page créée le 10.8.2022, mise à jour le 4.9.2024 (version 4)
SOMMAIRE
La mise en page de la Magna Glossatura éditée par Herbert de Bosham
A propos de l’analyse comparative de la Glossa Magna avec la Glossa parva.
Habillage des passages communs à la Media et à la Parva Glossatura
Interpolations dans le texte de la Patrologie latine
Divisions du texte biblique et numérotation des versets
La Grande Glose de Pierre Lombard sur les Psaumes et le corpus Paulinien a remplacé la Glose ordinaire dans les usages scolaires au cours de la décennie qui a suivi la mort de Pierre Lombard (+1160). Avant cette date, quel que fût le moment exact de sa rédaction qui s’est probablement étalée tout au long de la carrière de Pierre Lombard, elle n’a fait l’objet d’aucune diffusion significative (voir ici Herbert de Bosham. Praefatio in Magnam Glossaturam et Gloss-e : base GLOSSEM : répertoires des manuscrits de la Bible latine avec commentaires). La diffusion de la Magna Glossatura sur le corpus Paulinien a peut-être bénéficié d’une diffusion plus précoce que la Grande Glose sur les Psaumes.
Le texte de Pierre Lombard.
Nous partageons l’avis de Brady selon lequel l’édition de Richard est globalement fidèle à la tradition manuscrite (I. Brady, ed., Petrus Lombardus, Liber Sententiarum, t. 1, p. 51*). Plus exactement, l’édition de la Patrologie est assez proche de la version vulgate diffusée à Paris par la majorité des manuscrits conservés. Elle s’éloigne de l’exemplaire témoin de l’édition d’Herbert de Bosham sur des points mineurs, à l’exception cependant des lemmes attributifs pour lesquels, non sans quelques accidents, son apport est majeur. Nos collations du texte du Prologue avec quelques manuscrits indiquent nettement l’existence d’une tradition ancienne, probablement pré-universitaire, attestée presque toujours par les manuscrits les plus anciens. La mise en page adoptée par les éditeurs parisiens de Pierre Lombard entre 1175 environ et 1180 a permis une relative stabilisation du texte dans la mesure où l’absence d’intervalles laissés libres entre les sentences et l’absence de glose interlinéaires a freiné l’ajout de gloses adventices et a conduit à distinguer le texte de l’oeuvre originale des scholies marginales ajoutées par les possesseurs dans les marges extérieures de leurs exemplaires de la Magna Glossatura. L’étanchéité ne fut jamais parfaite. La Magna Glossatura sur le corpus paulinien a une histoire relativement complexe, comme le montre une étude récente, rigoureuse et prometteuse, qui met en évidence l’existence de plusieurs versions, identifiables chacune par des ajouts spécifiques qui ont circulé notamment en Angleterre. (Recherches de Philosophie et de théologie médiévale 2021). Le même travail devrait être fait pour le Psautier.
La fragmentation des sentences et la diffusion de recueils partiels, les parallèles souvent littéraux avec les Sentences rendent difficiles même l’établissement d’une chronologie relative entre ces trois oeuvres. Il est établi que plusieurs versions de la Grande Glose sur le corpus pauliniens ont circulé, différentes notamment en Angleterre et sur le continent. Ces versions se différentient par la présence ou l’absence de certains extraits patristiques. Le rôle précis de l’édition d’Herbert de Bosham fait actuellement l’objet de recherches de première main dont on attend les résultats avec impatience. Des exemplaires, conservés à Vercelli depuis la fin du 12e siècle, ont été copiés et corrigés à Paris entre 1180 et 1190 simultanément sur les exemplaires de Pierre Lombard conservés après sa mort et sur ceux de l’édition d’Herbert de Bosham. L’attestation explicite de cette pratique, beaucoup plus fréquente qu’on ne le croit, oblige à admettre que la transmission de ces textes n’était pas linéaire et directe. Les copistes étaient aussi éditeurs. Le choix des leçons n’obéissait pas à des critères toujours cohérents, appliqués de façon mécanique. Toute ceci oblige à beaucoup de prudence dans le classement des témoins et les datations, même relatives. L’eliminatio codicum et lectionum devrait être une pratique révolue et tout au moins limitée et réversible.
