Bible des libraires de Paris ou Texte de l’Université ? A propos des bibles portatives

page créée par Martin Morard le 7.11.2023, mise à jour le  10.1.2024

Bible portative copiée à Toulouse, prov. Dalbade, 1234 (Firenze, Bibl. med. laur. , acq. e doni 149 © Morard)



Avertissement : Ce texte est la version longue et un peu plus argumentée du compte-rendu paru dans la livraison 2023 de la Revue Mabillon. Je remercie la direction de la revue de m’avoir encouragé à publier ces réflexions complémentaires parmi les préambules de l’édition électronique de la Bible latine du Moyen Âge tardif (BLAMAT). Je ne peux cependant les séparer tout à fait de la recension critique qui les a suscitées. On voudra bien en pardonner les redites.

 

Chiara Ruzzier, Entre université et ordres mendiants. La production des bibles portatives latines au xiiie siècle, préface d’Ezio Ornato, Walter de Gruyter GmbH, Berlin – Boston, 2022, (Manuscripta Biblica, 8), 338 p., 5 annexes, 166 tableaux statistiques, 14 graphiques, 22 planches en couleur. – ISBN 978-3-11-075719-4. ISSN 2626-3955.

La collection Manuscripta biblica, dirigée par Martin Wallraff et Patrick Andrist, publie une étude qui n’a pas de prix et qui en mériterait plus d’un. Fruit d’une thèse de doctorat soutenue en 2010, l’ouvrage présente en dix chapitres les résultats de presque deux décennies de recherches consacrées à la production manuscrite des bibles portatives

Chiara Ruzzier (désormais CR) est disciple d’Ezio Ornato et Carla Bozzolo. Elle s’inscrit à leur suite dans le sillage des chercheurs du Laboratoire de Médiévistique occidentale de Paris et de l’Institut de recherche et d’histoire des textes dont les échanges ont posé les bases de la codicologie dite quantitative. Cette discipline propose de recueillir, mettre en séries et comparer les données mesurables et qualitatives du livre manuscrit et imprimé. La préface d’Ezio Ornato en précise les enjeux avec le panache qu’on lui connaît.

Il en va des bibles médiévales comme de nos ordinateurs. Certaines, volumineuses, ne quittaient pratiquement pas leur lieu de lecture, d’autres, semi-portables, pouvaient être déplacées au sein de l’espace vital de leurs usagers, d’autres enfin furent inventées au xiiie siècle pour accompagner les pratiques et les mobilités induites par les évolutions sociologiques et institutionnelles de l’époque. Ces dernières offrent à l’approche quantitative un échantillon idéal par les questions que pose leur nombre, leur production et leur usage.

Un parcours cavalier de l’histoire de la Bible latine met d’abord en évidence la nouveauté historique des bibles portatives et la relie à l’itinérance et à l’activité des ordres mendiants (chap. 1). La thèse entend démontrer leur étroite corrélation.

Le chapitre 2 définit l’objet de l’enquête et en circonscrit le corpus en passant les catalogues au crible de la notion de « bibles de petit format ». Celles-ci sont définies comme des bibles pandectes ayant une ‘taille’ (largeur et hauteur additionnées) inférieure ou égale à 450 mm, soit à peu près l’équivalent d’un in-octavo ou d’une demi-feuille A4. Le choix du semi-périmètre, pour inconfortable qu’il soit, s’imposait pour permettre la comparaison avec d’autres types de livres, déjà traités selon ce critère par le groupe de travail mentionné. Au terme de « bible de poche », trop réducteur, CR préfère celui de « bible portative ». L’état du catalogage et les conditions de consultation l’ont amenée à distinguer deux ensembles : d’un « grand corpus » de 1739 bibles, recensées à partir des catalogues, elle a extrait un « petit corpus » de 357 bibles (21%) qui ont fait l’objet d’un examen direct. 1326 de ces manuscrits ont une taille inférieure ou égale à 380 mm. CR estime, non sans hésitations, qu’ils représentent un peu moins de 10% des bibles portatives effectivement produites qu’elle évalue à 13000 (p. 32). Ce taux de conservation est cinq fois supérieur à celui de la conservation des in-octavo incunables et même plus élevé que celui des in-folio. Leur production se concentre entre les années 1230 et 1280. En sachant qu’une bible complète occupait un copiste pendant un ou deux ans, selon les estimations, on déduira que, durant ce demi-siècle, la production de ces seules bibles a employé chaque année entre 260 et 520 copistes, principalement à Paris, mais aussi en Angleterre et en Italie. Ces bibles représentent environ 6% des 30000 manuscrits bibliques latins conservés (estimation basse établie à l’occasion de l’édition critique de la Vulgate). Environ 60% de toutes les bibles pandectes latines conservées seraient des bibles portatives ; la production parisienne conservée ne représente cependant que 22% de celles qui sont localisables.

