend que si Jérôme envisageait que sa révision n’était pas seulement destinée à des érudits en chambre mais pouvait aussi servir à corriger le texte d’usage dans le cadre dévotionnel mais néanmoins privé de la psalmodie au long cours. On le voit ainsi s’indigner en constatant que certaines de ses notes critiques marginales ont été introduites à son insu dans le corpus du texte. Cee que les Septante ont traduit , explique-t-il, doit être chanté dans les églises par respect pour son antiquité, mais il faut cependant que les érudits sachent ce que contient la Vérité de l’hébreu au nom de la connaissance des Ecritures. (ep106, Ps 73:8)[5]. Voir aussi  ep106, Ps 104 :30 : « nos antiquam interpretationem sequentes quod non nocebat mutare noluimus ».

23.On distinguera donc ce qui a été ajouté latéralement (« e latere additum ») de ce qui est donné à lire dans le corps du texte, de crainte que le caprice de copiste ne sème le trouble dans l’esprit des psalmodiants. Les observations de la lettre 106 donnent ici raison à D. De Bruyne qui considérait la présence de certaines notes critiques dans les marges de psautiers comme des marqueurs d’authenticité hiéronymienne (Bruyne 1932, p. 365 sqq.). Le format de l’édition critique de la Vulgate les a écartées d’emblée. Jérôme, réagissant à leur usage indu, a été le premier artisan de leur disparition. Il est possible que ce soit en référence à ce même passage de l’épître 106, mal compris que les signes diacritiques eux-mêmes ont disparu de la quasi-totalité des copies du Psautier hexaplaire latin.

24.Ce n’est qu’au cours du second quart du 9e siècle, sous la   règle de Louis le Pieux (813-842) que le psautier hexaplaire de Jérôme, fut adopté pour la psalmodie liturgique dans les Gaules et en Germanie[6]. Le changement se fit somme toute assez rapidement parce qu’il avait été préparé par une fréquentation à bas bruit pendant plus de trois siècles. L’intensité de son utilisation privée avait à ce point imprégné les mémoires qu’elle avait rendu difficile le maintient du Ps-R dans psalmodie liturgique exécutée de mémoire.

25.Le titre de Psautier gallican (Ps-G) doit être réservé à cet avatar liturgique de la traduction hexaplaire de Jérôme. Il lui fut attribué par les psautiers multiples de Salomon III de Saint-Gall (†920) diffusés au plus tard à partir de 909 (VL311), mais l’explication du qualificatif se lit un demi-siècle plus tôt chez Walafrid Strabon[7].

Traductions et palimpsestes

26.Jean-Dominique Barthélemy aimait à souligner dans son enseignement l’éclairage que la Septante pouvait apporter à la connaissance de l’hébreu pré massorétique[8]. Il se peut que la critique textuelle de la Bible latine ait elle aussi quelques services à rendre à l’histoire du texte grec. Les psautiers latins anciens peuvent en effet être lus comme les révélateurs des états perdus du Psautier de la LXX. 

27.Sous l’empire byzantin le texte grec en usage a été révisé et uniformisé, les versions corrigées ou écrasées. Qui lit encore de nos jours les traductions liturgiques effectuées au siècle dernier ? Des vestiges de ces versions subsistent cependant, éparses et anonymes, dispersées dans les manuscrits grecs de toutes époques, transmises par les lapsus des copistes, conservées anonymement comme des poussières d’étoiles mortes, mêlées aux copies nouvelles des manuscrits imparfaitement corrigés ou révisés.  A partir des textes grecs, elles ne sont pas identifiables comme telles puisque ces recensions anciennes, rendues caduques par les évolutions de la langue et de la liturgie, n’ont pas été transmises pour elles-mêmes. En revanche, les traductions qui ont été faites du Psautier de la Koinè aux époques hautes, en Syriaque, en Copte, en Sahidique, et en Latin, avant la disparition de manuscrits de la koinè, en sont comme les empreintes ou les négatifs photographiques. Si on les compare patiemment, mot à mot, aux leçons des apparats critiques de la LXX, aux écrits des Pères et aux autres traductions, il est possible de recomposer partiellement, par rétro conversion, le texte grec dont elles proviennent. Parce que leurs manuscrits ont disparus et que leur texte a été à tel point modifié qu’il ne subsiste plus tel qu’il était au moment où il a été traduit, les éditions critiques de la Septante ne suffisent pas à restaurer les épaves des recensions perdues.