Le texte de la Patrologie latine du commentaire sur les Psaumes (PL191) n’est pas exempt d’erreurs. Les plus patentes sont des erreurs de mise en page; elles concernent principalement les lemmes attributifs et les interpolations linguistiques de l’éditeurs du 16e siècle.
Nous mettons ici à dispositions de la recherche le textus receptus stabilisé de la Magna Glossatura établi à partir de l’édition du carme Richard du Mans publiée à Paris en 1541. Ce texte a été réédité, non sans erreurs et pertes d’information, dans la Patrologie latine (PL 191). Le texte édité ici n’est qu’un support permettant l’interrogation et la comparaison des corpus publiés sur le site Gloss-e. Ce texte est néanmoins différent de l’édition de la Patrologie par le fait qu’il est partiellement, ponctuellement et progressivement amendé, normalisé, enrichi de ses principaux paratextes médiévaux (prologues, sommaires et divisions d’Herbert de Bosham et de P14266-14267) et annoté à partir de témoins remarquables: les manuscrits de l’édition d’Herbert de Bosham, ceux de la Bibliothèque capitulaire de Vercelli qu’on sait, d’après leur acte de donation, copiés et corrigés sur les manuscrits d’Herbert ET ceux de Pierre Lombard à Paris avant 1190, et, pour GMA (Paul.) les manuscrits de Saint-Victor P14266-14267, dont l’origine parisienne et la date sont discutés et dont la version du texte diffère de la série de Valencia (Vale475 etc.), de la fin du 13e siècle, retenue comme témoin parisien tardif.
Enfin, l’édition électronique est à même d’accueillir les scholies de l’enseignement scolaire du 13e siècle, relevées dans les exemplaires manuscrits cités dans l’apparat du texte. Nous avions transcrit à partir de manuscrits parisiens et romains la totalité de ceux du prologue à l’occasion de notre thèse de doctorat et qui on vocation à y trouver place. (work in progress).
La mise en page de la Magna Glossatura éditée par Herbert de Bosham
Le travail éditorial d’Herbert de Bosham n’a pas vraiment fait souche, en ce qui concerne l’habillage du texte et les paratextes en tout cas. Dans l’épître dédicatoire de la GMA (Ps.) Herbert défend avec vigueur la nécessité d’indiquer par des signes diacritiques la fin des citations littérales, et non seulement de leur commencement (guillemets fermants), afin d’éviter la confusion entre les autorités alléguées et les propos du glossateur. Nous continuons de chercher – en vain - les manuscrits qui ont tenté de respecter ce principe. Les exemplaires de Guillaume aux Blanches Mains sont, de ce point de vue, des unica.
On compte aussi sur les doigts les exemplaires où les sommaires et divisions d’Herbert et de P14266-14267 ont été reproduits. L’omission des prologues-arguments justifiée par Herbert dans l’épître dédicatoire de la Magna glossatura sur Paul. (§ 8) n’a pas non plus été respectée.
La Grande Glose sur les Psaumes éditée par Herbert de Bosham réunit un cluster de données présentées sous la forme d’un apparat structuré (cosi detti paratextes), organisé grâce à une réglure de 53 lignes horizontales et de 17 lignes rectrices verticales dessinant 18 colonnes dont 8 colonnes destinées chacune à recevoir quatre types d’information différentes (abcd, ghjk), flanquées et séparées l’une de l’autre par 10 contre colonnes, toujours vides. Les copistes de la plupart des exemplaires de la Magna Glossatura n’ont pour ainsi dire jamais reproduit ce schéma dans son intégralité. On trouve dans plusieurs des copies qui en dérivent des éléments dispersés extraits de ces données. D’autres manuscrits ont adopté des schémas de réglure simplifiés différents (voir M. Morard, Codicologie des bibles latines avec commentaires, in : GLOSSEM, Sacra Pagina – CNRS).
