Le titre de la Catena aurea

page mise en ligne par Martin Morard, le 20.1.2024, mise à jour le 7.4.2025 (version 2)       

Nicolas de Fréauville (salle du chapitre de San Nicolo de Trévise, fresque de 1352)=>

1.              Si l’autenticité thomasienne de la Catena ne pose plus question[1], l’histoire de son titre est une épopée semée d’embûches.

2.              Les commentaires bibliques médiévaux n’ont pas de titre propre ni de titre de forme. Lorsqu’on a ressenti le besoin de leur en donner un pour les cataloguer, ces titres sont à interpréter avec prudence. La compréhension de la typologie et du contenu réels des oeuvres évolue avec les milieux récepteurs ; la façon dont celles-ci sont désignées évolue elle aussi.

3.              Les titres anciens ne révèlent souvent que les présupposés de ceux qui les formulent. Ils diffèrent, parfois à l'intérieur du même volume ou sous la plume du même auteur, à la même période et dans les mêmes milieux. Le  plus souvent deux informations seulement sont données : le nom du livre biblique commenté et une préposition qui indique qu’il est commenté (In, Super).

4.              Tous les titres de formes de commentaires bibliques médiévaux, sans exception, sont équivoques. Les titres de forme spécifiques – commentarius, explicatio, expositio, glossa, postilla –ont été tôt ou tard utilisés l’un pour l’autre[2].

5.              Quant au nom de l’auteur, il ne s’impose que tard, à la fin de la première moitié du 13e siècle. La majorités de commentaires bibliques du Moyen Âge central sont anonymes. Et lorsque la fama de maîtres disparus invite à leur attribuer une oeuvre qui la justifie, les attributions posthumes ont été plus généreuses qu’exactes, garantissant aux historiens migraines et nuits blanches à la recherche d’impossibles preuves.

6.              Faute de distinguer titres de forme et titres propres, les éditeurs de commentaires bibliques dépensent des énergies inutiles à discuter des titres de formes attribués aux oeuvres qu’ils éditent. A vrai dire, ces titres sont de peu d’intérêt, parce qu’instables et mal définis, moins révélateurs de l’intention des auteurs et de la nature réelle des commentaires que des usages lexicaux des bibliothécaires. Hors d’un contexte explicite, les mots qui qualifient le commentaire sont pour ainsi dire synonymes, même si ils peuvent avoir dans certains contextes une signification univoque.

Une titulature impossible ?

7.              Thomas d’Aquin n’a pas donné de titre à ce que nous appelons aujourd’hui la Catena aurea. L’épître dédicatoire de la CMT adressée à Urbain IV se contente de la définir comme une « explication continue de l’évangile à partir des écrits de plusieurs docteurs »[3]. Par cette expression, Thomas entend distinguer son projet de celui de la Bible glosée par sentences discontinues, faite de citations parsemées dans les marges du texte biblique,  et inscrire ainsi ses pas à la suite du commentaire de Pierre Lombard sur les Psaumes et saint Paul[4]. Seuls certains documents ont érigé la définition de l’épître dédicatoire de la Catena  en un titre comprenant l’expression expositio continua super quatuor evangelia"[5].

8.              Les autres titres médiévaux qui se lisent sur les manuscrits ou dans les catalogues mettent en valeur la nature de commentaire et de livre glosé de la Catena aurea. Ils renseignent donc sur le sens des mots qui décrivent une oeuvre par ailleurs bien connue. Leur équivocité ne met pas à l’abri de confusions, puisque les évangiles de Matthieu et de Jean ont été commenté intégralement deux fois par Thomas d’Aquin: d’abord sous la forme d’une chaîne exégétique – la Catena – puis sous la forme de commentaires scolaires reportés. Ainsi, « postilla super Mattheum » peut désigner en soi aussi bien la Catena aurea que la lectio super Mattheum.

9.              L’adoption de l’expression Catena aurea comme titre uniforme de l’Expositio continua super evangelia est le résultat tardif d’un processus lent, indissociable d’un renouvellement de la conscience herméneutique à la fin du 15e siècle, en lien avec l’hagiographie thomasienne d’une part, le néo platonisme thomiste de la fin du Moyen-Äge d’autre part, le développement du concept de chaîne exégétique d’autre part.

10.          Le terme même de chaîne, traduit en grec par σειρ, a été appliqué aux commentaires bibliques par mode de florilèges en référence à la Catena de Thomas d’Aquin. C’est en référence à la Catena que les érudits byzantinistes de la fin du 17e siècle et du 18e siècle ont appelé « chaînes » les commentaires patristiques similaires de la littérature exégétique byzantine, faisant de l’oeuvre de Thomas d’Aquin le premier analogué du genre littéraire auquel elle a emprunté ce qui en fait la richesse.

11.          Plus profondément, Catena aurea fait allusion au concept néoplatonicien de la chaîne d’or qui tire parti de l’image du rayonnement solaire  pour évoquer la diffusion et l’interconnexion des savoirs diffusés à la manière du rayonnement solaire. 