28. Les explications données par Jérôme dans son oeuvre, la rétroconversions des anciens psautiers latins en grec, l’édition des fragments grecs des Hexaples dessinent les contours des deux recensions du Psautier grec à l’origine des anciens psautiers latins.

29.C’est à ce titre qu’on peut considérer les versions vieilles latines comme des palimpsestes philologiques du Vieux grec de la fin de l’Antiquité et qu’on peut trouver, épars dans les manuscrits grecs subsistants, les leçons qui justifient certaines expressions latines des psautiers vieux latins, alors même que celles-ci ne s’accordent pas exactement avec le texte édité de la Septante.

30.Ce raisonnement invite à lire les psautiers vieux romains (toutes les traductions latines antérieures à Jérôme ou entreprises indépendamment de ses propres traductions) comme les témoins indirects du texte Vieux grec de la Septante. La révision hiéronymienne du Psautier romain  relève quant à elle de  la tradition indirecte des Hexaples d’Origène. La traduction du Psautier grec entreprise par Jérôme et connue sous le nom de Psautier gallican est en réalité une révision du Psautier romain, dans l’état où il était à la fin du 5e siècle (un siècle avant le plus ancien manuscrit qu’on en connaisse), révision entreprise à partir des recensions grecques du Texte massorétique réunies par Origène dans les colonnes des Hexaples jadis conservées dans la Bibliothèque de Césarée.

31.La recension hexaplaire de Jérôme est un palimpseste ‘multi couche’ où s’entremêlent, dans le cas des Psaumes, jusqu’à six interprétations helléniques de la Veritas hebraica, incluant la LXX origénienne ou alexandrine. La subtilité à géométrie variable de la traduction hiéronymienne rend le travail de recomposition de l’original grec encore plus complexe que pour le Vieux grec à l’origine des Vieilles latines. En l’absence d’explication de la part de Jérôme, on ne peut pas savoir à quelle colonne des Hexaples correspond la rétroconversion, à supposer qu’elle soit optimale.

32.La critique textuelle moderne tente de reconstituer les fragments épars des Hexaples. Il n’existe à ce jour que des éditions partielles toutes datées, depuis celle de Montfaucon jusqu’aux éditions des fragments repérées dans les manuscrits conservés au Vatican (Schenker 1975 et 1982), en passant par les travaux de Field et de Mercati.

33.En conséquence, chaque traduction - vielle latine, vieux grec et Vulgate hiéronymienne - doit être éditée en référence aux versions du texte dont elle provient et tenir compte du plus large spectre possible de ses traditions indirectes. L’éditeur des psautiers anciens ne peut se contenter de renvoyer à la seule tradition directe de la LXX. Il ne peut faire l’économie des recensions syro hexaplaire, sahidiques, coptes ou bohaïques auxquelles il doit être confronté. Il est aidé par les écrits mêmes de Jérôme qui ne se limitent pas à la lettre 106[9]. Souvent brouillé par mille variations mineures, le détail des relations de proximité entre les manuscrits conservés importe moins que les courants forts des grandes traditions. L’analyse du choix des mots importe plus que les variations de la morphosyntaxe, des articles et des enclitiques.

34.Lue à la lumière des apparats critiques du Psautier romain (Ps-R), des Psautiers vieux latins, de la traduction hexaplaire de Jérôme (Ps-G) et de sa traduction iuxta Hebreos  (Ps-H), la lettre 106  aide à comprendre comment et à quelles conditions les anciens psautiers latins – vieux latins et hiéronymiens – peuvent être lus comme des palimpsestes philologiques des recensions perdues du grec de la LXX. Ou, plus exactement, les psautiers non-grecs - traduits à partir des anciennes versions grecques de la Septante, comparés au patrimoine de la tradition de la Septante - sont susceptibles de fonctionner d’une façon analogue à celle des vélateurs chimiques avec lesquels on traitait jadis les manuscrits palimpsestes pour leur faire révéler les textes effacés.

35.Le processus est simple à comprendre : la rétroconversion en grec des Psautiers vieux latin est théoriquement susceptible de faire renaître le texte Vieux grec dont ils proviennent. Mais plutôt que de recréer ces versions de toutes pièces, il est plus sûr de rechercher dans le matériau philologique des manuscrits grecs subsistants les leçons adéquates. Certains psautiers grecs ont été signalés par Rahlfs, l’éditeur du Psautier de la Septante, comme présentant un nombre remarquable de particularités textuelles qui les rapprochent davantage des anciens psautiers latins que des recensions connues du Psautier grec. Le ‘biotope’ nécessaire à la reconstitution au moins partielle de nos psautiers anciens existe donc déjà à conditions qu’on en relie les matériaux dispersés.