Le chapitre 3 présente les caractéristiques générales des manuscrits recensés : chronologie de la production, évolution de la taille et du nombre de feuillets dans l’espace et le temps. Les témoins se répartissent, en fonction de leur origine, entre les domaines français (58%), insulaire (23%), italien (16%), hispanique (2%) et germanique (2%).

Vient ensuite un important chapitre consacré au profil textuel des bibles portatives. Celles qui furent éditées par les libraires de Paris se distinguent par un choix de livres communs, organisés selon un ordre précis, divisés chacun en un nombre de chapitres stabilisé, précédés de 64 préfaces et suivi des Interpretationes hebraicorum nominum ‘AAZ apprehendens’. Les techniques parisiennes de mégissage, qu’aucun autre lieu de production n’a pu égaler, ont permis tout à la fois l’usage de parchemins très fins, des cahiers plus épais, une optimisation de l’occupation de la surface écrite et une écriture à la fois miniaturisée et peu abrégée.

Le noyau textuel commun des BP représente une évolution par rapport aux périodes antérieures, notamment avec l’intégration du livre de Baruch. L’adoption d’autres écrits se fait plus hésitante. Les BP incorporent selon des proportions variables des écrits à l’authenticité discutée que le Moyen Âge qualifiait d’apocryphes. Le critère de leur réception n’était en effet ni la référence à un canon ecclésiastique, jamais vraiment défini avant les conciles de Florence et de Trente, ni la seule origine hébraïque à laquelle correspond la notion de « canon » dans la tradition latine héritière de Jérôme et Augustin, mais, outre la cohérence des contenus avec le donné biblique, l’identité de l’auteur et la réception ecclésiale. Les textes en question - la Prière de Manassé qui fait suite à 2 Par. 36, 3-4 Esdras, l’épître à Laodicée, le Ps. 151 etc.) - sont en grande partie des centons d’autres livres bibliques déjà en circulation dans les bibles plus anciennes. Les raisons de leur choix ne sont explicitées nulle part. Elles intriguent d’autant plus que les bibles italiennes en contiennent d’autres, comme la prière de Salomon (Sir. 52) que CR ne semble pas avoir croisés dans son corpus.

Le troisième livre d’Esdras, présent dans seulement 46% des bibles portatives d’origine insulaire, est attesté dans 93 % des exemplaires produits à Paris, alors que les maîtres de l’Université et les correctoires dominicains et franciscains l’ignorent jusqu’à la fin du siècle. On ne peut manquer de voir dans la présentation solennelle au peuple d’Israël des Écritures restaurées (3 Esdr. 9), véritable ‘pacte social’, conclu sous l’égide des prêtres, la figure du clergé grégorien, formé à la prédication par l’école biblico-pastorale, et du rôle qu’il prétendait jouer sur la chrétienté par la sacramentalité des textes sacrés, codifiés, proclamés et interprétés.

Le chapitre 5 analyse le support et la structure matérielle des bibles portatives. Il fait un sort au mythe des bibles en peaux d’animaux mort-nés, classe par origine les techniques de réglure et d’organisation des cahiers. Les chapitres 6 à 8 sont une démonstration virtuose du potentiel de la codicologie quantitative, plus convaincante lorsqu’elle dispose de données mesurables que lorsque l’appréciation de données qualitatives renvoie à des sources extérieures à la matérialité du livre. Ces pages mettent en perspective les conséquences de la réduction de format sur la mise en page, la proportion des feuillets, la disposition du texte, les rapports entre marge et cadre d’écriture, sans oublier l’impact de la rognure sur les critères de taille retenus. L’analyse des mises en page (chap. 6) rend compte des interactions entre la taille des bibles, l’exploitation de la page, l’écriture (chap. 7), la signalétique des paratextes mineurs (décors, rubriques) (chap. 8). Tous les paramètres codicologiques, depuis le choix des livres bibliques jusqu'au diamètre de la lettre o et à l’épaisseur des feuillets sont passés en revue, quantifiés, mis en tableau, contextualisés. Le chapitre 9 fait la synthèse des signes distinctifs textuels, paratextuels et codicologiques qui permettent d’identifier l’origine géographique des manuscrits. « Les pratiques artisanales [...] dégagées doivent être interprétées comme des tendances de fond qui comportent de nombreuses exceptions » (p. 155). « Paris mérite un traitement à part : les solutions appliquées s’y distinguent toujours par leur caractère extrême et leur homogénéité. C’est à Paris qu’on met au point les pratiques les plus novatrices et les plus accomplies » (p. 156).