Le testament de Nicolas de Fréauville

12.          La plus ancienne attestation du titre de « Catena aurea » appliqué à l’exposition continua super evangelia daterait du testament du cardinal de Saint-Eusèbe, le dominicain Nicolas de Freauville, daté de 1321. Depuis Quétif et Echard[6], l’historiographie considère le testament du cardinal dominicain, Nicolas de Fréauville, ancien maître régent de Sorbonne, daté de 1321 en Avignon, comme la première attestation du titre « Catena aurea » appliqué à l’Expositio continua. Le testateur y lègue à ses anciens confrères du couvent de Rouen plusieurs ouvrages énumérés sans lien logique apparent : d’abord deux écrits de Thomas (une Summa  Contra Gentiles et une Secunda secundae, puis, plus loin, à la suite de livres destinés à la lecture au réfectoire et avant les objets liturgiques, mais « pour l’étude commune et sans autre usage possible » une « Summa quae dicitur Catena aurea »[7] :         
« Legamus [...]
Summam que dicitur Catena aurea pro communi studio, ita quod nulla ratione aliis usibus applicetur ».[8]

13.          Tous ces livres sont cités sans nom d’auteur. Quétif en déduit que Catena était déjà devenu à cette date le titre uniforme de la Glossa continua sur les évangiles et que, par conséquent, l’identification de l’ouvrage était déjà évidente pour tous en 1321.

14.          La connaissance que l’on a aujourd’hui des catalogues des bibliothèques anciennes, de l’histoire des titres et de l’ensemble de la tradition textuelle de la Catena aurea rend l’argument irrecevable. 1° Aucun autre document n’atteste l’usage de ce titre dans ce contexte avant 1465.         
2° Rien ne prouve que l’oeuvre mentionnée par le testament de 1321 soit bien la chaîne de saint Thomas. Aucun autre document ancien ne la qualifie de « somme », alors que plusieurs autres ouvrages portaient des titres proches qui justifieraient leur mention à part de la théologie. L’expression « Summa quae dicitur » renvoie à un usage acquis et fait partie du titre médiéval de collections canoniques connues comme la Summa que dicitur C<ausa> A<ssi>t, ou de recueils de distinctions comme la Summa Abel  de Pierre le Chantre
[9]. A partir du 16e siècle, on ne comptera plus les ouvrages d’auteurs médiévaux dans le titre desquels les éditeurs modernes ont ajouté l’adjectif aureus, à commencer par la Somme d’Azon (†1233)[10].
Catena aurea est un titre qui a été affecté à plusieurs autres oeuvres avant que le succès d’imprimerie rencontré par la chaîne thomasienne ne conduise, pour ainsi dire, à lui réserver le titre de Catena aurea. Si l’expression catena aurea  entre dans la composition du titre de plusieurs autres oeuvres après 1321, si les listes d’oeuvres de Thomas, canonisées avec lui à l’occasion des procès d’Avignon et de Naples entre 1319 et 1323 ne mentionnent jamais l’expression Catena aurea¸ c’est que le testament mentionnait probablement une autre oeuvre.

15.          A vrai dire, l’expression « chaîne d’or » apparaît dans la littérature à la fin du 14e siècle pour désigner d’abord des oeuvres autres que les commentaires de Thomas.      
- Le titre de « Catena aurea entium vel problematum series » est porté par l'encyclopédie philosophique et scientifique du dominicain Henri de Herford, composée en Saxe entre 1340 et 1370, date de sa mort, dont presque tous les manuscrits semblent du 14e siècle
[11]. Les mots « cat(h)ena aurea » font partie de l’incipit du traité - « Entium aurea catena vel cohaerentia seu consequentia... ». Ils sont répétés en tête de plusieurs des dix livres de l’ouvrage composé d'extraits d'Albert le Grand et de Thomas d'Aquin. Organisés en section ou maillons (ansae)¸leur assemblage forme une chaîne[12]. Plus tard, toujours en Allemagne, des manuscrits épars donnent le nom de chaîne à certains manuscrits des sermons de tempore de Ludolphe de Saxe[13] ou à un opuscule pseudo-bernardien[14]. En 1401, en Slovaquie, un manuscrit isolé de sermons est intitulé « Postille d’or » [15]

16.          Tout porte à croire que le copiste de l’expédition du testament éditée par Baluze, ou Baluze lui-même, connu pour sa tendance à restituer des passages sans prévenir le lecteur[16], auront été victime de l’erreur de perspective classique qui consiste à lire les sources anciennes à travers le filtre déformant de connaissances postérieures. On aura cru lire Catena aurea à la place d’une expression moins évidente ou de l’abréviation de mots commençant par C et finissant par A, comme copiosa, compendiosa, c<ontr>a…,  .

Les manuscrits de Linz et la donation de l’abbaye de Gärsten

17.          Les deux listes de titres procurées en annexe démontrent l’isolement total du testament de Nicolas de Fréauville. Plusieurs documents conservés, proches dans le temps dudit testament,  montrent que le titre de Catena était encore inusité[17]. Dans un acte du 1er octobre 1331, Albert II  von Sachsen-Wittenberg (1320–1342), évêque du diocèse de Passau, confirme solennellement la donation de vingt six livres destinés à la bibliothèque de l’abbaye bénédictine de Gärsten en Styrie par Otto 1er, restaurateur du monastère dont il fut abbé de 1317 à sa mort en 1333[18].  Juste après la Bible « placée en premier comme de raison », viennent, en tête des «  livres de théologie », « les quatre volumes postillés de Thomas sur les quatre livres des évangiles », puis un Contra Gentiles, une Secunda secundae, une partie du Scriptum sur les Sentences de Thomas et d’Albert le Grand ; viennent ensuite d’autres livres de second rang, littérature mariale, apocrypes thomasiens et Secretum secretorum du pseudo Aristote. Les manuscrits de la Catena sont encore conservés aujourd’hui sous les cotes Linz, AT-OOeLB, Hs.-446, 447, 448, 449 (Li446 Li447 Li448 Li449). Ce sont eux qui servent de manuscrit de référence à notre édition, non en raison de leur histoire, mais en raison des particularités philologiques du texte transmis.