36.Cette présence inaccoutumée d’accords fréquents entre grec et traductions latines peut s’expliquer de deux façons. 1° Le copiste grec s’est inspiré du latin pour corriger le grec et restaurer la source grecque des traductions modèle dont il dispose. Ceci  n’est pas plausible lorsque les manuscrits sont originaires de régions hors d’atteinte des influences latines. 2° Le manuscrit grec a des ancêtres qui partagent une partie de leur matériau philologique avec les témoins des recensions grecques que traduisent les anciens psautiers latins.

Des vessies pour des lanternes ?

37.Par ses réponses à Sunnia et Fretela, Jérôme semble enfin réagir à une certaine remise en question de l’influence de l’Hébreu sur ses traductions en la justifiant par le consensus et l’éclairage apporté par les colonnes grecques des Hexaples et en dévalorisant le Psautier des Eglises grecques. La critique textuelle moderne révèle que l’Hébreu massorétique avait été effectivement été contaminé par les contrecoups des controverses entre le judaïsme rabbinique et le premier christianisme au début de notre ère. La Septante, traduite trois siècles avant Jésus-Christ est susceptible de refléter un texte hébreu de meilleur qualité philologique que la Massore. Le philo hellénisme culturel des milieux ecclésiastiques résistant au Psautier gallican irait donc de paire avec une certaine méfiance à l’égard de la révision hexaplaire et à une relative préférence à l’égard du Psautier romain. Ce dernier était perçu par l’historiographie médiévale comme une traduction pure de la LXX, plus sûre, parce que non suspecte de contamination philologique ou idéologique par l’antichristianisme juif des premiers siècles. Les corruption du grec de la koinè affectaient moins les Goths et les Germains qui n’avaient la même sensibilité linguistique que les chrétiens du pourtour méditerranéens. Cette dialectique pourrait expliquer en partie la résistance du Psautier romain qui s’observera longtemps encore dans les îles britanniques et en Italie, tandis qu’en Espagne le Psautier wisigothique ne s’effacera devant le Psautier gallican qu’avec l’influence de Cluny au cours du 12e siècle.

38.Face à des désaccords constatés entre le texte édité de la LXX et les traductions latines de la Bible grecque, la tentation est d’imputer le désaccord à des erreurs du traducteur ou à des libertés prises par celui-ci, s’écartant du texte qu’il est censé transmettre avec exactitude. L’erreur serait alors de conclure trop vite. Le désaccord avec le texte édité peut cacher un accord avec tout ou partie de la tradition directe et / ou indirecte. L’éditeur est alors confronté au moins à cinq cas de figures différents :

39.A. La leçon s’accorde avec une leçon grecque rejetée en apparat, parfois rare, parfois fortement attestée ;

40.B° la leçon n’est corroborée par aucun témoin de la tradition directe ou indirecte de la même langue mais rejoint la recension du passage traduit en d’autres langues ;

41.C. la leçon s’écarte de toutes les formes connues du passage, en quelque langue que ce soit, mais elle est sémantiquement correcte ;

42.D. la leçon est fautive sémantiquement mais non grammaticalement ; il y a contre sens et erreur

43.E. la leçon est fautive sémantiquement et grammaticalement.

44.F. la leçon est fautive par rapport à la langue de destination, mais correcte par rapport à la langue du scripteur et / ou par rapport à une autre langue dans laquelle le texte biblique a été traduit.

45.En fonction du poids quantitatif de chacun de ces groupes, il sera possible d’apprécier la nature de la recension. Lorsque le nombre de leçons de type B signale l’influence d’une recension linguistique prédominante, la question peut se poser d’une révision du texte grec ou du latin à partir d’une recension linguistique différente. On sera extrêmement prudent avant d’arriver à cette conclusion puisque la possibilité d’une dépendance à l’égard d’un ancêtre commun ne peut jamais être exclue.