Le dernier chapitre tente d’éclairer l’identité des commanditaires et usagers. Elles n’étaient pas naturellement accessibles aux ressources des religieux mendiants, sinon par dons et transmission ad usum au sein des communautés. Leur prix devait permettre de nourrir un copiste pendant au moins un an, à supposer qu’il n’eut pas d’autre activité rémunératrice[1]. Pourtant toutes les informations disponibles mettent en évidence un rapport majoritaire avec les dominicains. Mais les indices explicites sont si faibles qu’on en viendrait à douter de la force du lien établi si d’autres paramètres, extérieurs aux bibles portatives, ne venaient rassurer. Il faut bien reconnaître que, sur ce point la codicologie quantitative, réduite à des conjectures, sort quelque peu de son lit. Ce qui n’empêche pas d’afficher des pourcentages impressionnants. Au xiiie siècle, 69% des bibles portatives avec indications d’usage ont été aux mains de frères mendiants (tableau 158). Mais il ne s’agit que de 25 manuscrits (sur les 36 qui ont des indications de possession), soit moins de 1,5% du grand corpus. Les maîtres de l’université restent discrets, avec seulement 5,6% et 2 bibles portatives. On apprend (tableau 159) que 18% des bibles portatives de provenance localisable sont possédées en Allemagne par des maîtres de l’Université, contre 13% en France. Mais il s’agit encore d’un échantillon de 13 manuscrits où seules 2 bibles sont de provenance germanique et 4 de provenance française. Ce n’est pas la démonstration du titre de l’ouvrage la plus convaincante qu’on puisse attendre – elle ne se réduit pas à ces chiffres – mais c’est la preuve inestimable de l’honnêteté de la démarche et de sa transparence.

Les index et les annexes couvrent le tiers de l’ouvrage. Outre la liste sèche des cotes du grand corpus, on y trouve la liste des bibles effectivement consultées, avec 12 caractéristiques codicologiques : statut matériel, datation, origine, nombre de feuillets, nombre le plus fréquent de feuillets par cahier (« cardinal majoritaire »), nombre de lignes par colonne, présence d’initiales, ordre des livres ; l’annexe 3 détaille l’ordre interne des 69 bibles du petit corpus qui ne sont pas conformes au standard parisien ; il est suivi du tableau des 36 bibles du corpus qui portent une mention de date (14 du xiiie s., 7 du xve s.), de lieu (5 dont 3 en Italie, 1 à Toulouse, aucune à Paris) ou de copiste (24), et d’une fiche descriptive de la plus ancienne bible portative datée (1234) : Dôle, Bibliothèque municipale, ms. 15.

Cette enquête met en évidence les marqueurs de la production française (principalement parisienne), italienne et insulaire. Les paramètres de « l’habillage parisien » se trouvent conjugués « parfaitement » dans 80% des exemplaires portatifs copiés à Paris. Mais eux-mêmes ne présentent « que » 31% des bibles copiées au xiiie siècle (p. 73). Autrement dit, l’examen des manuscrits des seules bibles portatives n’épuise pas la réalité de la Bible latine du Moyen Âge tardif. Celle-ci, depuis l’achèvement de la Glose ordinaire à la fin du xiie siècle jusqu’à la promulgation de la Vulgate Sixto-Clémentine en 1593, n'a cessé d’évoluer.

Un constat se vérifie tout au long de l’ouvrage. Capitale de la mode, Paris inspire mais ne nivelle pas, laissant au « prêt à porter » codicologique la liberté de l’adaptation. Son influence est d’abord fonctionnelle et à géométrie variable, conduisant à des hybridations formelles et textuelles. Celles-ci posent la question des modalités de transmission du texte. La division de la Bible en chapitres adoptée par les stationnaires parisiens est le paramètre des bibles portatives parisiens qui a eu le succès le plus immédiat. Elle était déjà connue par Étienne Langton qui l’avait d’abord critiquée, puis améliorée durant son exil (1205-†1228). Mise au point pour les concordances bibliques dominicaines, elle fut stabilisée sous l’effet de masse de son adoption dans les bibles portatives, s’appliquant aux exemplaires anciens comme aux bibles nouvelles. Encore faut-il signaler que cette uniformité cache de nombreuses variations non accidentelles, concernant surtout le début des chapitres. Leur prise en compte, bien que fastidieuse, me semble susceptible d’identifier des sous-groupes au sein même du corpus.

Le Texte et sa diffusion

L’A. observe que les préfaces et surtout la lettre du Texte sont les éléments les plus instables du format étudié. On ne saurait s’en étonner. Une bible est d’abord un ‘texte’ qui, comme son l’indique l’étymologie, est un tissu de traditions. En régime chrétien, l’uniformité de la lettre des Écritures est seconde par rapport à leur sens. L’exégèse s’accommode de la diversité de la lettre parce qu’elle se nourrit de la pluralité des sens, pourvu qu’ils concordent dans l’unité de la foi, explicitée par le « consensus » des Pères et des docteurs.