18.          Le parallèle entre la donation-fondation de Gärsten et le testament de Nicolas de Fréauville est frappant. Dans les deux cas des prélats font donation à un couvent d’un groupe d’oeuvre de saint Thomas en partie identiques. Mais le titre « Catena » est bien évidemment absent du seul document conservé que je réédite et traduis ici[19].

 

1.               

1. Albertus dei gracia Ecclesie Patauiensis Episcopus universis[i] Christi fidelibus, ad quos presentes pervenerint, salutem in Domino.

Albert par la grâce de Dieu évêque de l’Eglise de Passau, à tous les fidèles du Christ à qui parviendront les présentes, salut dans le Seigneur.

2. Humane conditionis seu nominis mutabilitas, que per singula momenta tamquam aqua decurrens nascendo et moriendo quodam ordine naturali dilabitur, hac potissimum, ne similiter transeat cum tempore, sollerti vigilantia stabilitur, si aut bone operationis merito aut beate posteritatis pignore fulciatur, sapiente pro eorum altero attestante: Memoria iusti cum laudibus. Et iterum: Mortuus est pater eius et quasi non est mortuus, similem enim sibi filium dereliquit.

La mutabilité du nom et de la condition humaine s’efface en coulant comme de l’eau à travers chaque instant, selon l’ordre naturel qui fait naître et mourir. Pour éviter qu’elle ne passe de la même façon avec le temps, si elle est soutenue par le mérite d’un bon agir ou la grâce d’une heureuse postérité « la mémoire du juste et ses louanges » (Prv. 10 :7) est stabilisée par une vigilance attentive, comme l’atteste le Sage à propos de l’un d’entre eux. De même « son père est mort et c’est comme s’il ne l’était pas car il abandonne après lui un fils qui lui est semblable » (Sir. 30 :4).

3. Sane cum venerabilis frater et dominus Otto Abbas Monasterij Sancte Marie in Goersten nostre Dyocesis preter insignia edificiorum, que in eadem Ecclesia decorem domus et habitationis domini diligens infatigabiliter est operatus, Bibliothecam nichilominus eiusdem Ecclesie donatione Librorum quorundam viginti et sex videlicet voluminum numero sollicitudine et industria fratris Johannis dicti Monasterii professi elaboratorum satis habundeque decoraverit et ditarit,

ipsius memoriam et nomen apud posteros cum laudibus tanto dignius eatenus credimus reflorere, quanto affectuosius et devotius hiis pietatis operibus insudavit.

Etant donné que, en vérité, le vénérable frère et seigneur Otto, diligent abbé du monastère de Sainte-Marie de Gärsten en notre diocèse

- a travaillé infatigablement à la beauté de la maison et de l’habitation du Seigneur ;

- a aussi, en plus des remarquables édifices qui sont dans la même Eglise, embelli et enrichi assez abondamment la bibliothèque du même monastère par la donation de volumes au nombre de vingt six, élaborés par l’attention et l’industrie de frère Jean, profès du dit monastère,

nous croyons faire refleurir la mémoire et le nom de ce dernier auprès des générations suivantes avec des louanges d’autant plus dignes qu’il a sué jusqu’ici avec plus d’affection et de dévouement aux oeuvres de piété

4. Librorum autem predictorum sunt tituli infrascripti.

Primo Biblia ponenda sit ordine sicuti ratione,

Item libri Theologie, scilicet quatuor Volumina postillata Thome super quatuor libros evangeliorum,

Item Summa Theologie Thome Volumina duo, scilicet prima pars Theologie et Secunda Secunde.

Item Summa Thome contra gentiles,

Les titres des livres mentionnés sont les suivants :

– En premier, comme de raison, il faut placer la Bible ;

– de même les livres de la théologie, à savoir les quatre volumes postillés de Thomas sur les quatre évangiles ;

–la Somme de théologie en deux volumes, à savoir la Prima pars de la Théologie et la Secunda secunde ;

–la Somme de Thomas contre les Gentils

Item Albertus super Secundum sententiarum. Item Thomas super tertium et quartum sententiarum, volumina duo, Item Secretum sine Sigillum, Thome de sacramento Corporis Christi, Item expositio Apokalipsis, Item Libri Iuris volumina quatuor, scilicet Decretales, Sextus Decretalium, Decretum et Summa Johannis, que intitulatur Causarum sive confessionum. Item speciales libri de beata virgine, volumina quatuor, scilicet Laudes Thome, Item Sermones Anshelmi et Bernhardi Claravallensis et Magistri Frogrimi, Item Biblia beate virginis, Item de infantia salvatoris, sive vita beate virginis et Speculum beate Virginis in uno volumine, Item libri minoris quantitatis, scilicet Summa Theologice veritatis, Item Nona Legenda, Item Sermones Chunradini, Item alii Sermones de Sanctis per circulum anni, Item Secretum secretorum Aristotelis.

5. Divinum igitur cultum amplectentes, et prout expedit nostrique interest, promovere studiosius cupientes, eandem donationem laudabilem in singulis suis partibus sacramus, approbamus, ratificamus ipsam sacram, ratam et approbatam, presentibus protestantes, mandantes, ne quis predictos libros aut eorum quemlibet a supradicto Monasterio quoquo modo alienare audeat vel presumat.