46.Rhalfs, l’éditeur de l’édition maior du Psautier de la Septante, avait signalé jadis le phénomène de  corrections insolites du texte grec des Psaumes qui semblaient inspirées des traductions Vielles latines et Hieronymiennes[10]. Ces influences latinisantes relèvent surtout d’un phénomène linguistique qui conduit à appliquer au grec des éléments de morphosyntaxe latine latine, tout comme si le texte grec était réécrit sur le modèle de la psalmodie latine. Rahlfs  avait finalement renoncé à exploiter ces accords dans l’édition maior de la Septante. Depuis, l’édition critique des Psautiers latins, la connaissance des Hexaples,et des commentaire des Psaumes d’Origène ont apporté à la connaissance des recensions anciennes du Psautier grec et latin des matériaux de comparaisons mieux établis et de grande valeur[11]. Un examen systématique de ces accords des Psautiers grecs avec les anciens Psautiers latins permettrait peut-être de mettre au jour des tendances ou des préférences pour des leçons du Vieux grec restituées à partir du Vieux latin, ou au contraire des préférences pour le grec origéniens par rétroconversion du Psautier hexaplaire de Jérôme. préféré au grec de la koinè[12].

47.Les leçons du texte biblique, non identifiables à partir du texte établi par les éditions modernes, peuvent être aussi les témoins de recensions ‘dissoutes’ ou écrasées par les grandes révisions qui ont fait évoluer le texte biblique au cours des siècles. Le phénomène est évidemment bien connu des spécialistes, il est le pain quotidien de la critique biblique. Avant d’attribuer ces leçons à l’influence de révisions récentes rétroconverties, il convient de les mettre en relation avec les traditions anciennes et d’évaluer l’importance de chacune dans l’intégralité du texte analysé. Un accord est un accord, qu’il soit fortuit ou construit par l’industrie du scripteur.

48.La dissémination des vestiges d’une recension ancienne dans des hôtes hétérogènes n’a rien d’invraisemblable. Les ‘évolutions’ du texte biblique sont rarement massives. Elles se réduisent à des listes de leçons éparses dont la cohérence ne se donne à voir qu’au prix de patientes collations. La fréquentation des corpus électroniques de textes anciens, critiques certes, mais châtrés par l’ablation de leurs apparats, contribue à faire perdre la conscience du statut artificiel et sélectif du texte procuré par le travail critique. Dans le cas de la Bible, le nombre de témoins conservés ne peut être représentatif de la diffusion historique réelle du texte. De ce fait l’orientation des stemmas devient trop aléatoire pour ne pas être trompeuse. L’écart chronologique entre l’origine d’un texte et ses plus anciens témoins conservés est trop grand, les contaminations sont trop nombreuses, pour que l’approche stemmatique ne risque de clore prématurément le champ des possibles. Dans ces conditions, pour l’historien, l’apparat critique d’une édition devient plus important que le texte établi et même que les introductions qui l’analysent. S’il est bien fait, c’est par lui que l’inattendu des chemins de traverses empruntés par la recherche pourra rejoindre les sentiers balisés, venir grossir les courants des traditions et prendre sa place dans l’histoire des textes.

Annexes :

Récapitulation sommaire des versets du Psautier pour lesquelles les fragments des Hexaples édités par Mercati et Schencker complètent les données de Montfaucon et Field :

Ps. 1-103 : Schenker 1975 ;  
Ps. 17 :26-48 : Mercati ;        
Ps. 19 Mercati ;         
Ps. 29-30 : Mercati ;  
Ps. 24 à 32 : Schenker 1982 ;
Ps.
48 ; Mercati ;       
Ps. 77:30-36 à 82:16 : Schenker 1975 ;        
Ps.
88 :26-53; Mercati ;        

Bibliographie :

Bruyne 1929A :  D. De Bruyne, « La lettre de Jérôme à Sunnia et Fretela sur le Psautier », Zeitschrift fur die neutestamentliche Wissenschaft, t. 28, 1929, p. 1 sqq. [La lettre aurait été serait une fiction littéraire mis au point par Jérôme pour justifier les principes de la traduction hexaplaires et réfuter l’argumentation de ses opposants. Le thèse est réfutée avec de bons arguments par Zeiler qui attire l’attention sur le phénomène culturel de la rencontre du monachisme d’origine transalpine avec l’hellénisme byzantin au temps de Jérôme et Chrysostome.

Bruyne 1929B : D. DE BRUYNE, « La Reconstitution du psautier hexaplaire latin. » Revue Bénédictine, 41 (1929), p. 297‑324.

Bruyne 1932 : D. De Bruyne, « Le Psautier de Stuttgart (Landesbibliothek no. 23), Speculum, 7 (1932), p. 361-366.

Zeiler 1935 : Jacques Zeiller, « La lettre de saint Jérôme aux Goths Sunnia et Fretela », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 79ᵉ année, N. 2, 1935. p. 238-250.