Hormis l’ajout du Psalterium iuxta Hebreos, et le traitement des argumenta sur les épîtres de Paul, la structure des deux parties de l’ouvrage (Ps. et Paul.) est identique. Elle se compose des éléments suivants :
1. Le Psautier gallican en îlots [1] (Ps-G)
2. Le Psautier iuxta Hebreos (Ps-H) inclus en marge des îlots du Ps-G
3. Le commentaire de Pierre Lombard proprement dit, qui se présente comme un commentaire continu incluant des sentences patristiques.
4. Puis viennent de gauche à droite, de part et d’autre d’un axe central situé approximativement au milieu des feuillets – et non au milieu de l’aperture ou par rapport au pli médiant des bifeuillets.
5. col. a : colonne vide occupée très ponctuellement par de rares notes d’attentes, corrections, ou indications à l’intention des copistes, ornemanistes et rubricateurs qui ne relèvent pas de l’exégèse des Psaumes
6.
col. b :
lieux parallèles de la Magna Glossatura sur les
épîtres pauliniennes : E<pistola> [titre abrégé de l’épître]
[chapitre] super [incipit du passage auquel il est renvoyé en 3 ou 4 mots].
De temps en temps des sentences additionnelles occupent aussi cette colonne.
7. col. c. : lemmes attributifs des sentences patristique du commentaire disposés, sous forme abrégée, en regard des sentences concernées dans la marge extérieure pour les colonnes de texte extérieures et dans la marge intérieure pour les colonnes de texte intérieures
8.
Le début et la fin de chaque citation sont signalés par des
signes diacritiques formés de points au minium (les plus souvent deux points
verticaux en ouverture et deux points horizontaux en fermeture de citation).
Ces points sont insérés dans le texte des sentences au dessus du mot qui
précède la citation et de celui par lequel elle se termine.
Ces mêmes points sont répétés en marge, en regard du début et de la fin de la
citation et ils sont reliés l’un à l’autre par un feston rectiligne de couleur.
9. Quand une citation inclut d’autres citations, par exemple Bède qui cite Augustin, des signes diacritiques identiques délimitent le début et la fin de chaque citation (quasi ‘balises imbriquées’).
10. col. d : lieux bibliques parallèles autres que la Grande Glose sur les épîtres pauliniennes, principalement lieux parallèles de la Grande Glose sur les Psaumes, introduits par Supra ou Infra.
11. cod. e : première colonne du commentaire, entrecoupée à mi-colonne, des versets du Texte formant îlot.
12. col. f. : seconde colonne du commentaire, comme la précédente.
13. col. g : = col. d
14. col. h : = col. c
15. col. j : = col. b
16. col. k = col. a
17. Dans les espaces laissés blancs par la dissémination des informations énumérées, le copiste ou un utilisateur de peu postérieur ont disposés
a. des scholies patristiques disposées en forme d’écu, à l’imitation des scholies des chaînes byzantines, soeurs jumelles extra-utérines des gloses latines.
b. des sentences additionnelles
c. de très rares apostilles ou notules de deux ou trois mots
18. Entre les lignes du Texte et du commentaire des deux colonnes centrales, on observe de très rares gloses interlinéaires. Entre les lignes du texte, il s’agit de variantes textuelles relevées de seconde main dans le commentaire de Pierre Lombard relevées. Quand il s’agit de doublons ou de notes de lecteur, notre édition ne les relève pas, pas plus d’ailleurs que les lieux bibliques parallèles des colonnes b, d, g, j.
Lemmes attributifs
L’édition princeps avait rejeté en marge tous les lemmes attributifs qu’elle indiquait en marge sous forme de manchettes, en regard des passages concernés : « Ex Aug. ... Ex Remig. » etc. Les autorités imprimées entre crochets carrés dans la Patrologie latine ne reflètent ni la documentation réelle de Pierre Lombard (sources identifiées), ni les lemmes attributifs des manuscrits. La position des lemmes attributifs dans la Patrologie latine est anarchique et sans valeur critique. Migne a intégré comme il a pu les manchettes marginales de l’éditions de 1541 en donnant l’illusion qu’elles avaient valeur de lemmes attributifs originaux. En réalité, ces manchettes correspondent à l’’apparat marginal ajouté par Richard du Mans ) l’édition de 1541 (Ed1541). Elles ne correspondent ni à la position des lemmes attributifs dans les manuscrits, ni à leur contenu réel, ni au début des citations littérales faites par Pierre Lombard.
