page créée par Martin Morard le 20.1.2024, mise à jour le 27.4.2024 (version 3)
©Dijon, BM, 15 : Bible d’Etienne Harding, Cîteaux 1109-111 c.
Une bible manuscrite est n’est jamais philologiquement pure. Les frontières entre les recensions sont poreuses.
On trouvera ici une liste inchoative et provisoire de leçons et de particularité textuelles des témoins de la Vulgate du Moyen Âge tardif qui semblent constituer des marqueurs ou repères susceptibles d’aider à classer les bibles manuscrites de cette période.
Cette liste est appeler à s’enrichir et à évoluer. Elle n’a aucun caractère définitif.
Les leçons sur fond orangé ne sont pas attestées par les apparats des éditions critiques et nous semblent les plus caractéristiques des versions parisiennes du Texte.
Lieux critiques discriminants |
Textus librariorum Parisiensium prima correctio |
Textus librariorum Parisiensium secunda correctio |
Textus parisienses OSA = ΩA |
Textus Bononiensis |
Textus Glossae Universitatis / Magna glossatura |
Glossa ordinaria (s12) |
Vulgata Hieronymi |
vetus latina |
Prol. Quomodo Grecorum RB-327 |
avant 2Par. |
à préciser |
à préciser |
avant 1Par. |
|
avant 1Par. |
avant 1Par. |
à préciser |
litteras (« moderni » selon CorS2) |
epistolas (ΩS ΩX² ΩZ etc.) |
à préciser |
à préciser |
à préciser |
à préciser |
epistolas |
à préciser |
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3Esr. 1:1 titre[1] |
Secundus Esdre |
à préciser |
à préciser |
Tertius Esdre |
om. |
om. |
à préciser |
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revertendi posita |
à préciser |
à préciser |
à préciser |
posita revertendi |
à préciser |
posita revertendi |
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biberent vinum cum eis |
à préciser |
à préciser |
à préciser |
biberent cum eis |
à préciser |
biberent cum eis |
biberent cum eis |
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confudisti |
à préciser |
à préciser |
à préciser |
confudistis (=Glossa magna) |
à préciser |
à préciser |
à préciser |
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calix meus |
à préciser |
à préciser |
à préciser |
calix meus |
à préciser |
calix meus |
calix tuus (VL408) |
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Ps. 74:9.VIII bibent |
+ ex eo |
à préciser |
à préciser |
à préciser |
+ ex eo |
à préciser |
bibent |
+ ex eo (Ps-R) |
arcum |
à préciser |
à préciser |
à préciser |
|
à préciser |
arcuum |
à préciser |
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Parabole |
à préciser |
à préciser |
à préciser |
Parabole |
(liber) Proverb.iorum |
liber Proverbiorum |
à préciser |
Hypothèses de travail :
Au fil des collations des différents témoins utilisés sur ce site, le Texte diffusé à partir de Paris a fait l’objet d’au moins deux campagnes de corrections inégalement attestées par les manuscrits conservés, de différents formats.
Même à l’intérieur du groupe des bibles de petite tailles, on observe cette évolution.
Les différents centres parisiens ont contribué chacun à leur façon à cette évolution. Le seul vestige d’exemplar parisien conservé (ΩX = Mazarine cod. 37) annoté à partir d’un correctoire proche de ΩJ (voir Gn. 1, 2Esr. 5-6 etc.) montre que les traditions étaient mêlées, irrégulièrement, à l’intérieur même des modèles (voir reproduction ci-contre). Les copistes pouvaient donc choisir, ou non, entre plusieurs leçons tout en copiant une bible à partir d’un exemplar ou, plus exactement, à partir du jeu de pièces copiées d’un exemplar à l’usage de leur atelier.
L’hypothèse d’une transmission homogène d’une version quelconque du Texte par le système de la pecia nous paraît être, dans le cas de la Bible simple comme de la Bible glosée, une totale illusion. La contamination est permanente et augmente en fréquence ou en intensité au fur et à mesure que des versions plus ou moins corrigées ou accompagnées de correctoires, ont été mises en circulation.
Il faut rappeler que le système universitaire médiéval est un
système collégial de chaires associées à des collèges, et, pour la
théologie, à des studia conventuels dispersés dans la ville. Entre le deuxième quart du 13e siècle et
le milieu du 14e siècle, les dominicains et les franciscains, Notre-Dame et St-Victor,
dans une moindre mesure, ont diffusé un enseignement, ouvert aux étudiants extérieurs bien sûr, à partir de leurs propres "livres
corrigés”. Leur dépendance à l’égard du Texte diffusés par le commerce du livre parisien (booktrade) n’est que conjoncturelle
: ils prennent acte que leurs étudiants disposent du Texte diffusé par le
commerce du livre parisien, mais ils se réfèrent aux leçons des Bibles de
référence de leur institution, prises en note par les étudiants et disséminées (cf.
Nicolas de Lyre : “libri correcti nostri” ; voir aussi les annotations
marginales par exemple de ΩF = bible dite de ‘Marco
Polo’[6]; les annotations marginales de ΩD et passim)
Pour en savoir plus se reporter:
· aux apparats de l’édition en ligne (pour afficher ou masquer une note, cliquer une fois sur l’appel de note, ou utiliser le volet latéral gauche)
· au tableau des prologues Martin Morard, Prologues et pièces liminaires de la Bible latine, glosée ou non (work in progress)
· Ruzzier 2022 : Entre université et ordres mendiants. La production des bibles portatives latines au XIIIe siècle, Berlin-Boston, 2022
[1] Voir ici Les variations du livre d’Esdras.
[2] Voir ici Les variations du livre d’Esdras.
[3] Cf. Avril-Sirnemann, Manuscrits enluminés de la BnF d’origine insulaire
[4] Cf. Ruzzier 2022
[6] Voir à ce sujet les observations de Riccardo Saccenti, dans In via in saecula. La Bibbia di Marco Polo tra Europa e Cina, Roma, Treccani, 2012.