Par la collation systématique de deux chapitres de l’Ancien Testament, CR réussit néanmoins à identifier deux leçons qui ne se retrouveraient pas dans les bibles portatives de facture non parisienne (Rt. 1, 7 : inversion simple ; Iob 1, 4 : vinum). Ce constat – globalement exact - n’a pas la prétention de nier la complexité des versions en circulation dans la Bible du Moyen Âge tardif. Il conduit l’A. à postuler l’existence d’un archétype dont dépendraient les bibles d’origine parisienne et le recours à une méthode de copie apparentée à la pecia mais distincte du système de contrôle de la diffusion des textes universitaires[2]. Aucune trace explicite n’atteste que l’Université ait pris la responsabilité d’authentifier le texte biblique (p. 19).   Ce qu’on a longtemps qualifié de « listes de taxation parisienne » s’apparente plus en réalité à des catalogues de libraires qu’à des documents institutionnels. L’absence de tout changement de pièce visible  dans les bibles de petits formats, leur homogénéité graphique et leur « continuité modulaire » indiquent que chaque exemplaire était exécuté par un seul copiste sans solution de continuité. Il faut dès lors oublier le mythe d’un exemplar parisien unique divisé en quelque 120 cahiers de deux ou trois bifeuillets sans reliure, éparpillés entre autant de copistes, fidèlement reproduit jusqu’à Gutenberg. Leur copie aurait obligé à une organisation synchronisée et à un calibrage millimétrique de l’espace nécessaire aux pièces en attente qui n’ont laissé aucune trace. Il est plus réaliste de postuler, chez les professionnels et pour ce type de production hautement spécialisée, l’existence de plusieurs modèles, confirmée par l’analyse des vestiges rassemblés dans le manuscrit 37 de la Bibliothèque Mazarine. Pourquoi alors ne pas envisager le maintien du système ancien de copie à partir de cahiers entiers d’un même livre, répartis entre les ouvriers d’un atelier ? Sans doute préparés à partir de manuscrits témoins, communs à une corporation, ils s’apparenteraient à des bibles ‘exemplarisées’, révisées avec plus ou moins d’acribie à partir de ‘recettes’ indiquant l’ordre des livres, les paratextes, les divisions en chapitres et des listes de leçons.

J’en veux pour preuve l’exemplar parisien du texte des Psaumes conservé dans le ms. 37 de la Bibliothèque mazarine  (sigle BLAMAT ΩX) composé de plusieurs épaves d’exemplars d’origines différentes, annotées et corrigées par des mains parfois tardives. On y observe notamment la réécriture ou la correction du texte de première main et le recours à des feuillets de récupérations arrangés pour permettre le tuilage entre des pièces d’autres origines[3]. Les titres bibliques, parfois omis par le rubricateur du premier état, y sont ajoutés par une main plus tardive.

Les collations, encore très partielles, publiés en apparat de l’édition électronique de la Vulgate du Moyen Âge tardif (https://gloss-e.irht.cnrs.fr/) recensent à ce jour quelque 25000 lieux variants. Leur immense majorité s’apparente à des leçons déjà attestées, à des réminiscences bibliques ou liturgiques. On y observe deux tendances nettes. Dans un premier groupe, principalement français et parisiens, incluant les vestiges d’exemplars du manuscrit 37 de la bibliothèque Mazarine (ΩX), les traditions textuelles se mélangent et répondent grosso modo aux critiques de Roger Bacon à l’encontre du texte des stationnaires parisiens. Le second groupe réunit des manuscrits plus cohérents textuellement, extérieurement moins homogènes, dont le texte tend à se rapprocher de la version hiéronymienne restaurée par nos éditions critiques. Les deux groupes – on ne saurait parler de familles – sont représentés par des témoins d’origine parisienne de tous formats. Ceux du second groupe sont un peu plus tardifs ; souvent dominicains, ils s’accordent avec des manuscrits méridionaux ou italiens, l’exemplar de Novare et la grande bible à pièces du collège d’Espagne de Bologne. Les deux lignées se rejoignent, selon des proportions différentes, et se prolongent dans les bibles imprimées du xve siècle, pandectes (Gutenberg) et glosées (édition princeps de la Glose ordinaire, 1481). La lettre des bibles de Paris est donc tout sauf homogène ; elle a fait l’objet de corrections ininterrompues relayées par d’autres vecteurs que les BP.

L’ouvrage fourmille d’informations dont l’intérêt dépasse le domaine biblique. La méthode suivie fait prendre conscience de la complexité de l’exercice de datation, que nous réduisons trop souvent à la consultation des oracles pythiques, alors que l’analyse codicologique donne des résultats convaincants. Elle montre aussi qu’on ne peut pas tout savoir: il est plus facile de localiser la production d’un livre que de la dater. La façon dont le temps imprègne la subjectivité humaine, les gestes, les artéfacts, les traditions qui concourent à leur fabrication, n’est ni constante, ni homogène. Le facteur humain résiste mieux à l’usure du temps que la matière à l’entropie. Certains voudraient dater des manuscrits à la décennie près en fonction de la position de la première ligne d’écriture dans le schéma de réglure (‘règle’ de Kher’). L’A. se garde de le faire : il ne s’agit que d’une hypothèse d’interprétation délicate, concernant certaines formes de mises en page glosées dans des manuscrits insulaires.