Dans l’édition électronique, les lemmes de la Patrologie latine et de l’édition de 1541 sont entre crochets carrés, par ex. : [Augustinus]. Lorsque le texte a été établi à partir des manuscrits d’Herbert de Bosham, les lemmes de la PL sont remplacés par ceux des manuscrits.
Les lemmes attestés par les manuscrits sont positionnés avant la citation lorsque celle-ci forme une sentence indépendante, ou, entre parenthèses, après la citation, si celle-ci est intégrée au sein d’une phrase rédigée ou d’une sentence complexe.
Les signes diacritiques (points rouges) qui indiquent dans les manuscrits le début et la fin des citations authentifiées par lemme attributifs sont transcrits par des guillemets anglais : « ... ».
La liste ci-dessous est donc conjecturale et provisoire.
1. Augustinus (attesté dans les manuscrits)
2. Alcuinus
3. Beda
4. Remigius
5. Glossa interlinearis
6. Ambrosius (attesté dans les manuscrits)
7. Cassiodorus (attesté dans les manuscrits)
8. Haimo
9. Berengarius
A propos de l’analyse comparative de la Glossa Magna avec la Glossa parva.
1. Pierre Lombard a absorbé la quasi totalité de la Glose ordinaire sur les Psaumes. Cependant, l'apport spécifique de Pierre Lombard est plus important que ne le laisse croire la comparaison des éditions princeps de la Glose ordinaire et de la Glossa magna. Leurs passages communs (ici en gras grenat) et les passages propres à Pierre Lombard (en italiques) donnent l’impression que Pierre Lombard s’est contenté de fixer les sentences ‘flottantes’ de la Glose ordinaire dans la continuité d’une narration herméneutique personnelle. En réalité, le texte de l’édition princeps de la Glose ordinaire a été assez fortement contaminé par des emprunts au texte de Pierre Lombard ou dépend de manuscrits de la Glose ordinaire eux-mêmes victimes d’une contamination de ce type.
2. Seuls quelques psaumes ont fait pour l’instant l’objet d’une comparaison systématique à titre de sondages[2]. L’opération met en évidence visuellement la dépendance de Pierre Lombard à l’égard de l’héritage laonnois.
3. Les passages non repris de la Glose ordinaire ne sont pas nécessairement dus à l’activité exégétique de Pierre Lombard. Trois opérations complémentaires sont encore nécessaires pour s’en assurer :
1° comparer la Glossa magna avec la Glossa media (inédite) ;
2° vérifier l’exactitude du texte de la Glossa parva ;
3° vérifier l’exactitude du texte de la Glossa magna en le collationnant au moins sur deux manuscrits de la version vulgate, à commencer par l’exemplaire témoin d’Herbert de Bosham.
4. Les comparaisons effectuées entre les trois gloses sur les Psaumes et saint Paul n’ont qu’une valeur indicative et relative. On se gardera de toute conclusion prématurée en raison de la complexité et de la richesse de leur tradition manuscrite. Les manuscrits font apparaître des écarts et des concordances différents de ceux qu’on observe dans les éditions.
5. Glossa magna et Glossa media : A la différence de la Glose de Laon (Parva), la Glossa media n’est pas une glose par sentences discontinues, mais un commentaire scolastique magistral diffusé dans un second tempso en forme de glose biblique par l’ajout du texte biblique en colonnes continues glissantes de part et d’autre de la marge de couture des manuscrits glosés. Gilbert de Poitiers lui-même dépend de la Glose de Laon selon une proportion que son édition critique en préparation (Thérésa Gross-Diaz) permettra d’évaluer. Les emprunts de la Magna Glossatura sur les Psaumes à Gilbert de Poitiers semblent globalement minoritaires et souvent inexistants. Les emprunts de la Glossa media à la Glossa parva sont eux plus importants, mais restent limités, pour ce qui concerne les Psaumes en tout cas.
