page mise en ligne par M. Morard, le 10.2.2025, mise à jour le 10.2.2025
Le Psautier est traditionnellement introduit, depuis la période carolingienne, par des collections encyclopédiques de préfaces hiéronymiennes et patristiques. Centrées sur la justification des traductions et la structure littéraire des textes, elles ont été écartées des psautiers manuels et des psautiers glosés dont la fonction première était d’accompagner la récitation intégrale du Psautier quotidien par laquelle les professionnels de la prière étaient censés occuper le temps entre les heures des offices collectifs (liturgie).
Pour cette raison les pièces liminaires associées aux livres bibliques glosés comportent rarement les prologues de saint Jérôme qui expliquent les circonstances des traductions. On leur a préféré des séries de sentences introductives plus ou moins classées par thèmes et censées répondre aux questions fondamentales que se pose le chrétien qui aborde la lecture du Psautier: principalement son statut de prophétie, son utilité, les raisons de sa fréquentation intensive, les auteurs des Psaumes, la fonction de leur titre, l’unité du livre, les raisons de son usage par l'Eglise alors qu’il s’agit d’un livre de l’Ancien Testament, éventuellement les différentes versions latines dont il a fait l’objet (question des traductions), etc.
La série « Prophetia est inspiratio divina », empruntée au Super titulos psalmorum, attribué parfois à un certain maître Ottfridus, figure en tête d'une série d'exemplaires du Psautier glosé avec la version vulgate de la glose de Laon du 12e siècle. C'est une des séries de prothemata-prologues parmi les plus répandues.
Elle doit être distinguée du prologue « Prophetia est aspiratio divina » qui est le texte original du prologue général de Cassiodore sur les Psaumes, racine et matrice de la doxa médiévale sur la lecture chrétienne des Psaumes.
Inspiratio est un ‘patchwork’ de sentences introductives au Psautier qui réunissent quelques définitions et analyses représentatives de la tradition exégétique issues du prologue général de Cassiodore sur les Psaumes et des commentaires postérieures.
Comme toujours, la critique externe des manuscrits ne suffit pas à dater le texte. Les sentences qui le composent proviennent d'autres commentaires ou se retrouvent à l’état dispersé au sein d’autres séries de prothemata sur les Psaumes.
L’attribution à Maître Offridus reste conjecturale étant donné que nous n’avons encore repéré aucun manuscrit carolingien qui permette de rattacher ce texte à Otfried de Weissenburg, seul auteur ainsi prénommé signalé par le Repertorium biblicum de Stegmüller. Ce moine bénédictin (800-870 c.), contemporain de Raban Maur, est connu pour ses notes latino-germaniques sur les évangiles dont une partie a été publiée (Otfridus Wizanburgensis - Otfridus Weissenburgensis, Glossae in Matthaeum, CCCM 200, éd. Cinzia Grifoni, 2003). Cette attribution correspond cependant à l’identification médiévale de l’auteur des Glose super titulos psalmorum véhiculée, par exemple, par le catalogue du 12e siècle de la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Amand (infra laud. ms. V37). Cependant, la série éditée ici semble postérieure à la mise en circulation de la Glossa parva et antérieure à la Glossa magna, peut-être aussi à la Glossa media. Par ailleurs, l'expression "magister Ottfridus" ne désigne pas un moine mais plutôt un maître séculier. Toutefois, « Otfrid de Wissembourg est un moine bénédictin connu non seulement comme exégète et comme maître de grammaire, mais surtout en tant que poète en vieil haut allemand" (Brepolis). L'attribution n'a donc rien d'absurde et mais elle appelle une enquête plus approfondie consacrée au Glose super titulos.
J’ai identifié trois recensions du prologue dont deux sont attestées par plusieurs manuscrits. La série C semble plus isolée. Si les versions A et B sont assez bien typées, les manuscrits puisent tantôt dans l’une, tantôt dans l’autre. On peut discuter la numérotation que nous avions initialement attribuée aux paragraphes au fil de la collation des manuscrits. Cependant comme elle a permis de justifier les classement de la centaine de prologues analysés dans La harpe des clercs, nous préférons ne pas trop y toucher pour l’instant.
Lors de la collation initiale, nous avions relevé certaines variantes graphiques avec soin. L’expérience a démontré depuis l’inutilité de cet effort. Les graphies des manuscrits reflètent, sans qu’on puisse préciser à quel degré, aussi bien les habitudes des copistes que celles des manuscrits copiés, elles sont de la part des éditeurs l’objet d’infinies confusions et fautes d’inattention. Chercher à être fidèle aux manuscrits sur ce point disperse l’attention au détriment des leçons essentielles. En outre, loin de rendre service à la philologie rigoureuse, annoncer un relevé fidèle des graphies, parce qu’il n’est en réalité jamais vraiment fidèle, ne peut que brouiller les pistes qu’on prétendrait avoir tracées. Je maintiens donc les notes d’apparat concernant les graphies, mais je normalise les textes selon les principes de Sacra Pagina. Il va de soi que les graphies rares, susceptibles de révéler les origines linguistiques ou l'aire culturelle d'origine d'un texte, devront être signalées en apparat et analysées en introduction.