Contemporaines du premier essor de la faculté de théologie de l’université de Paris et des ordres mendiants, le rapport des BP avec le commerce du livre parisien fait de ce corpus le témoin remarquable d’une « révolution dans l’usage du texte biblique » au xiiie siècle (p. 207). Le rapport entre Texte et tradition herméneutique s’en trouve modifié, certes encore imperceptiblement, puisque la formation théologique se fait toujours et plus que jamais par la lecture scolaire de la Bible glosée. Celle-ci continue au xiiie siècle à surpasser en nombre de volume et en taille les BP, tout au moins au vu des volumes conservés. Le recensement, encore en cours, des bibles latines avec commentaires (IRHT base GLOSSEM) dénombre à ce jour plus de 11600 livres bibliques associant Texte et commentaires réunis aujourd’hui dans quelque 5200 volumes in folio conservés, dont 2400 pour le xiiie siècle.

En même temps qu’elle se donnait les ailes de Mercure pour ‘voyager léger’, la bible des libraires de Paris laissait au gîte d’étape les semelles de plomb de la Bible glosée, apanage des maîtres de la Page sacrée. Elle simplifiait d’une certaine façon l’accès au Texte. Elle s’éloignait aussi du contexte scolaire. Avec elle, l’Écriture se présente dans le creux d'une main ouverte et devient familière. L’évolution n’est en aucun cas structurelle. Elle n’implique ni perte de sacralité ni rejet de l’exégèse doxographique. Mais elle prépare les ruptures de la fin du Moyen Âge : le Sola Scriptura de Luther et l’affranchissement des commentaires tardifs, prôné par les Humanistes.

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Il n’y a pas de bon livre qui ne pose questions. La thèse de Chiara Ruzzier invite à la réflexion.

Concernant la méthode quantitative, il importe de mettre le lecteur en garde contre les biais qui guettent une lecture trop rapide des chiffres. L’approche statistique libère de l’impressionnisme des sondages. Toutefois, comme on l'a déjà noté, les échantillons sont inégalement représentatifs. La transformation des valeurs absolues en valeurs relatives pourrait faire illusion. Les fréquences, si importantes qu’elles soient, ne sont pas généralisables. L’aporie de Patricia Stirnemann selon laquelle, à propos du Moyen Âge, on ne peut jamais dire ‘toujours’, pas même pour toujours dire qu’il ne faut jamais dire ‘toujours’, trouve dans cet ouvrage une parfaite illustration. Par exemple, l’adoption de la structure en cahiers de 12 feuillets est un fait qui concerne 77% des bibles « sûrement d’origine parisienne ». En déduire que « la domination des duodénions est presque absolue » en France (p. 106) est une interprétation. Sortie de son contexte, elle pourrait inciter à considérer comme français tout livre où le duodénion domine.

L’effet statistique est lui-même conditionné par l’effet documentaire. Les manuscrits ne sont que les vestiges de la production réelle. Ils ont été conservés dans des proportions qui varient d’un pays à l’autre en fonction des aléas de l’histoire. CR en a conscience. Elle ne sacrifie aux simplifications que lorsqu’elle y est contrainte par les impératifs de la clarté. Il est à craindre que cette prudence ne sera pas partagée par tous. Ce livre doit donc être lu de la première à la dernière ligne. Toute extrapolation risque de déformer un propos où chaque nuance compte.

Je ne saurais conclure sans aborder les questions de terminologie. Les notions d’étude de la Bible, de Bible parisienne et de Texte de l’Université auxquelles il est régulièrement fait appel, demandent qu’on s’y arrête pour éviter tout quiproquo.

Bibles portatives et livres d’études ?

Il paraît tout d’abord quelque peu réducteur de dire que la Bible n’aurait été, avant le xiiie siècle, que « livre d’autel, de réfectoire et d’apparat » avant de devenir, à l’université et grâce aux bibles portatives ; « avant tout un livre d’étude, de consultation et de prédication, perdant au passage une partie de son caractère sacré » (p. 9). De Sedulius Scott à Pierre le Chantre, la formation des clercs repose sur l’étude de la Bible, en l’absence d’université et de bibles de poche. Benoît de Nursie a fait de la lectio divina l’occupation première de ses moines. Depuis Cassiodore, jusqu’à Cîteaux et au-delà, elle se pratique à partir de bibles de tous formats et surtout des bibles avec commentaires. Celles-ci deviennent, avec la réforme grégorienne, le support ordinaire de la formation des clercs. Au xiiie siècle, l’enseignement de l’Écriture est dispensé d’abord dans les studia provinciaux et les écoles cathédrales ; l’université reste l’apanage des élites. Ni le mode de production des bibles portatives, ni la réalité de l’enseignement, ni leur coût ne les rendaient accessibles à la masse des fratres communes. Leur nombre, au dire d’Hugues de St-Cher vers 1236, dépassait déjà les dix mille pour les seuls frères mineurs (In Ps. 67, 18). La bible portative n’est pas un livre d'étude au sens scolaire du mot. Rien ne permet d’affirmer que l’Université, comme institution, en fut l’origine ni qu’elle l’ait reçu formellement comme telle. Comme le note CR, « il faut admettre que les traces directes de l’usage de bibles portatives dans ce milieu sont bien rares » (p. 194). La bible portable est d’abord destinée à une lecture d’imprégnation, typique de la vie religieuse. Selon la formule d’un catalogue ancien (p. 197), c’est un livre de lecture quotidienne : biblia in qua cotidie legitur. L’absence de marginalia (p. 220) le confirme. Elle accompagne prélats et prédicateurs dans leurs déplacements pour nourrir la lectio divina et aider à la préparation des sermons. Elle se tient à deux mains. Qu’on la pose sur une table, elle se ferme aussitôt...