6. Glossa magna et Glossa parva : La comparaison des deux Gloses (songages : Ps. 68, 109, 118 etc.) montre que la quasi totalité de la Glose de Laon dans la version de l’édition princeps (Rusch) a été absorbée par la Magna Glossatura sur les Psaumes dans l’édition de Richard du Mans.
7. Toutefois, l’édition princeps de la Glose ordinaire sur les Psaumes et saint Paul par Adolf Rusch (Strabourg 1481) s’écarte souvent des manuscrits les plus anciens, surtout par de très nombreuses corrections littéraires: inversions, concordance des temps, corrections de tournures jugées peu élégantes etc. Le texte de l’édition Rusch a été contaminé fortement par celui de la Glossa magna qui a servi à corriger et parfois à compléter le texte attesté par les manuscrits de la Glossa parva. Il faut en déduire soit que le texte édité de la Glose ordinaire a été contaminé par celui de Pierre Lombard, soit que Pierre Lombard a utilisé un état de la Glose ordinaire plus évolué que celui des manuscrits de première génération de la Glose de Laon. Mais cette hypothèse est peu vraisemble. Si Pierre Lombard n’a accepté de publier la Magna Glossatura que peu avant sa mort vers 1159 (Préface d’Herbert de Bosham), il en a préparé le texte au plus tard depuis son arrivée en France une vingtaine d’années plus tôt. Or les manuscrits les plus anciens de la Glose de Laon concernés sont à peu près contemporains de cette période.
8. La question se pose de savoir dans quelle mesure Rusch a publié un texte contaminé par des emprunts à Pierre Lombard. Certaines gloses marginales de l’édition princeps se retrouvent en effet quasiment sans variations chez Pierre Lombard et pourraient lui avoir été empruntées soit pas Rusch, soit par l’un des manuscrits qu’il a utilisés pour préparer son édition. Les collations que nous avons effectuées indiquent que les contaminations imputables à Rusch sont plus probables que le recours à une version enrichie de la Glose de Laon antérieure à la diffusion de la Magna Glossatura.
Habillage des passages communs à la Media et à la Parva Glossatura
Pour aider le lecteur à prendre conscience de ces imbrications et de cette problématique, les passages repris à la lettre des versions antérieures de la Bible glosée sont signalées comme suit :
gras noir : passages de la Glose ordinaire repris à la lettre par la Magna de la Media Glossatura. Une note d’apparat en précise la parenté.
gras grenat : passages de la Glose ordinaire repris à la lettre par la Magna de la Parva Glossatura. Une note d’apparat en précise la parenté.
italiques : passages de la Glose de Pierre Lombard sans équivalent dans l’édition princeps de la Glose ordinaire (supposés rédigés par Pierre Lombard).
Interpolations dans le texte de la Patrologie latine
Voir Glossa magna (Ps.) : status editionis
Texte biblique
Dans
les livres bibliques glosés, on distingue trois registres bibliques différents
qui sont souvent d’origine différentes.
:
1° le Texte proprement dit, qui doit
être collationné comme un témoin de la Vulgate du Moyen Âge tardif, 2° le lemme
biblique ou portion du Texte cité par le commentateur pour en faire l’exégèse;
3° les citations bibliques illustratives, extraites de passages du livre
commenté ou d’autres livres bibliques ; les citations sont s
- soit explicites et signalées par des références (livre, chapitre, verset)
- soit implicites ou tacites (sans référence).
Seul le lemme est susceptible de représenter la version de la Bible utilisée par l’auteur (aux conditions habituelles de l'établissement critique des textes). Le Texte est susceptible d’avoir été ajouté ou ajusté pour correspondre aux usages des destinataires de la copie.
Aucune collation systématique n’a encore été entreprise. Les leçons du Texte sont signalées dans l’apparat critique de la Biblia communis (colonne affichable à gauche de la Magna Glossatura) par le sigle du manuscrits suivi de @ (mis pour adiunctus). Le sigle simple désigne le lemme commenté. Lorsque cel se reporter à l’édition du texte des Psaumes associé à la Glose ordinaire (Biblia communis) dans l’apparat duquel nous avons réuni toutes les remarques critiques concernant le texte biblique des manuscrits de la Glossa magna.
