1. Il est parfois des documents que les historiens voudraient inventer, si la vie ne les leur offrait tout simplement[1]. Le psautier glosé Cas429 est un témoin jusqu'ici méconnu et relativement tardif de la tradition indirecte de la Glose de Gilbert de la Porrée. Il vient s’ajouter aux commentaires de Nicolas d’Amien et de l’anonyme de Saint-Amand (Val42) dont les prologues sont édités dans collection Sacra Pagina (Gloss-e) au sein du corpus de la Glossa media[2]. Nous en éditons ici le prologue en complément des quelques cent pièces analogues déjà analysées[3]. Le glossateur de Cas429 explique en effet qu’il a fait le choix de gloser le Psautier latin à partir d’emprunts à la « media glosatura » (§ 4). Cette attestestation de l’expression est parmi les plus anciennes, sinon la plus ancienne que nous connaissions. Comme les expressions glossa parva et magna glossatura apparaissent dans les commentaires à partir des années 1180, à la suite de la diffusion de la Glose de Pierre Lombard, on peut considérer les deux dernières décennies du 12e siècle comme le terminus a quo de la rédaction de Cas429[4].
2.1 Le texte de la Glose Cas429, sa liberté par rapport aux conventions de forme et de contenu de l’exégèse des Psaumes de l’époque en font un témoin précieux pour l’histoire de la réception du psautier et l’histoire de la Glose. L’intention formulée d’adopter un format manuel, la mise en page justifiée par les remarques fondamentales du prohemium font de ce psautier glosé un manuscrit atypique dans la mesure où il s’écarte des standards académiques et codicologiques de l'exégèse des Psaumes et des psautiers glosés manuels du tournant du 13e siècle[5].
2.2 Le matériau exégétique, les passages de la Glossa media retenu confirment l’impression de ‘marginalité frondeuse’ déjà révélée par la codicologie. Elle se manifeste notamment dans les choix du caténiste. Quand il souligne à la suite de Gilbert de Poitiers que le Psalmiste « ne condamne pas les richesses mais la cupidité, qu’il ne loue pas la pauvreté mais la piété » (ME26.51.9C1), il ne s’inscrit pas particulièrement dans le sillage du nouvel évangélisme qui fera bientôt le succès des ordres mendiants. On comprend que ceux-ci n’aient pas trouvé dans la Media matière à une exégèse conforme à leur idéal et qu’ils lui aient préféré la Magna Glossatura.
3. L’histoire du manuscrit est méconnue. Le système graphique et les initiales filigranées renvoient sans hésitation possible aux usages parisiens du premier quart du 13e siècle[6], tandis que les gloses marginales, certaines d’entre elles au moins, sont d’un style graphique plus tardif, probablement italien, bien qu’elles s’inscrivent dans le programme annoncé et dépendent en grande partie de Gilbert de Poitiers. Les ‘prolongements à l’italienne’ qui illustrent la marge inférieure du premier feuillet rappellent le décor des manuscrits juridiques bolonais du début du 13e siècle.[7] On sait que ce type de bordures a été importé de Bologne, notamment à Paris où il aurait inspiré certains décors secondaires, quoique sous des formes assez différentes[8]. Jusqu’à plus ample informé, ces éléments indiquent donc que le manuscrit a voyagé de France jusqu’au Mont-Cassin, peut-être en passant par Bologne et qu’il a été lu et complété en Italie, sans doute au Mont-Cassin. Les études en cours d’Elvira Zambardi sur la paléographie des écritures tardives au Mont Cassin et dans le Sud de l’Italie permettrons peut-être de le préciser davantage[9].
4.
Les pièces liminaires sont divisées en 4 paragraphes succincts.
- §1 prohemium de
l’auteur
-§2 accessus in libro,ici variation libre sur le prologue Christus integer
de Gilbert de Poitiers
-§3 accessus suite : l’unité du Psautier
- §4 déclaration des sources textuelles identifiables par leurs couleurs.
5. La mise en
page adoptée est atypique. Le Texte est copié sur une colonne large, légèrement
décalée vers l’intérieur par rapport à l’axe central des feuillets, ce qui
révèle une organisation globale de la mise en page conçue par rapport à l’axe
central de l’aperture. L’auteur insère dans le fil du Texte de brèves sentences
– réduites souvent à un ou deux mots - ce que j’ai rarement observé ailleurs
sinon au Mont Cassin même (Cas197) [10].