L’édition de travail que nous avions établie dans notre thèse de doctorat (La harpe des clercs, Paris IV-Sorbonne, 2008) ne reposait, rappelons-le, que sur les manuscrits conservés à Paris et Rome à partir des dépouillements effectués entre 2002 et 2007. Depuis, le recul acquis grâce au projet Sacra Pagina, l’accès élargi aux documents numérisés a changé la donne. Ce bouleversement nous a dissuader de fixer sur papier un matériau réuni de façon encore trop empirique à notre goût. Devant l’ampleur de la tâche à poursuivre, la publication électronique dynamique a paru un moyen terme raisonnable. Nous ajouterons à la moisson initiale les témoins auquel le recensement de GLOSSEM permet d’avoir accès aujourd’hui.
Gras = GAL (Glose d'Anselme de Laon ou Glossa parva in Ps.)
souligné = Cum istud § 20
Version A
V37, f. 1v–2rb: 1150–1170 (prov. Saint–Amand): Glose super titulos psalmorum. Ce volume est probablement le n° 235 de l'Index maior ainsi décrit: «Glose super titulos psalmorum, cum glosis magistri Offridi super versus aliquos de singulis psalmis.»; paragraphes 1 à 14, omet §§ 13a, 15–16.
Version B
Par rapport à A: contient les paragraphes 1 à 6, 14a (avec variantes), 7, 10 (avec variantes), 9b, 8a, 12, 13a, 15, 16; le commentaire des Psaumes commence de la même manière que V37, mais a pu être également abrégé.L’explicit du Ps. 150 ne concorde pas.
Ars81C, f. 160r–160v (collation intégrale): philologiquement très proche de Barb486
Barb486, f. 1r–v (collation intégrale): philologiquement très proche de Ars81C
Ars1132, f. 24v–25r (collation intégrale)
P2899, f. 152r–152v (collation intégrale)
P2902, f. 1r–2r (collation intégrale)
NAL1870A, f. 21ra–21vb (collationné §§ 1–6, 14a, 16 et vérifié la présence et l’ordre des autres paragraphes.) Ms. caligraphié mais souvent fautif jusqu’à l’absurde.
Version C
P13191 contient les paragraphes 1, 4, 2, 3, 6, 14, 7, 5, 10, 9b, cf. 8a, 12, 13a, 15, 16, 17; om. 8b, 9a, 11, 13b; le commentaire des Psaumes proprement dit est différent.
Gz409 f. 3r-4r (collation intégrale): version tardive et comportant divers ajout et variantes importantes; contient les paragraphes 1-6, 14 (variant), 7, 10, 9b, 8a, 12, 13a, 15, 16, 17. Le commentaire des Psaumes est plus prolixe que celui de la version B, mais il est interrompu.
BL18298 f. 1ra-2rb London, BL, Add. 18298, f. 1ra-2rb London, BL, Add. 18298 = Prophetia est inspiratio § 1-5 (+ Debemus intelligere § 1.2, 9-10, 12-27, 3, 11) + 13.6, 6.
Nondum contuli
Ka93 f. 1r-2v Karlsruhe, Badische Landesbibliothek, ms. St Peter perg. 93,
A ajouter
Colmar, Ville 203 (XII; Marbach, OSACan.) f. 1-249: Augustinus, Ps. 1-50 Ps. 1-50 (Inc: Prophetia est inspiratio divina, quae eventus rerum aut per facta ... ubi legitur: Sicut scriptum est in libro Psalmorum; -- Diversa sunt genera etc.) = RB-1463 (Augustinus Hipponensis)
Salisbury, Cathedral 160 (XII) f. 1-206: Anon. Ps. (Inc: Prophetia est inspiratio divina, quae eventus rerum aut per facta; -- Iste liber apud Hebraeos propter diversas causas tribus modis intitulatur ... physicae potest supponi; -- Beatus vir -- Ideo iste Psalmus caret titulo etc; -- Expl: hebdomadae factam). = RB-5340
Paris, Arsenal 81 (XII; St. Victor) f. 1-83.Anon. Ps. 1-138.Ps. 1-138. Prophetia est inspiratio divina, qua eventus rerum humanae rationi incognitarum vel per facta, vel per dicta, vel per somnia, sive per visum, quod alii dicunt per rerum imaginem, immobili veritate pronuntiat. Per facta, ut quod Noe per fluctus tempore diluvii rexit arcam significavit ecclesiam a Christo per mundi procella regendam. Et sacrificium Abrahae sacrificium Christi significavit ...omnium rerum praesens status. RB-10693
Voir aussi : RB-10474 RB-10472 : Paris, lat. 13190, f. 2r.