Divisions du texte biblique et numérotation des versets
Psautier : Comme pratiquement tous les commentateurs médiévaux, Pierre Lombard adoptent la division liturgique du texte biblique en versets, quasi identique au consensus de la Littera communis. Bien que situant l’origine de son travail à Pontigny, il n’a pas tenu compte de la division du psautier prototype cistercien D30 lorsque celui-ci s’écarte de l’usage commun (v. g. Ps. 38:7-X, 8-XI). Herbert de Bosham a poussé la précision jusqu’à indiquer certaines variations de la ponctuation du texte des Psaumes. Voir par exemple, Ps. 38, 10-XIII (Cbg150, f. 106v) : annotation interlinéaire au-dessus de meum : « vel ; » c’est-à-dire « ou bien division mediante à cet endroit ».
Les numéros de versets de l’édition princeps de la Glossa magna et de la PL ne correspondent pas à la versiculation de la Vulgate et des bibles modernes, mais au découpage liturgique en usage.
Notre édition respecte la distinction des versets de l’usage liturgique qui structure la totalité des psautiers, glosés ou non, et la totalité des commentaires des Psaumes médiévaux. Nous indiquons cette division médiévale par des chiffres romains. Elle est rarement utilisée par les exégètes anciens pour citer le psautier, mais nécessaire pour analyser la structuration des commentaires anciens, en particulier les divisions du texte proposées par les exégètes (“divisio textus”). Elle diffère de la division moderne en versets, signalée par la numérotation en chiffres romains de l’éditio maior de la Vulgate, en chiffres arabes de l’édition minor (Weber). Pour le référencement biblique simple, il suffit de renvoyer à la numérotation en chiffres arabes, mais pour l’analyse spécifique des commentaires anciens, la numérotation ‘romaine’ peut s’avérer utile.
Pour le corpus paulinien, il n’existe aucun découpage standardisé universel comparable à celui du Psautier. L’usage liturgique découpe les lettres de différentes façons selon les habitudes locales et les offices: sous forme de capitules (heures diurnales), de leçons (office de nuit) ou d’épîtres (messe). Les mises en pages de GMA (Paul.) sont donc beaucoup moins stables que celle de GMA (Ps.). Ce sont les distinctions explicitement indiquées par Pierre Lombard par l’annonce du nouveau lemme commenté et des divisions du texte en parties qui déterminent la structure fondamentale du texte édité.
Pour plus de détails : M. Morard, La harpe des clercs. Réceptions latines du Psautier au Moyen Âge entre usages populaires et commentaires scolaires, Paris, thèse de doctorat Paris-IV Sorbonne, 2008, p. 1712-1737 et passim.
Manuscrits et éditions
Bibliographie sommaire
Voir aussi => Bibliographia parva
J. Longère, art. «Pierre Lombard», dans Dictionnaire encyclopédique du Moyen Âge, t. 2, p. 1221.
S. Wittekind, Kommentar mit Bildern: Zur Austattung mittelalterlicher Psalmenlommentare und Verwendung der Davidgeschichte… am Beispiel des Psalmenkommentars des Petrus Lombardus, 1994.
M. L. Colish «Psalterium Scholasticorum», p. 544-545.
M. Colish, Peter Lombard, 2 vol., 1994.
I. Brady, dans Pierre Lombard, Sententiæ in IV libris distinctæ, I, Pars I, Prolegomena, 1971, p. 31*-82*.
Spicq, p. 126 [pour mémoire].
[1] Pour la terminologie codicologique utilisée, voir ici Codicologie de la mise en page des bibles latines glosées.
[2] Wojciech Baran (Cracovi EPHE 2021) : Ps. 118 ; Martin Morard : Ps. 1-3, 68, 109, etc..
[1] Pour la terminologie codicologique utilisée, voir ici Codicologie de la mise en page des bibles latines glosées.
[2] Wojciech Baran (Cracovi EPHE 2021) : Ps. 118 ; Martin Morard : Ps. 1-3, 68, 109, etc..
[3] Cf. M. Morard, La Harpe des clercs, Paris, 2008, thèse dactyl., p.