Pour éviter la confusion entre les mots de la Bible et ceux du commentaire, le
Texte est souligné, selon l’usage des postilles. Mais à la différence de
celles-ci, le Texte biblique est complet et occuppe la quasi totalité de
l’espace de réglure, tandis que le commentaire est minoritaire. Le rapport
Bible / Commentaire est donc inversément proportionnel à celui des bibles avec
commentaire destinées prioritairement à l’étude.
5. Le § 1 pointe avec clarté les difficultés de lecture du Psautier. Après avoir évoqué les obstacles inhérents au texte même des Psaumes, il mentionne des difficultés conjoncturelles rarement formulées de façon aussi nette. La prolixité des commentaires verbeux et ambigus est telle que « les riches s’écœurent à les lire, alors que les pauvres ne peuvent se les procurer ». De fait, la surexploitation ecclésiastique du matériau psalmique engendrait alors un mouvement de recul à l’égard de la psalmodie et de la focalisation sur l’étude du Psautier. Les nouvelles dévotions qui, à partir du 13e siècle, ont changé la figure du christianisme occidental (évangélisme, piété mariale, dévotion eucharistique) bénéficièrent de ce recul. Le fastidium évoqué par le prohemium est un poncif des prologues sur les Psaumes de cette période. Cas429 illustre en même temps le sursaut intellectuel par lequel une partie des élites a cherché à soutenir la pratique de la psalmodie par le développement des études et par la production d’outils de culture adaptés. [11]
6.1 L’auteur décide de sa propre initiative de confectionner un « livre qui tienne dans la main » (« libello manuali »), réunissant des « notules aussi brèves que possibles empruntées à d’autres auteurs afin de pouvoir tirer le meilleur des psaumes lorsqu’il m’arrive (contingit) de les chanter à l’église ».
6.2 La notion de livre « manuel » correspond, pour Cas429, à une taille de 275+220 mm pour = taille (demi périmètre) de 495 mm. pour 96 feuillets. Le format supérieur des bibles portatives étudiées par Chiara Ruzzier est de 381-450 mm. pour une moyenne de 450 feuillets environ[12]. Il ne fait aucun doute que l’auteur considère son Psautier glosé, de la taille d’un grand in-quarto ou du livre de Chiara Ruzzier comme « manuel » ou maniable en comparaison des gros volumes de la Magna Glossatura qui comptent en moyenne 200 f. in folio. La maniabilité du livre répond donc à une appréciation subjective qui se vérifie analogiquement pour chaque type de livre, sinon pour chaque type de main[13].
7. A la différence de la majorité des psautiers manuels antérieurs et de ceux de la fin du Moyen Âge, le glossateur n’a pas fait suivre le Psautier des cantiques et pièces liturgiques caractéristiques des Psautiers augmentés du Moyen Âge[14]. De toute évidence, l’auteur n’est ni moine, ni religieux, il ne pratique pas la psalmodie au long cours. Sa façon de parler de la psalmodie semble plutôt convenir à un séculier. Son rapport aux biens matériels exclut qu’il fut disciple de François d’Assise et même de Dominique. Quand il souligne, à la suite de Gilbert de Poitiers, que le Psalmiste « ne condamne pas les richesses mais la cupidité, qu’il ne loue pas la pauvreté mais la piété » (ME26.51.9C1), il ne s’inscrit pas particulièrement dans le sillage du nouvel évangélisme qui fera bientôt le succès des ordres mendiants. On comprend en le lisant que ceux-ci n’aient pas trouvé dans la Media matière à une exégèse conforme à leur idéal et qu’ils lui aient préféré la Magna Glossatura.
8.