Embrassant le culte divin et désirant le promouvoir avec plus de zèle selon qu’il convient et dans notre intérêt nous approuvons cette louable donation dans chacune de ses parties, la ratifions comme sainte, raisonnable et approuvée par la présente déclaration, ordonnant que personne n'ose ou présume aliéner de quelque manière que ce soit les livres susmentionnés ou l'un d'entre eux du dit monastère.

6. Siquis vero, quod absit, huiusmodi sacrilegium conmittere presumpserit, distractionis, venditionis vel alienationis titulo qualicumque preter penam sacrilegii, quam eundem eo ipso incurrere volumus, Distractionem, venditionem seu alienationem circa premissos libros aut eorum quemlibet factas auctoritate presentium censemus irritas et inanes.

Si quelqu'un, ce qu’à Dieu ne plaise, ose commettre quelque sacrilège de soustraction, vente ou aliénation, à quelque titre que ce soit, outre la peine du sacrilège que nous voulons qu’il encourre par le fait même,  par l’autorité des présentes, nous jugeons nulles et non avenues toute soustraction, vente ou aliénation faites au sujet des livres mentionnés ou de n’importe lequel d’entre eux.

7. Verum quia omne bonum in commune deductum plus proficit et clarius elucescit tam ad honorem Dei et conmendationem Ordinis quam etiam ad edificationem fratrum Monasterii supradicti, memoratos libros in Conventum pro tempore et prout visum fuerit recitari frequentius precipimus et audiri hortantes fratres eosdem supplicare deo omnium bonorum retributori, ut pro collatione et donatione munerum eorundem donatoribus conferatur ea que firma est, expectatio futurorum.

Cependant, parce que tout bien qui est réalisé en commun est plus profitable et plus éclairant, aussi bien pour l'honneur de Dieu et la recommandation de l'Ordre que pour l'édification des frères du monastère susmentionné, nous ordonnons que lesdits livres soient lus en communauté selon le temps plus fréquemment et selon qu'il semblera opportun, exhortant les frères à supplier Dieu rétributeur de tous les biens afin que pour la collation et la donation de ces bienfaits soit accordée à leurs donateurs la ferme espérance des biens à venir.

8. Et ut premissa et premissorum singula in sue permaneant robore firmitatis, presentes Sigillorum nostri ac prefati domini Ottonis Abbatis dicti Monasterii munimine voluimus insigniri.

Et pour que toutes et chacune des dispositions précédentes demeurent par force et fermeté, nous avons voulu signer les présentes de la garantie de notre sceau et de celui du seigneur Otton abbé du monastère mentionné.

9. Datum in supradicto Monasterio Garsten Anno Domini M°CCC°XXXI° in die Sancti Remigii Episcopi et confessoris.

Daté dudit monastère de Gärsten, l’an du Seigneur 1331, au jour de saint Rémi évêque et confesseur [1er octobre 1331]

 


[i] universis] vniuensis perperam Monasterium

Les manuscrits de Teodoro de Lelli

19.          Dans l’état actuel de nos recherches, l’expression Catena aurea appliquée à l’ouvrage de Thomas est absente des listes anciennes des écrits de Thomas[20], ainsi que des manuscrits médiévaux et modernes conservés, à une exception près.

20.          Le titre apparaît pour la première fois dans le frontispice armorié des volumes d’une Catena en trois volumes, somptueusement décorés à Rome en 1465 à la demande du prélat Teodoro Lelli [21]. Le premier volume (CMT) est perdu, mais on lit au frontispice orné des évangiles conservés (V795 et V797) : « Incipit expositio super Marcum et Lucam [V797 : Iohannem] quam beatus Thomas Aquinas doctor eximius ex diversis sanctis dictis excerpsit et catenam auream appellavit » (V795, f. IIv). Le colophon du copiste fait écho au frontispide : « ... scripsi hanc cathenam auream » (V795, f. 384v). On ne manquera pas d’être étonné par la formule « ... quam (Thomas Aquinas) catenam auream appellavit ». Je reviendrai plus loin sur les raisons de cette assertion. Le texte de ces manuscrits s’accorde par de nombreuses leçons, propres au groupe qu’il forme de ce fait avec l’édition princeps (Ed1470). L’un et l’autre ont donc un ancêtre commun proche, sinon direct.

21.          Le commanditaire de ce chef-d’oeuvre est l’évêque de Trévise Teodoro de Lelii (1427-1466), ancien élève des écoles de Padoue, canoniste, docteur en droit et ancien auditeur de la rote romaine, rédacteur d’un des mémoires qui contribua à la réhabilitation de Jeanne d’Arc en 1452, précédemment évêque de Fletre[22].

Éditions incunables et stabilisation du titre

22.          Cinq ans plus tard, en 1470, le titre est repris discrètement dans l’épître dédicatoire que Giovanni Andrea Bussi († 4.2.1475) publie en tête de certains exemplaires de l’édition princeps de la Catena qu’il vient de faire imprimer à Rome pour la première fois. Cette dédicace est un éloge funèbre posthume à la gloire de son bienfaiteur le cardinal de SaintAnge Juan de Carvajal († 6.12.1469) mort jour pour jour un an avant la date de l’impressum de la Catena. On y apprend que c’est à l’instigation de Carvajal que Bussi a mis en chantier cette édition du «  Continuum de saint Thomas que les uns appellent Oeuvre d’or, les autres Catena aurea »[23]. Il est manifeste que Bussi reste sur la réserve à l’égard des titres secondaire du Continuum. Le titre « opus aureum » figure par exemple dans le catalogue du 15e siècle de la bibliothèque des franciscains de Sante Croce de Florence. Mais l’édition imprimée proprement dite s’en tient aux expressions anciennes et omet ces deux sobriquets. L’affirmation du frontispice de Teodoro de Leliis selon laquelle Thomas serait l’auteur du titre Catena aurea n’est pas reprise.