Si la bible portative n’a rien changé aux formes traditionnelles de l’enseignement des Écritures, elle témoigne toutefois d’une simplification du rapport à l’Écriture qui a trouvé dans le format portatif un véhicule codicologique adapté aux conditions existentielles des nouvelles sociologies cléricales du Moyen Âge.

Bible portative et « Texte de l’université »

CR dénonce à bon droit l’ambiguïté de l’expression « Bible de Paris », mais elle ne tire pas toutes les conséquences des observations qu’elle a elle-même soigneusement établies. « Bible de Paris » ne devrait désigner que « l’ensemble des attributs du texte biblique élaboré […] à Paris au début du xiiie siècle, appelé aussi "texte de l’Université" et diffusé ensuite dans une partie des manuscrits d’autres origines » (p. 5).  La lecture de la thèse me convainc au contraire qu’il faut renoncer à l’équivalence entre bible portative et Bible de l’Université, et plus encore à la notion même de « texte de l’Université ». Le mot « texte » n’est pas des plus heureux pour désigner ce qui relève plutôt du paratexte et de la disposition du texte. La mention de l’Université est encore plus inadéquate. Le seul « Texte de l’Université » qu’on connaisse au xiiie siècle est le Texte des bibles glosées que commentaient les maîtres de la Page sacrée et leurs bacheliers. Les caractéristiques propres aux bibles de poche s’y retrouvent à peine, hormis la division en chapitres et quelques prologues. L’ordre des livres fixé par les bibles portatives ne se retrouve que partiellement dans l’économie des volumes de la Bible glosée. Celle-ci associe parfois les textes différemment en fonction de leur longueur ou de parentés thématiques, comme lorsque le Cantique des cantiques est relié avec l’Apocalypse ou les épîtres canoniques. Le texte de la Bible du commerce du livre est critiqué par les maîtres de l’Université jusqu’au milieu du 14e siècle. Ses leçons sont parfois même qualifiées de « ridicules »[4]. Hugues de St-Cher commente Baruch, mais ignore les autres apocryphes insérés dans les bibles portatives. Il faut attendre 1330 pour que Nicolas de Lyre soit le premier à commenter le 3e livre d’Esdras, hors du cadre universitaire, en maugréant, et à la suite de tous les livres authentiques, « pour que les simples comprennent qu’on ne peut pas lui accorder la même autorité »[5]. Que ces bibles aient été destinées à l’universitas scholarium est une chose. Qu’elles aient été reçues par l’universitas magistrorum en est une autre. Il serait moins équivoque de parler à leur sujet de “bibles des libraires de Paris”, élaborées par le commerce du livre parisien pour répondre à la demande du public clérical aisé qui, à proximité de la cour, n’était pas qu’universitaire. Elles furent utilisées par les prêcheurs de toutes robes pour des raisons pratiques et comme par ricochet. Répétons-le :  la notion de Texte de l’Université renvoie à un texte authentifié et officiel, ce que les bibles portatives ne sont pas comme CR le  note elle-même sans ambage. CR entend plutôt par Texte de l’Université une sorte de Bible augmentée ou de Bible universelle qui incluait de façon compréhensive le plus large éventail des textes bibliques en circulation. Mais ce n’est pas l’acception que la critique biblique et l’histoire de l’enseignement donnent généralement à l’expression « Texte de l’Université ». En outre, ce qui se vérifie pour les livres bibliques, ne vaut pas pour les préfaces dont le corpus est plus diversifié dans les bibles glosées que dans les bibles portatives. Il est donc malheureux que CR présente comme une évidence une expression qui ne l’est pas et prêtera à quiproquo.

Quant à la Bible de Paris, elle est trop diverse pour conserver sa majuscule. Selon les préconisations de CR, on appellera “bibles de Paris” celles qui ont été fabriquées à Paris, et "bibles de type parisien" celles qui se présentent avec l’habillage décrit mais sans y avoir été copiées.