Schenker 1975 : Adrian Schenker O.P., Hexaplarische Psalmenbruchstücke. Die hexaplarischen Psalmenfragmente der Vaticanus graecus 752 und Canonicianus graecus 62 (Orbis Biblicus et Orientalis 8) (Fribourg en Suisse – Göttingen 1975).

Schenker 1982 : A. SCHENKER, Psalmen in den Hexapla. Erste kritische und vollständige Ausgabe der hexaplarischen Fragmente auf dem Rande der Handschrift Ottobonianus graecus 398 zu den Ps 24-32 (Studi e Testi 295), Biblioteca Apostolica Vaticana, Città del Vaticano, 1982.



[1] L’expression, à prendre au pied de la lettre, vient de D. De Bruyne 1929, p. 312.

[2] Ces pourcentages sont des estimations provisoires.

[3] M. Morard, La harpe des clercs, thèse de doctorat, Paris IV-Sorbonne, 2008.

[4] On connaît à ce sujet les reproches acerbes adressés par Augustin à Jérôme au sujet de sa révision du récit latin de Jonas sous le ricin. La leçon semble avoir porté son fruit.

[5] « Ex quo perspicuum est sic psallendum ut nos interpretati sumus, et tamen sciendum quid hebraica veritas habeat. Hoc enim quod Septuaginta transtulerunt, propter vetustatem in ecclesiis decantandum est, et illud ab eruditis sciendum {25.10} propter notitiam Scripturarum. Unde, si quid pro studio e latere additum est, non debet poni in corpore ne priorem translationem pro scribentium voluntate conturbet ».

[6] Voir note suivante.

[7] Cf. Walafrid Strabon (†849), Liber de quarundam in observationibus ecclesiasticis rerum exordiis et incrementis, c. 26, MGH Capit. 2, p. 508.26-34.

[8] J.-D. Barthélemy, « Prise de position sur les autres communications du colloque de Los Angeles », in Études d’histoire du texte de l’Ancien Testament, Fribourg (CH) Goöttingen, 1978, p. 268 : « Il se peut que [...] la critique textuelle de la bible grecque ait plus de services ä rendre ä l'histoire de l'exégèse rabbinique qu'ä attendre de celle-ci ».

[9] Voir à ce sujet l’état de l’art et le classement des sources préconisé par De Bruyne 1929B.

[10] RAHLFS, A., Septuaginta-Studien. Heft 2 : Der Text des Septuaginta-Psalters, Göttingen, 1907, § 18-19, p. 94-103. RAHLFS, A., Septuaginta : Vetus Testamentum Graecum, t. 10 :  Psalmi cum Odis, Göttingen, 1931, p. 32-51.

[11] Cf. par ex. Alain. Le Boulluec, « La découverte de nouvelles Homélies sur les Psaumes d’Origène ». In: Bulletin de l'Association Guillaume Budé, n°1, 2016, p. 57-64 qui signale la découvertes des homélies grecques d’Origène sur les Psaumes, découvertes par Madame Marina Molin Pradel, en avril 2012 dans le ms cod. Gr. 314 de la Bayerische Staatsbibliothek de Munich. Sur les Hexaples, voir infra : bibliographie.

[12] Voir à ce sujet Marie-Noëlle Diverchy-Gadd, Le Psautier grec de Sedulius Scottus : Édition critique et étude d’une révision carolingienne des psaumes, thèse de doctorat, Université de Lorraine, dir.  Cécile Bertrand-Dagenbach & Jean Meyers, Nancy, dactyl., 2023. La thèse analyse brillamment l’influence des recensions latines du Ps-G et du Ps-R sur la recension irlandaise du Psautier grec du ms. Paris, Arsenal, Ms-8407 copié dans la seconde moitié du 9e siècle par Sedulius Scott. Elle laisse cependant notre questionnement sans réponse, faute d’avoir relevé l’origine antiochienne ou alexandrine des leçons grecques censées avoir été influencées par les traditions latines, faute d’avoir évalué les accords ‘latinisants’ à la lumière des Hexaples, de la lettre 106 de Jérôme et des ses autres commentaires. Seules un échantillon aléatoire et artificiel est analysé, correspondant aux passages où la recension irlandaise s’écarte factuellement du texte édité par Rahlfs.


Comment citer cette page ?
Martin Morard, Entre Hexaples et Koinè : Psautiers latins et Psautiers grecs à la lumière de la lettre de Jérôme à Sunnia et Fretela in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2024. Consultation du 02/05/2024. (Permalink : https://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/page.php?id=192)