L’auteur partage les réserves de Pierre le Mangeur à l’encontre de la
multiplicité des gloses. Il documente ainsi les pratiques du clergé séculier et
apporte un complément précieux au fameux exemplum de Pierre le Vénérable qui
expliquait, un demi-siècle plus tôt, comment les moines de son abbaye
utilisaient le psautier glosé au cours de leur récitation privée du Psautier
entre les heures canoniales :
«Fuit et alius, ut de magno Benedicto legitur, gratia benedictus et nomine,
cui parem in sanctis studiis nescio si umquam viderim. […] Propter quod et
psalterium glosatum semper circumferebat, quoniam psalmos non perfunctorie, ut
quibusdam moris est, set summa cum intentione, atque deuotione cantabat. Ubi si quid
quod non intelligeret offendisset, ad glosas
statim oculum convertebat. Diem totam psallendo, meditando, noctem vigilando et
orando, peragebat».[15]
L’évolution est frappante et révélatrice des évolutions religieuses de la fin
du 12e siècle. [16]
9. A propos des versions latines du Psautier, l’expression « qua utimur in Francia » exclut que l’auteur soit d’origine italienne, insulaire ou ibérique. Elle confirme dans la foulée l’origine ‘française’ du manuscrit, c’est-à-dire son exécution dans le style graphique des écritures de la France du Nord, quel que soit l’espace géographique où le manuscrit a été réellement copié. De même, la quasi absence de mention du Psautier romain (hormis la dernière phrase du § 4) est peu compatible avec un contexte insulaire ou méridional même lointain. Un italien s’exprimant à Paris n’aurait pas manqué de faire une mention plus appuyée de la situation de l’Italie où l’usage du Psautier romain prévalait encore sur le Psautier gallican, surtout avant l’apparition des ordres mendiants[17].
10. L’insistance polémique sur le psautier iuxta Hebreos de Jérôme, dès la première phrase du § 1, puis à nouveau, au § 3, distingue la lecture confessante des Psaumes « par les Églises qui croient au Christ » et les « calomnies » des juifs indique un contexte conflictuel. On peut conjecturer, mais avec prudence, que l’auteur était en contact avec une communauté juive rayonnante et suffisamment sûre d’elle-même pour que le dialogue avec les Chrétiens incite ces derniers à une réaction polémique agressive[18]. Mais cette opposition est très répandue au début du 13e siècle comme les postilles d’Hugues de Saint-Cher, reflet de l’exégèse des premières décennies du 13e siècle, le montrent à l’envi. On songe ici bien sûr au contexte social qui conduisit Philippe-Auguste à expulser les juifs du domaine royal entre 1182 et 1198[19], tout en stimulant l’effort intellectuel des clercs.
11. L’allusion à l’absence de commentaire du Psautier Iuxta Hebreos indique un auteur assez au fait des pratiques exégétiques de son temps, mais éloigné du Nord de la France et des milieux cisterciens. Le seul commentaire lemmatique du Psalterium iuxta Hebreos identifié à ce jour, à cette période, est celui d’Herbert de Bosham (+1194 c.) rédigé à l’abbaye cistercienne d’Ourscamp dans les années 1180-1190 et qui n’a survécu que par un seul manuscrit : London, St. Paul's Cathedral, B. 13.[20]
12. A propos de la multiplication des commentaires du Psautier gallican aux 12e et 13e siècle relevée au § 1, cf. M. Morard, La harpe des clercs, 2008, 3e partie : chap. 4.1.8 : Diffusion manuscrite des commentaires des Psaumes ; Id., «Les commentaires des Psaumes de 1160 à 1350 : entre mode et tradition », dans La Bibbia del XIII secolo. Storia del testo, storia dell’esegesi, Atti del convegno della Società Internazionale per lo Studio del Medioevo Latino (SISMEL) (Firenze, 1-2 giugno 2001), dir. G. Cremascoli, Firenze, 2004, p. 323-352.
13. Dans le § 5 le glossateur déclare avoir travaillé à partir de trois sources : 1° en rouge il reproduit (note lineate) ce qui provient du Breviarium miror de Jérôme ; 2° en noir le Texte biblique selon traduction littérale (de verbo ad verbum) de Jérôme, c’est-à-dire le Psautier gallican traduit du grec de la Septante ; 3° le reste est pris de la Media glossatura.
14. L’interprétation de l’expression
note lineate pose problème. Elle désigne a priori des sentences
soulignées par un trait. Mais dans le manuscrit, le lemme biblique, qui est
annoncé comme devant être souligné de noir, est souligné de rouge, tandis qu’on
ne trouve pas de sentences soulignées en noir. Le manuscrit ne semble donc pas
avoir été exécuté sous la direction du glossateur. Les seuls éléments rubriqués
du manuscrit sont
1° au début de la plupart des Psaumes, les titres chrétiens des Psaumes qui
remplacent les titres bibliques et attestent l’intention dévotionnelle du
glossateur ; ils proviennent du texte du psautier glosé ; ils servent
à orienter l’intention et à disposer l’esprit de celui qui psalmodie « in
persona », c’est-à-dire à la place du sujet qui s’exprime dans le
Psaume (vox penitentis, vox fidelis, Ps. 14 : vox
prophete, Ps. 44 : vox Christi integri... Ps. 103 : vox prophete in
persona omnium qui sunt unus homo in Christo)[21].