En ce qui concerne le Texte proprement dit, c’est-à-dire la version de la Vulgate transmise, on pourra parler de “Bible des libraires de Paris” pour désigner le textus receptus parisien diffracté dans les bibles de petit formats d’origine parisienne par l’intermédiairs des différents relais philologiques du modèle initial, si tant est qu’il y ait eu un. Il convient donc dès à présent de distinguer la Bible du commerce du livre parisien des versions parisiennes de la Bible dont le texte a été révisé par les érudits qui, de Hugues de Saint-Cher à Guillaume Breton, en passant par Guillaume de Mara et Thomas d’Aquin,  ont pris acte des textes en circulation et cherché à en améliorer la qualité philologique. Les bibles de chœur de St-Victor de Paris, de St-Jacques de Paris ou des dominicains de Lille, ont elles aussi été copiées par les artisants du livre parisiens alors que leur texte a été amendé de façon différente  et porte les traces de corrections qui ne témoignent pas d’un texte homogène. Les bibles portatives ne sont qu’un des visages pris par la Bible à Paris au xiiie siècle, exceptionnel par bien des aspects au vu du labeur qui leur a été consacré. Il n’est plus possible désormais ni d'identifier la Vulgate du Moyen Âge tardif avec les bibles produites à Paris, ni de réduire celles-ci à une version unique.

Bien que consacrée à l’étude codicologique des bibles portatives, la publication de la thèse de Chiara Ruzzier a valeur d’événement pour l’histoire de la Bible latine du Moyen Age tardif. Elle apporte un éclairage encore inégalé à l’histoire de la partie la plus répandue – ou tout au moins la plus conservée – de la production biblique parisienne du 13e siècle. Elle en analyse le contenu, en décrit l’agencement, les modalités de transmission et cherche à en identifier les destinataires. Les résultats de cette enquête démontrent que le modèle portatif a été pensé et produit par les milieux du commerce du livre parisien, dans l’intention de répondre à la demande d’une nombreuse clientèle cléricale attirée à Paris par l’Université. Imitée dans d’autres aires culturelles, principalement en Italie et en Angleterre, la qualité de la production parisienne n’a jamais pu y être égalée. Toute l’étude démontre que les bibles portatives, malgré un haut degré de standardisation, ne contenaient pas l’édition « universitaire » d’une Bible stabilisée, vérifiée, authentifié par les instances de la faculté de Théologie selon le système strict de la pecia, au sens, somme toute fantasmé, suggéré par la doxa diffusée par l’historiographie contemporaine. L’ouvrage démontre au contraire que, même à partir d’une approche codicologique, le texte des bibles portatives ne répond pas exactement à ces critères.

Enfin le rapport du texte des bibles portatives aux ordres mendiants est plus complexe qu’il n’y paraît. Si la masse des étudiants prédicateurs a pu en faire un large usage pour des raisons pratiques, les maîtres ont plutôt travaillé à en corriger le texte. L’examen des postilles d’Hugues de Saint-Cher et de Nicolas de Lyre, des correctoires bibliques, des commentaires bibliques des 13e et 14e siècles, la collation des manuscrits, des bibles de choeur dominicaines et finalement des bibles glosées elles-même montre une prise de distance critique des maîtres mendiants à l’égard de cette version commerciale de la Bible diffusée à Paris.

En conclusion, il conviendrait peut-être de distinguer plus nettement entre

-         la Bible des libraires de Paris, copiée par milliers d’exemplaires à Paris à partir de modèles ou d’exemplar qui étaient tout sauf exemplaires, dont les bibles portatives de Paris sont sans doute les témoins les plus représentatifs ;

-         les autres recensions parisiennes de la Bible, de tous formats, produites principalement au sein des ordres mendiants sans que jamais l’Université n’ait pu ni en fixer le texte par un consensus général, ni adopter un autre « Texte » que celui de

-         la Bible glosée universitaire, reconnaissable par l’adoption de la mise en page « puzzle » caractéristique de la production parisienne du 13e siècle[6], seul véritable Texte  de l’Université, puisque seul commenté par les maîtres des Studia mendiants et universitaires de la théologie. Diffusée également par pièces sans qu’aucun exemplar n’ait survécu, la Bible glosée présente un Texte beaucoup moins stable que celui des bibles portative, comme le montre en particulier la collation des préfaces et pièces liminaires de première main. Le report de certaines sentences sur des feuillets ou côté de feuillets différents de ceux qui comportaient le lemme commenté, La mise en page,

Lorsque Chiara Ruzzier parle donc du « Texte de l’Université » à propos des bibles portatives, cette expression désigne chez elle les caractéristiques extérieures et l’agencement du contenu des bibles produites à l’intention du public clérical par le commerce du livre parisien. Je sais gré à son amitié de me l’avoir confirmé et précisé, dans le cadre de nos échanges au sujet de l’histoire de la Bible parisienne, évitant ainsi tout malentendu.

