<32.26b> Prologus ‘Multorum nobis’
Numérotation du verset
Sir. Prol.26b,1
prol.|
¶A Incipit prologus libri Iesu filii Sirach qui Ecclesiasticus appellatur.1
Multorum nobis2 et magnorum per Legem et Prophetas aliosque qui secuti sunt illos3 sapientia demonstrata est4*, in quibus oportet laudare Israel doctrine et sapientie causa quia non solum ipsos5 loquentes necesse est esse6* peritos, sed etiam extraneos posse et dicentes et scribentes doctissimos fieri.
Multorum nobis2 et magnorum per Legem et Prophetas aliosque qui secuti sunt illos3 sapientia demonstrata est4*, in quibus oportet laudare Israel doctrine et sapientie causa quia non solum ipsos5 loquentes necesse est esse6* peritos, sed etiam extraneos posse et dicentes et scribentes doctissimos fieri.
A
¶Codd. : <32.26>
ΩA
(locatim
contuli)
ΩB
ΩL ΩN (207vb)
P18
Albergati
P572 (p. 168, post Sap.)
Rusch
Edmaior.
Weber
(p.
1029
=
G
A
C
Σ Z T S M Φ )
Clementina;
om.
ΛL
Cor1
L
Cor1
O
Cor2
Nicolaus
de
Lyra
¶Nota : Le Siracide, dont on ne connaît que quelques fragments hébreux, nous est parvenu par deux traductions grecques (gr1 ou G et gr2 ou g). Le latin de la Vulgate, identique à celui de la Vetus latina, est l’oeuvre de trois traducteurs anonymes qui se sont succédés du 3e au 5e siècle, comme l’a démontré Thielmann, suivi par De Bruyne et les éditeurs de la Vulgate ( Edmaior.).
Le prologue Multorum est la traduction du prologue Πολλών και μεγάλων, propre à la version 1 du texte grec du Siracide. Il a été rédigé par le petit-fils du Siracide et n’a pas été repris, dans la version 2 du grec. Donatien De Bruyne et les éditeurs de la Vulgate assurent que la traduction latine primitive n’était pas introduite par Multorum car, si les Pères les plus anciens en avaient eu connaissance, ils n’auraient pas attribué l’Ecclésiastique à Salomon. L’édition maior suit l’analyse de De Bruyne. Elle précise que le prologue a été ajouté par un troisième traducteur. De Bruyne ne signale aucun manuscrit de Sir. sans Multorum, Edmaior. ne mentionne que ΛL, Chiara Ruzzier a recensé 10 bibles où Multorum est absent du Siracide. (communication orale du 26.2.2025, étude à paraître, infra Ruzzier 2025). Enfin, il existe une autre traduction latine de Πολλών και μεγάλων, inconnue de Stegmüller bien qu’éditée par De Bruyne postérieurement aux Préfaces de la Bible latine , que nous reproduisons également plus loin ( ‘Multis et magnis’ RB-26-2 )
Il résulte de ces remarques que Multorum :
1. appartient au texte de la Vulgate au titre de pièce liminaire et est distingué du chapitre 1 du Siracide par la majorité des bibles du Moyen Âge tardif et par la Bible des libraires de Paris (bibles portatives et autres formats qui présentent les mêmes caractéristiques de contennu).
2. n’est pas comptabilisé comme chapitre par les divisions langtoniennes (P14417) et les divisions parisiennes.
3. est rejeté en position finale, à la suite du livre de la Sagesse, dans le manuscrit de Fontenay P572, ce qui invite à s’assurer que les manuscrits qui omettent Multorum en position initiale ne l’ont pas néanmoins en ajouté en position finale.
4. est rejeté complètement par le correctoire dominicain primitif dit d’Hugues de Saint-Cher (Cor1) ;
5. est réintégré par la critique textuelle dominicaine de deuxième génération : ΩJ CorS1 .
6. est rejeté complètement par les correctoires franciscains ( Cor2 V CorS2 ) qui n’y font même pas allusion, ainsi que par Νicolas de Lyre qui omet de le commenter.
7. Dans les éditions imprimées d’Hugues de Saint-Cher (Postille Ed1703), et certaines éditions tardives de Nicolas de Lyre, il est séparé du chapitre 1 par le prologue de Raban “ Librum Iesu” (RB-473) mais ces éditions n’ont pas valeur de témoins du texte médiéval; elles reflètent seulement les choix de leurs éditeurs modernes.