23.          Dès l’année suivante (1471) paraît  à Rome, chez le même éditeur, l’édition princeps de la postille de Nicolas de Lyre, en 5 volumes, par le même éditeur Konrad Sweynheym et Arnold Pannartz (1471.11.18). Chaque volume est précédé d’une épître dédicatoire. Celle du tome 5 est adressée au pape Sixte IV par Ioannis Andree Aleriensis évêque et bibliothécaire du pape (inc. Communis). Elle contient la liste des ouvrages édités par Sweynheym et Pannartz avec l’indication du nombre de volumes imprimés : « Impressi sunt nostro studio pater beatissime libri qui in subiectis suo ordine tibi recensebuntur [...] »  (f. 2-2v) L’Expositio continua super Evangelia de saint Thomas y est mentionnée comme: « Continui (!) id est Cathene auree divi Thome Aquinatis volumina quingenta quinquaginta ». Une fois de plus, l’expression est ajoutée en seconde intention dans des documents annexes.

24.          Il faut encore attendre la publication des éditions quasi contemporaines d’Augsbourg chez Günther Zainer (Ed1475A parue à la fin 1474) [24] et de Essling  dont le texte est d’une autre origine (Ed1475C) pour que l’expression Cathena aurea apparaisse comme titre principal de l’oeuvre publiée, reléguant au second plan les titres anciens : « Liber Kathena Aurea nuncupatus per sacre theologie professorem egregium sanctum Thomam de Aquino Catena aurea, alias continuum sive glosa continua nuncupatus et intitulatus ».

25.          Dès janvier 1475, le titre est repris en tête du commentaire sur les évangiles de l’année produit par le chartreux Heinrich de Dissen qui réagence la Catena selon l’ordre du lectionnaire du diocèse de Cologne[25].

26.          Encore le titre nouveau n’a-t-il pas été immédiatement adopté par tous. L’édition de Koberger à Nurember (Ed1475B) s’en tient encore aux intitulés classiques de « continuum » et de « glossa continua ». Les anciens titres médiévaux continuent à circuler dans les catalogues et quelques manuscrits. À partir de l’édition de 1486, les éditions imprimées de l’Expositio continua super quatuor evangelia portent toutes le titre de Catena aurea. Reste à en expliquer la signification.

1.              En conclusion, non seulement le titre  de "Catena aurea" n'est pas original, mais il remonte à la fin du 15e siècle. Toutes les listes et  catalogues antérieurs des oeuvres de Thomas l’ignorent. Il a même été appliqué auparavant à des écrits différents, certains sans lien avec Thomas d’Aquin. Dans le titre final prolixe ajouté par les imprimeurs, la notion de concaténation concerne moins la notion médiévale de continuum ou de commentaire suivi mais plutôt  l’association du sens littéral et du sens spirituel des Ecritures.

2.              Plus profondément,  Catena renvoie à la métaphore néoplatonicienne de la "chaîne dorée". L'idée selon laquelle la pluralité des savoirs et des connaissance – philosophie, poésie, mythologie, théurgie – forme une chaîne unique est à la racine du néo-platonisme comme école de pensée. Le succès de cette idée, portée par l'Encyclopédisme tardo-médiéval, d’abord chez les humanistes italiens puis en Allemagne, explique en partie l'apparition de ce titre nouveau, peut-être par analogie et sous l'influence de la Catena de Henri de Herford. Thomas ne s'y réfère pas explicitement dans la préface de la Catena, sinon par l’idée même de communication de la Vérité divine à la connaissance humaine par la Révélation évangélique. Nous n’avons pas à discuter ici l'influence de cette idée sur la pratique même des chaînes exégétiques qui puisent dans la pluralité des commentaires patristiques la substance de l'unique doctrine chrétienne.

 


Facsimilé ©Monasterium



[1] L’authenticité est fondée dès avant la canonisation, par les listes d’oeuvres, les chroniques

[2] Paraphrasis ne semble pas utilisé comme titre de forme latin avant la fin du 15e siècle. Il entre alors dans l’intitulé du titre de traductions de commentaires philosophiques (Aristote et Lucrèce principalement). The Universal Short Title Catalogue recense 12 titres comportant le mot paraphrasis entre 1481 et 1516. Quatre de ces éditions concernent les commentaires aristotéliciens de Thémistius. Neuf autres éditions diffusent les commentaires d’Aristote édités par Lefèvre d’Estaples.

La plus ancienne occurrence est fournie par la traduction latine des commentaires de Themistius aux traités d'Aristote publiée en 1481 à Venise, par le cardinal Ermolao Barbaro (Paraphrasis in Aristotelem, USTC 990524). Sa préface adressée à Sixte IV, datée de Venise en 1480, se termine par cette définition de la paraphrase : « Est autem paraphrasis exercitamenti apud rhetoras genus. Ea finitur a graecis hoc modo ut sit quae narrationi proportione respondeat, aut sic in qua vertimus aliorum scripta, non in alia quae humiliora grandiorave sint, ut a metaphrasis differat, sed in paria sensu modo servato quod et Fabius duobus locis sic explicat. Tum mutatis verbis interpretari, tum paraphrasi audacius vertere qua et breviare quaedam et exornare salvo modo sensu dimittitur quod opus, consumatis professoribus, difficile qui commode tractaverint cuicumque discendo sufficient. Alio item loco. Sed et ipsis inquit sententiis addicere licet oratorium robur et omissa supplere et effusa substringere. Neque ego paraphrasin esse interpretationem  tantum volo sed circa eosdem sensus certamen atque aemulationem. Dictus est et a quibusdam ‘ecphrastes’. Est autem ecphrasis mera puraque enarratio » (f. [A II]).