L’histoire du texte de la Bible à Paris reste à faire, mais elle est désormais mieux balisée. Elle invite notamment le philologue à comparer les bibles portatives non seulement entre elles, mais avec le reste de la production parisienne pour mieux identifier les sous-familles qui la composent. Il sera particulièrement difficile de savoir si celles-ci se sont développées simultanément et en concurrence, ou successivement et en réaction les unes par rapport aux autres. Le chantier est immense, mais le microcosme parisien, la possibilité d’identifier avec une relative assurance les manuscrits copiés à Paris et les témoins remarquables des milieux intellectuels et ecclésiastiques en présence rendent les enjeux passionnants et ouvrent des perspectives réjouissantes aux recherches futures.

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Plus que l’examen clinique d’un échantillon de manuscrits du xiiie siècle, le livre de Chiara Ruzzier est une remarquable synthèse. Les historiens, qui tracent leur route à la machette dans les broussailles de la Bible latine, voient soudain se dessiner devant eux les perspectives d’un jardin à la française dont les lignes doivent leur netteté autant à la cohérence de l’ensemble étudié qu’à l’art du jardinier. Son approche méthodique et quasi exhaustive fait de cet ouvrage un des fruits les plus aboutis et les plus stimulants que l’étude des bibles latines ait produit depuis longtemps. Le confort de lecture du format in-quarto, qu’aucune poche ne saurait contenir, met en valeur l’agrément d’une langue limpide et fluide. Il s’en dégage autant de maîtrise que de maturité. Nul doute qu’il fera date.

Martin Morard

(IRHT-CNRS Paris)

 



[1] On estime qu’un copiste professionnel écrit en moyenne 4 ou 5 colonnes par jour (je remercie ma collègue Maria Gurrado pour cette information).

[2] L’article de CR consacré au rôle de la pecia dans la fabrication des bibles, rédigé après la soutenance de la  thèse mais publié avant la publication de celle-ci, est encore plus explicite. Si la copie de bibles par le recours pragmatique à de quasi exemplars est avéré à Paris et Bologne, au moins à la fin du xiiie siècle, son utilisation pour la copie des bibles de petit format reste conjecturale. Cf. Ch. Ruzzier, « Quelques observations sur la fabrication des bibles au XIIIe siècle et le système de la Pecia », Revue bénédictine, t. 124 (2014), p. 151-189. - Contrairement à la lecture que fait de cette étude R. Rouse, je pense que rien n’autorise à voir les dominicains derrière l’établissement du texte souche de la Bible des libraires de Paris. Que les prêcheurs aient eu des liens étroits avec la famille du stationnaire Guillaume de Sens ne fait pas de doute. Qu’ils aient peut-être pratiqué la mise en pièce de modèles pour en accélérer la copie à l’intérieur de leurs studia est probable. Que les stationnaires leur aient emprunté l’état des capitulations langtoniennes améliorées à l’intention des concordances est plus que probable. Mais qu’ils aient collaboré à l’établissement du texte des souches textuelles du commerce du livre de Paris me paraît être contredit par l’existence même du correctoire d’Hugues de St-Cher et des correctoires de St-Jacques et de Sorbonne 1 et 2. Tout au plus peut-on concéder que le texte des libraires est un peu moins distant des corrections dominicaines que des corrections franciscaines, beaucoup plus critiques et parfois de manière acerbe. Cf. Richard Rouse, « The Impact of the Dominicans on Books at the University of Paris, 1217-1350 », The Medieval Dominicans: Books, Buildings, Music, and Liturgy, ed. Eleanor J. Giraud and Christian T. Leitmeir, Turnhout, 2021, p. 31–50.

[3] Ainsi, l’indication de la fin de la 32e petite pièce intervient au bas de la colonne a du recto du f. 235, ce qui convient davantage à un manuscrit témoin sur lequel on a reporté le texte et la division des pièces en circulation qu’à un exemplar composé de l’assemblage de ces pièces mêmes dont le début et la fin ne peuvent que se situer au début et à la fin de bifeuillets comme on le voit nettement sur l’exemplar de Novare ΩN.

[4] Cf. Biblia communis (3Esr. 1 :15).

[5] Colophon de la postille littérale sur les livres apocryphe (In 3Esr. 9, 56) : « Ego igitur gratias ago Deo qui dedit mihi gratiam scribendi secundum modulum ingenii mei super omnes libros in Biblia contentos, primo super illos qui sunt de canone incipiendo a Genesi et percurrendo usque ad finem Apocalypsis, excepto fine Ezechiel cuius expo<sitio>nem ex causa rationabili  retardavi ; postea vero super illos qui non sunt de canone incipiendo a libro Tobie et terminando in libro qui dicitur secundus Esdre ut sic per hanc distinctionem librorum et ordinationem  appareat simplicibus qui libri sunt canonici et qui non et qui maioris auctoritatis et qui minoris ».

[6] Voir à ce sujet Martin Morard, Codicologie des bibles latines glosées in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2022- 2024. https://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/page.php?id=56


Comment citer cette page ?
Martin Morard, Bible des libraires de Paris ou Texte de l’Université ? A propos des bibles portatives in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2024. Consultation du 02/05/2024. (Permalink : https://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/page.php?id=193)