2° Des manchettes thématiques marginales ajoutées (Ps. 44 : De scriptio
sponsi, Laus a potestate). Le procédé est typique des pratiques
d’indexation thématique des recueils de notules et sentences bibliques des deux
dernières décennies du 12e siècle. Il permettait de préparer des
index ou recueils d’entrées thématiques ; il relève de l’apparat du
manuscrit, bien qu’ici, en présence d’un témoin unique, il puisse être attribué
au glossateur et considéré comme faisant partie du texte. Aucun de ces deux
types de rubriques ne permet un rapprochement textuel avec le Breviarium
minor du pseudo Jérôme. Par ailleurs, si c’étaient les rubriques qui
étaient désignées par le terme lineatus, il faudrait traduire non par
« souligné d’un trait », mais par « tracé», synonyme de
« mis par écrit » ; or cette acception n’est entérinée par aucun
lexique à notre connaissance[22]
15. Le Breviarium minor de Jérôme n’est pas mentionné très fréquemment par l’exégèse des Psaumes du 13e siècle. Mais il est une des sources, souvent non explicite, des gloses nouvelles de Gilbert de Poitiers (Glossa media) et surtout de Pierre Lombard (Magna Glossatura). Comme le Breviarium ne traite que de certains Psaumes, les emprunts qui lui ont été faits sont à chercher dans les Psaumes concernés[23].
16. Le Breviarium minor doit être distingué du Breviarium in Psalmos (CPL 629) qualifié aussi de Breviarium maior, attribué à Jérôme par la tradition médiévale (CPL 629, PL 26, 821-1278[24]) . Le Breviarium maior est, avec Cassiodore, une des sources principales des Gloses carolingiennes et médiévales du Psautier. Dans les manuscrits, son texte est souvent contaminé par des passages empruntés aux autres commentaires de Jérôme; cf. F. Andrei, «Il salterio glossato…», 2002, p. 34, n. 28. Il est parfois difficile de le distinguer des Commentarioli in Ps., œuvre authentique de Jérôme (CPL 582) qui a le même incipit. Le Breviarium maior dépend et des Commentarioli et des Tractatus 59 de Jérôme. Il aurait été composé entre le milieu du 7e siècle et le début du 9e siècle parce qu’il dépendrait aussi de la Glosa Psalmorum ex traditione seniorum daté du milieu du 7e siècle[25] et qu’il est une des sources majeures de l’Enchiridion in Psalmos d’Acuin daté du début du 9e siècle[26].
17. Aucune identification proposée à ce jour par la
critique ne s’est imposée. On peut cependant écarter définitivement les
attributions à
- Augustin (Patrologie latina),
- Jean Diacre (825-880 c.) ou le
Pape Jean I (G. Morin, Études, textes,
découvertes, t. 1, Paris, 1913, p. 50-60; L. Brou, «Où en est la question des ‘Psalters Collects’?»,
p. 18; H. Ashworth, «The
Psalter Collects of Pseudo-Jerome and Cassiodorus», 1963, 289)[27].
- un auteur irlandais de
la première moitié du vie
s., puisque le Breviarium n’est pas la source de la Glosa psalmorum ex traditione seniorum mais qu’il en dépend[28].
- Fauste de Riez (Gaule, ve s.): G. S. M. Walker, S. Columbani opera,
Dublin, 1957, p. lxiv.
18. En guise de sondage nous avons collationné la glose du Ps. 109 et édité celle des Ps. 13 et 51 et quelques autres fragments. Il apparaît que le texte biblique est effectivement celui du Psautier gallican et que les sentences brèves insérées entre les lemmes bibliques sont bel et bien empruntées au commentaire de Gilbert de la Porrée, mais de façons libre et mêlées à d’autres sentences. Autant dire que la dépendance à l’égard de la Glossa media est à peine perceptible. La plupart des sentences se réduisent à quelques mots insérés dans le texte biblique. Le caténiste n’a pas pillé, il n’a même pas emprunté, il a picoré. L’édition de la Media dira s’il est possible d’identifier la famille du texte de Gilbert dont dépend Cas429. En attendant il est difficile de savoir si dolosus s’est transformé en diabolus intentionnellement, ou sous l’influence de quelque Titivillus chargé, en amont, de perturber la diffusion de la Glossa media elle-même.