La paraphrase comme genre littéraire systématique et exclusif, appliqué au texte de la Bible, est une réinvention érasmienne. En 1517, Erasme semble donc innover en appliquant aux épîtres pauliniennes, puis aux évangiles, le titre et la méthode de la paraphrase décrite par Ermolao Barbaro (In epistolam Pauli apostoli ad Romanos paraphrasis, Louvain, 1517, USTC 400364). Il  apparaît clairement de la préface de Barbaro et des écrits d’Erasme, qui la suivent de près, que l’application au texte biblique de la méthode de la paraphrase est un héritage de la rhétorique ancienne. Voir en particulier  Erasme, Epistulae, Ep. 1274, p. 46-47.34-369 0: «In metaphrasi sensus bona fide redditur, in paraphrasi licet etiam de tuo addere quod autoris sensum explanet. Quid autem iuris sit paraphrastae, facile perspiciet qui Themistium cum Aristotele contulerit. Est enim paraphrasis non translatio, sed liberius quoddam commentarii perpetui genus, non commutatis personis». Sur la paraphrase érasmienne, voir désormais J.-F. Cottier, « Les paraphrases évangéliques d’Érasme : une entreprise humaniste », dans Id., ed., Erasme, Paraphrasis in Evangelia, ASD 7, 1 (sous presse#).

La pratique de la paraphrasis réinventée par les Humanistes n’avait jamais disparu des usages. Comme méthode, elle relevait des héritages de la formation rhétorique ancienne. Comme le montre si bien Arnaud Zucker (Zucker 2011) la paraphrase est une méthode à géométrie variable.  Elle a été transmise à l’exégèse médiévale de la Bible par le biais des arts libéraux. Gilbert Dahan, dans L’exégèse chrétienne de la Bible au Moyen-Âge, ne lui consacre cependant aucun chapitre spécifique. En réalité, la paraphrase erasmienne prend le relai, avec des intentions nouvelles et dans un contexte différent, de la continuatio des commentateurs médiévaux de la Bible. Ceux-ci ont surtout exploité la fonction permutative de la paraphrase  - mutatio verborum – moins pour justifier la nécessaire substitution lexicale qui accompagne toute explication de texte que pour restaurer l’ordre des mots qui fait sens. La continuatio médiévale est d’abord une construction « Vel aliter construitur sic.., sic continuatur ». etc.

Sous ce concept qui ne me semble pas avoir été théorisé par les commentateurs médiévaux, la paraphrase est implicitement mise en oeuvre et attestée par de nombreuses expressions synonymiques :  « sic continuatur », continuo, propter continuationem, ad continuandum, Continuantur autem hec verba, scilicet [...] cum precedentibus et sequentibus secundum hanc expositionem sic.

Sur la paraphrase comme méthode et genre littéraire dans l’Antiquité : Zucker, Arnaud. “Qu’est-ce qu’une paraphrasis? L’enfance grecque de la paraphrase.” Rursus 6 (février 2011), https://doi.org/10.4000/rursus.476. Zucker, Arnaud. « Themistius » in Brill’s Companion to the Reception of Aristotle in Antiquity, dir. Andrea Falcon, Leiden-Boston, 2016, p. 358–373.

[3] CMTep6 : « ... ex diversis doctorum libris predicti evangelii expositionem continuam compilavi ». CMC, ep. 4 : « ... continua per dicta sanctorum expositio... ».

[4] Pierre Lombard n’a pas rendu compte de sa démarche, mais la préface de son disciple Herbert de Bosham est sans équivoque ; cf. Martin Morard, ed., Herbertus de Bosham, praefatio in Magnam Glossaturam super Psalmos, in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2024.

[5] Forme attestée par Sor21 (f. 1, titre rubriqué : « Expositio continua edita a venerabili fratre Thome de Aquino ordinis fratrum predicatorum super quattuor evangelia. rubrica ».

[6] Quétif-Echard 1719, t. 1, p. 329, principale source de J.-B. De Rubeis, De gestis et scriptis … sancti Thomae AquinatisDissertatio critica ,  p. CVIII.

[7] G. Mollat, éd., Etienne Baluze. Vitae paparum Avinionensium, t. 3, 2e éd., Paris, 1921, p. 334 :  « Legamus [...] Summam que dicitur Catena aurea pro communi studio, ita quod nulla ratione aliis usibus applicetur ». Sur ce texte, cf. M. Morard,  « Nicolaus de Freavilla, O.P. - 1321 », dans Libraria, CNRS, Paris, IRHT, 2013 (Ædilis, Sites de programmes scientifiques, 4) [En ligne] http://www.libraria.fr/en/BMF/nicolaus-de-freavilla-op-1321.

[8] Sur ce texte, cf. Morard, Martin, « Nicolaus de Freavilla, O.P. - 1321 », dans , CNRS, Paris, IRHT, 2013 (Ædilis, Sites de programmes scientifiques, 4) [En ligne] http://www.libraria.fr/en/BMF/nicolaus-de-freavilla-op-1321, avec les liens vers l’édition Baluze du testament (p. 334).