19. Les gloses marginales de Cas429
sont de deux mains :
A main proche de celle du corps d’ouvrage :
B main postérieure à A et peut-être italienne. Les gloses ne
semblent empruntées systématiquement ni à la Glossa parva, ni à la Media, ni à
la Magna Glossatura, ni à Hugues de Saint-Cher, bien qu’on y retrouve plusieurs
éléments communs. Conformément à l’intention exprimée par l’auteur dans la
préface elles sont très peu nombreuses. Quelques sentences ou scholies ont été
ajoutées par au moins deux autres mains. La question doit être sérieusement
posée : le Cas429 est-il bien le témoin de l’oeuvre annoncée dans son
prologue ? Il me semble qu’il est plutôt la mise au net d’un document
original inachevé.
20. Plusieurs psautiers glosés conservés, des psautiers manuels dévotionnels pour la plupart, font appel à Gilbert de la Porrée pour la rédaction de gloses libres[29]. Le matériau exégétique de ces psautiers appartient à la catégorie de ce qu’il convient d’appeler non des gloses « périmées » - l’expression n’est pas adéquate – mais des gloses libres ou extravagantes (Glosa vagans) composées pour accompagner la psalmodie au long cours, en dehors du cadre scolaire et de ses fins analytiques[30]. Souvent d’origine monastique, elle témoigne de l’excerption prioritaire d’un ou deux commentaires bibliques. On parle alors de Glossa vagans ex Breviario in Psalmos, ex Glossa media, ex Tractatibus Augustini, etc. Le rapport de la Glose du ms. Cas429 à Gilbert de la Porrée montre que le succès scolaire écrasant de la Magna Glossatura n’a ni remplacé, ni ‘’périmé’’ l’usage de versions antérieures, ni empêché la production parallèle de livres glosés originaux. Glossa media et magna ne se prêtent pas aux mêmes usages. Le style littéraire de Gilbert de Poitiers diffère de l’exégèse doxographique et de la prolixité analytique de Pierre Lombard.
[1] Je remercie Elvira Zambardi (Università degli studi di Napoli - EPHE) d’avoir avoir attiré mon attention sur ce manuscrit et Marilena Maniacia de m’en avoir procuré une reproduction.
[2] Voir ici Glossa media (Ps.) : 5669 Prologus ‘Ad intelligentiam huius’ Nicolai Ambianensis et 2Prologus ‘Incipiunt glosse super Psalterium’
[3] M. Morard, La Harpe des clercs : réceptions médiévales du Psautier entre pratiques populaires et commentaires scolaires, thèse de doctorat en Histoire, Paris-IV - Sorbonne, 2008, 3 vol., 2870 p. – Seule une partie des prologues édités a déjà été publiée sur le site Sacra Pagina (Gloss-e).
[4] Voir M. Morard, La harpe des clercs, 3e partie, chap. 4.1.7 : Les noms que prit la Glose ; et, ici même : Les noms que prit la Glose ou que faut-il entendre par « Glose ordinaire » et Quelques titres donnés aux Gloses sur le Psautier (xiie- xviiie s.), dans GLOSSEM (Sacra Pagina) [https://gloss-e.irht.cnrs.fr/]
[6] P. Stirnemann, Fils de la Vierge, 1990 : 1200-1230.
[7] Cf. M.-Th. Gousset, Fr. Avril, Manuscrits enluminés d’origine italienne, PL. XL à XLIII etc.
[8] P. Stirnemann, Fils de la Vierge, 1990, p. 59, n. 3.
[9] Pour l’analyse codicologique et l’histoire de la collection, je me contente des observations qui sont à ma portée, en attendant de pouvoir renvoyer à la thèse de doctorat en préparation d’E. Zambardi sur les manuscrits bibliques glosés du Mont-Cassin, leur codicologie et leur histoire (Scuola Superiore Meridionale del’Università degli studi di Napoli – EPHE, dir. Marco Cursi, Marilena Maniaci, Martin Morard).
[10] Sur la mise en page, voir ici La mise en page des bibles latines glosées : Type A.1.3
[11] Sur cette question, cf. M. Morard, La harpe des clercs, 2008, 2e partie, chap. 4 : Les écueils de la psalmodie.
[12] CF. Ch. Ruzzier 2022, p. 41-49.
[13] Dans
[14] Sur la typologie des Psautiers, cf. M. Morard, La harpe des clercs, 1re partie, chap. 2 et 3.
[15] Petrus Venerabilis, De Miraculis libri duo, I, 20, CCCM 83, 1988, p .50-53.