[9] Par exemple : la Summa de virtutibus de Guillaume Peyraut, la Summa Hostiensis ou Summa copiosa est appelée Summa aurea à partir de l’édition romaine de 1477 semble-t-il (Hain 8960) ;  la Summa A<bel> de Pierre le Chantre (Repertorium biblicum, n° 6461) ; la Summa de bono de Phillippe le Chancelier, l’Expositio vocabulorum bibliae de Guillaume le Breton (Repertorium biblicum, n° 2820 ; cf.  Paris, BnF, lat. 600 et 611), la Somme de Guillaume d’Auxerre, etc.

[10] V.g. Aurea summa D. Azonis, Augsburg, 1578 et passim.

[11] D'après SOPMA 1771 et t. 4, p. 112. Par exemple Erfurt, Universitäts- und Forschungsbibliothek Erfurt/Gotha, Collectio Amploiana, 2° 370, f. 46 : « 46. Expl. tab. sex libr. prior. cathene auree fr. Henr. de Herv. » ; Erfurt, Universitäts- und Forschungsbibliothek Erfurt/Gotha, Collectio Amploiana, 2° 371 : « Secunda pars Catenae aureae entium continet quattuor ultimos... ». Ajouter à SOPMA :

Emden, Bibliothek der Gesellschaft für bildende Kunst und vaterländische Altertümer, Hs. 64, f. 208v (niederdeutsch) : « Also vele also du god lef hest, also vele vruchtestu god... » ; cf. Irene Stahl, Handschriften in Nordwestdeutschland: Aurich - Emden - Oldenburg. - Wiesbaden: Harrassowitz, 1993, (Mittelalterliche Handschriften in Niedersachsen: Kurzkatalog, H. 3), p. 52.

Krakau, Biblioteka Jagiellonska, cod. 707, f. 83r-86 : Aurea catena schema delineatum ; cf. KOWALCZYK, Maria, Anna KOZÞOWSKA, Mieczys°aw MARKOWSKI, Zofia WÞODEK, Marian ZWIERCAN: Catalogus codicum manuscriptorum medii aevi latinorum qui in Bibliotheca Jagellonica Cracoviae asservantur: Vol. 5. Numeros continens inde a 668 usque ad 771. - Wratislaviae : Inst. Ossolinianum Officina Ed., 1993. Cf. Mainz, Wissenschaftliche Stadtbibliothek Mainz, Hs I 154, f. 2014v ; cf. LIST, Gerhard: Die Handschriften der Stadtbibliothek Mainz: Bd. 2. Hs I 151 - Hs I 250. - Wiesbaden: Harrassowitz, 1998.

[11] Pour une présentation générale de l'oeuvre (mais sans apport sur l'histoire du titre et des manuscrits), cf. Iolanda Ventura, "On Philosophical Encyclopaedism in the Fourteenth Century : the Catena aurea entium of Henry of Herford", dans Une lumière venue d'ailleurs. Héritages et ouvertures dans les encyclopédies d'Orient et d'Occident au Moyen Âge, Louvain-la-Neuve, 2008, p. 1-47, en particulier p. 27 : "The Catena can be considered a mixed form between a compendium philosophiae and an encyclopaedia" et p. 39. Voir aussi  L. Sturlese, A. Palazzo, Enrico di Herford, Catena aurea entium. Tabula quaestionum I-VII,  Pisa, 1987 (Centro di Cultura Medievale, 2).

[12] Pour une présentation générale de l'oeuvre (mais sans apport sur l'histoire du titre et des manuscrits), cf. Iolanda Ventura, "On Philosophical Encyclopaedism in the Fourteenth Century : the Catena aurea entium of Henry of Herford", dans Une lumière venue d'ailleurs. Héritages et ouvertures dans les encyclopédies d'Orient et d'Occident au Moyen Âge, Louvain-la-Neuve, 2008, p. 1-47, en particulier p. 27 : "The Catena can be considered a mixed form between a compendium philosophiae and an encyclopaedia" et p. 39. Voir aussi  L. Sturlese, A. Palazzo, Enrico di Herford, Catena aurea entium. Tabula quaestionum I-VII,  Pisa, 1987 (Centro di Cultura Medievale, 2).

[13] Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek - Cod. Guelf. 231 Helmst, f. 329ra–332vb : Ludolphus de Saxonia Sermones de tempore Incipit catena aurea pars estivalis Ihesum querite Nazarenum In die pasce Dominica secunda Ego sum pastor bonus Paulus apostolus doctor ecclesie Schneyer 4, 109f., Nr. 28–31 (in der Hs. nur die Themata), 32–36 (mit abweichenden Schlüssen).

[14] Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek - Cod. Guelf. 422 Helmst, f. 105-106 (vers 1459) :  Catena aurea sancti Bernardi « Hec est aurea cathena compilata a quodam heremita devoto prope Argentinam Qui ad perfectam discretionem vult pervenire necesse est ut fugiat sapenciam mundi res enim huiusmodi sunt concupiscencia corporalium et mundalium [!] rerum ». Bisher unbekannte lateinische Übersetzung der 2. Fassung der weit verbreiteten Goldenen Kette St. Bernhards mit Ergänzungen. Ungedruckt. Druck der volkssprachigen Fassung: A. E. Schönbach, Mitteilungen aus altdeutschen Handschriften. Neuntes Stück, in: Sitzungsberichte der Kaiserlichen Akademie der Wissenschaften in Wien, Philosophisch-Historische Klasse 156, Wien 1907, 1–27, hier 12f.; ND in Ders., Mittheilungen aus altdeutschen Handschriften. 10 Stücke in einem Band, Hildesheim, New York 1976, separate Paginierung. Vgl. dazu 2VL 3, 88f.

[15] Zwettl, Zisterzienserstift, Cod. 83, in : Stephan Rössler, Verzeichniss der Handschriften der Bibliothek des Stiftes Zwettl, in: Die Handschriften-Verzeichnisse der Cistercienser-Stifte I (Xenia Bernardina II,1). Wien 1891, 93-479, 332 : « Fol. 2-204. Postilla aurea. Anf. : Cum appropinquasset Iesus Ierosolimis.. -... erat autem proximum Pascha dies festus Iudeorum ». F. 204 : « Explicit postilla aurea per manus Stephani Strachwitz scolaris wratislaviensis dioc. finita in vigilia omnium sanctorum anno 1421 ; f. 204v : Tabula sermonum contentorum in hoc volumine ».

[16] Cf. G. Mollat, éd., Vitae paparum Avinionensium, t. 3, 2e éd., Paris, 1921, préface.

[17] L’acte de vente notarié d’une catena à Jean de Amelio, daté de Montefalco, le 26 mai 1330, l’intitule « Liber evangeliorum expositorum per sanctum Thomam » ; cf. Oxford, Bodleian, Canon. Patr. lat. 161 (in calce voluminis). Il signaler aussi l’ambiguité de l’expression relevée dans l’inventaire de la bibliothèque des dominicains de Dijon qui signalait en 1307 « 84. Item habentur in cathenis quatuor evangeliste de opere fratris Thome, quos dedit conventui frater Ioannes de Talento». Bien qu’aucun autre ouvrage de cette liste partielle ne soit désigné comme tel, « in cathenis » sembler désigner ici des livres enchaînés matériellement aux bancs de la bibliothèque. Cf. A. Dondaine, « La bibliothèque du couvent des Dominicains de Dijon au début du quatorzième siècle (1307) », AFP 7 (1937), 112-133, nouvelle édition M. Morard, dans Libraria, CNRS, Paris, IRHT, 2013 (Ædilis, Sites de programmes scientifiques, 4) [En ligne]  http://www.libraria.fr/fr/editions/inventaire--dijon-o-p-h-1307.

[18] Sur Otto 1, cf. Franz Xaver Pritz, Geschichte der ehemaligen Benediktiner-Klöster Garsten und Gleink, im Lande ob der Enns, und der dazu gehörigen Pfarren, Linz, 1841, p. 30.

[19] Nous corrigeons d’après l’original l’édition du document publiée dans  Oberösterreichisches Urkundenbuch, t. 6, Wien, 1872, n° 31, p. 37-3 ; voir aussi site Monasterium Urkunden Garsten (1082-1778) 1331 X 01.

[20] Cf. H. V. Shooner, Listes anciennes des écrits de Thomas d'Aquin. Thèse présentée en vue de l’obtention du grade de Philosophiae Doctor en théologie, diss. dactyl., Ottawa, Collège dominicain de philosophie et de théologie, 1974. Pour plus de détails, cf. M. Morard, « Editer la Catena aurea », Sacra Pagina 2020. Pour les éditions, cf. Morard 2020B.

[21] V795 et V797 ; la CMT manque. La série formait probablement à l’origine quatre volumes distincts. Puisque CMC et CLC ont un frontispice commun et que CIO en a un propre, la CMT devait aussi avoir le sien en tête du volume disparu. Cf. M. Morard,  Famosus glossator, t. 3 : la tradition manuscrite, Sacra Pagina – CNRS, 2024.

[22] Cf. Ruysschaert 1969, p. 217, n. 8 : Autres de la bibliothèque de Teodoro de' Lelli : Vat. lat. 343, ‎‎344, 434, 535, 546, 619, 976, 2107, 4520 et Ottob. lat. 749, 3145. Pour la bibliographie, se reporter à notre notice de V795 (census codicum), Florida International University Libraries.

[23] « Thome Aquinatis doctoris sancti Continuum quod nonnulli Opus aureum, quidam Cathenam auream vocant, permultis ita optantibus, nuper imprimendum curavi ». Pour la référence aux exemplaires et le texte complet de cette lettre qui n’apprend rien d’autre sur la Catena, cf. M. Morard, Famosus glossator, t. 4 in : Sacra Pagina, t. 7 : Catena aurea electronica.

[24] « Liber Kathena Aurea nuncupatus [...] ex sacris Katholice fidei doctoribus  [...] super doctrinam evangelicam diffuse scribentibus, in unum conkathenatum non tantum literalem sed et spiritualem sed et spiritualem prestans intellectum aureum. Ex quo nedum littera ex apostolica doctrina que occidit, sed Spiritus sumitur vivificans, spiritualis scientie cogni » (München, BSB, 2 Inc.s.a. 1143 c-2 (BSB-Ink T-198), f. [1142]). - En 1476, le catalogue des livres achetés par l’université de Vienne en Autriche signale l’achat de cette édition : « Item kathena aurea beati Thome de Aquino , qui liber alias dicitur glosa continua » (Gottlieb 1915, p. 488.8-9).

[25] Voir Annexes : Instruments pour prédicateurs dérivés de la Catena.



[i] universis] vniuensis perperam Monasterium




Comment citer cette page ?
Martin Morard, Le titre de la Catena aurea in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2025. Consultation du 26/04/2025. (Permalink : https://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/page.php?id=200)