[16] Sur ces questions, cf. M. Morard, La harpe des clercs, 2008, 1re partie, chap. 3.5.2 : Ambivalence des psautiers glosés.
[17] Sur la gallicanisation du psautier romain dans les usages liturgiques à partir du 9e, voir M. Morard, La harpe des clercs, 2008, 1re partie, chapitre 1.C : La réception du Psautier gallican: une conquête difficile ; ibid. 1.D : Les traductions latines vues par les commentaires des Psaumes.
[18] Sur ce contexte, cf. G. Dahan, Les intellectuels chrétiens et les juifs au Moyen Âge, 2e éd., Paris, 1999 (Patrimoines. Judaïsme) ; Le Brûlement du Talmud à Paris (1242-1244), dir. G. Dahan, Paris, Cerf, 1999 (Nouvelle Gallia Judaica).
[19] Cf. Juliette Sibon, Chasser les juifs pour régner. Les expulsions par les rois de France au Moyen Âge, Paris, 2016. Sur ce contexte périphérique de l’exégèse et pour la période postérieure, voir aussi J. Kogel, P. Savy, éd., Meïr ben Siméon de Narbonne. Lettre à Louis IX sur la condition des Juifs du royaume de France, Paris, 2017.
[20] Cf. Raphael Loewe, « The Mediaeval Christian Hebraists of England: Herbert of Bosham and Earlier Scholars », Transactions (Jewish Historical Society of England, 17, 1951, p. 225–249 ; R. Loewe, « Herbert of Bosham’s Commentary on Jerome’s Hebrew Psalter » Biblica, 34.1 (1953), p. 44-77 ; 34.2 (1953), p. 159–192; 34.3 (1953), p. 275-298, ici 34.2, p. 45 ; B. Smalley, « A Commentary on the ‘Hebraica’ by Herbert of Bosham », Recherches de Théologie Ancienne et Médiévale, 18 (1951), p. 29-65.
[21] Sur les titres des Psaumes et l’exégèse médiévale, cf. M. Morard, La harpe des clercs, 2008,
[22] Ce sens de lineo n’est pas attesté dans les dictionnaires modernes ni les lexiques médiévaux (Database of Latin Dictionnaries ; Papias, Vocabulista, etc.)
[23] Sur le Breviarium minor, voir la note de l’édition.
[24] L’excellente notice de la Library of Latin Texts (Brepolis) informe que le texte de la Patrologie latine reproduit la seconde édition de Vallarsi (Venezia 1769) à laquelle il faud préférer l’édition princeps de 1737, d’après Otto Zöckler, Hieronymus, sein Leben und sein Wirken aus seinen Schriften, Gotha, 1865, p. 6-9). Néanmoins, H. Boese juge que le texte de la PL est de bonne qualité (cf. H. Boese, p. 80).
[25] Cf. Helmut Boese, Die alte 'Glosa Psalmorum ex traditione seniorum', Untersuchungen, Materialien, Texte, Freiburg im Breisgau, 1982, (Aus der Geschichte de lateinischen Bibel, 9), p. 76-82 qui démontre que la Glosa seniorum ne dépend pas du Breviarium mais en est bien la source.
[26] Cf. Vera Fravventura (éd.), Alcuini enchiridion in Psalmos, Firenze, 2017 (Millenio Medievale, 112).
[27] Cf. J. Forget, « Jérôme », Dictionnaire de théologie catholique ; Amelli, Miscellanea Geronimiana, 158 sqq. ; P. Glorieux, Pour revaloriser Migne, p. 19.
[28] Cf. H. Boese, Die Alte ‘Glossa Psalmorum’, 1982, p. 80; H.J.Frede, Pelagius, der irische Paulustext, Sedulius Scottus, Freiburg, 1961, p. 76 et n. 4; Gibson, «Carolian Glossed Psalters…», 1994, p. 96.
[29] La base Glossem permet d’ores et déjà de citer, sans prétention d’exhaustivité : Paris, Maz. 88 ; cf. Th. Gross-Diaz, From Lectio divina to the Lecture Room: The Psalms Commentary of Gilbert of Poitiers, Leiden, 1995., p. 179 : « Attached to a 'glose perimée' in this case a very basic marginal / interlinear gloss. It is unrelated to Gilbert's commentary though may share a common source ».
[30] Sur ces expressions, cf. M. Morard, « Le matériau exégétique des bibles avec commentaires », in : Sacra Pagina – CNRS, 2023.