Il appert par conséquent que Multorum est un marqueur des états du Texte parisien de la Bible latine du Moyen Âge tardif dès le 13e siècle :
1° la bible des libraires de Paris (bibles portatives et assimilables) a intégré le prologue à la suite de la Vulgate alcuinienne notamment ;
2° la bible parisienne franciscaine et les bibles qui suivent sur ce point les correctoires franciscains et / ou Nicolas de Lyre omettent Multorum ;
3° la bible parisienne dominicaine concorde ici avec la bible des libraires et conserve le prologue ; on retrouve ici et la distance par rapport au Texte franciscain et la parenté avec la Bible des libraires observée à propos du prol. Omnes qui pie (Apc.) ;
4° On observe plusieurs accords notables entre la Bible de Clément VII (P18), ΩB et la bible Albergati (1428) qui peuvent être considérés comme caractéristiques de la recension bolonaise du Texte qui repose sur un fond parisien commun. Les leçons de l’exemplar de Novare restent isolées mais révèlent une hérédité italienne et septentrionale bien typée ( dumtaxat ). Les accords entre la bibles glosée de Fontenay, du début du 4e quart du 12e siècle et ΩL sont surprenant; ils se limitent cependant à l’état ancien (pré parisien) de Multorum et s’expliquent de ce fait par la dépendance à l’égard d’un ancêtre commun qui reste à identifier, et qui a pu servir à l’ajout de Multorum dans P572 (de première main cependant). L’examen des témoins recensés par Chiara Ruzzier permettra de préciser la chronologie et la localisation de cette évolution. - Bibliographie: Ph. Thielmann , « Die lateinische Übersetzung des Buches Sirach », Archiv für lateinische Lexikographie und Grammatik, 8 (1893) 501-561; id., « Die europäischen Bestandteile des lateinischen Sirach », Archiv für lateinische Lexikographie und Gram matik 9 (1896) 247-284. D. De Bruyne, «Le prologue, le titre et la finale de l'Ecclésiastique», Zeitschrift für die alttestamentliche Wissenschaft 47 (1929), 257-263 ; Edmaior, t. 12, Prolegomena, 1964, p. XI-XII ; Thiele (Walter), ed., Siracidus (Ecclesiasticus), Vetus latina 11/2, Freiburg, 1987. Chiara Ruzzier , Céline Engelbeen , Sébastien de Valeriola , «De Jérôme à l’ordinateur : une exploration globale des prologues des bibles latines», 2025 à paraître. [Martin Morard 2025]
¶Nota : Le Siracide, dont on ne connaît que quelques fragments hébreux, nous est parvenu par deux traductions grecques (gr1 ou G et gr2 ou g). Le latin de la Vulgate, identique à celui de la Vetus latina, est l’oeuvre de trois traducteurs anonymes qui se sont succédés du 3e au 5e siècle, comme l’a démontré Thielmann, suivi par De Bruyne et les éditeurs de la Vulgate ( Edmaior.).
Le prologue Multorum est la traduction du prologue Πολλών και μεγάλων, propre à la version 1 du texte grec du Siracide. Il a été rédigé par le petit-fils du Siracide et n’a pas été repris, dans la version 2 du grec. Donatien De Bruyne et les éditeurs de la Vulgate assurent que la traduction latine primitive n’était pas introduite par Multorum car, si les Pères les plus anciens en avaient eu connaissance, ils n’auraient pas attribué l’Ecclésiastique à Salomon. L’édition maior suit l’analyse de De Bruyne. Elle précise que le prologue a été ajouté par un troisième traducteur. De Bruyne ne signale aucun manuscrit de Sir. sans Multorum, Edmaior. ne mentionne que ΛL, Chiara Ruzzier a recensé 10 bibles où Multorum est absent du Siracide. (communication orale du 26.2.2025, étude à paraître, infra Ruzzier 2025). Enfin, il existe une autre traduction latine de Πολλών και μεγάλων, inconnue de Stegmüller bien qu’éditée par De Bruyne postérieurement aux Préfaces de la Bible latine , que nous reproduisons également plus loin ( ‘Multis et magnis’ RB-26-2 )
Il résulte de ces remarques que Multorum :
1. appartient au texte de la Vulgate au titre de pièce liminaire et est distingué du chapitre 1 du Siracide par la majorité des bibles du Moyen Âge tardif et par la Bible des libraires de Paris (bibles portatives et autres formats qui présentent les mêmes caractéristiques de contennu).
2. n’est pas comptabilisé comme chapitre par les divisions langtoniennes (P14417) et les divisions parisiennes.
3. est rejeté en position finale, à la suite du livre de la Sagesse, dans le manuscrit de Fontenay P572, ce qui invite à s’assurer que les manuscrits qui omettent Multorum en position initiale ne l’ont pas néanmoins en ajouté en position finale.
4. est rejeté complètement par le correctoire dominicain primitif dit d’Hugues de Saint-Cher (Cor1) ;
5. est réintégré par la critique textuelle dominicaine de deuxième génération : ΩJ CorS1 .
6. est rejeté complètement par les correctoires franciscains ( Cor2 V CorS2 ) qui n’y font même pas allusion, ainsi que par Νicolas de Lyre qui omet de le commenter.
7. Dans les éditions imprimées d’Hugues de Saint-Cher (Postille Ed1703), et certaines éditions tardives de Nicolas de Lyre, il est séparé du chapitre 1 par le prologue de Raban “ Librum Iesu” (RB-473) mais ces éditions n’ont pas valeur de témoins du texte médiéval; elles reflètent seulement les choix de leurs éditeurs modernes.
Il appert par conséquent que Multorum est un marqueur des états du Texte parisien de la Bible latine du Moyen Âge tardif dès le 13e siècle :
1° la bible des libraires de Paris (bibles portatives et assimilables) a intégré le prologue à la suite de la Vulgate alcuinienne notamment ;
2° la bible parisienne franciscaine et les bibles qui suivent sur ce point les correctoires franciscains et / ou Nicolas de Lyre omettent Multorum ;
3° la bible parisienne dominicaine concorde ici avec la bible des libraires et conserve le prologue ; on retrouve ici et la distance par rapport au Texte franciscain et la parenté avec la Bible des libraires observée à propos du prol. Omnes qui pie (Apc.) ;
4° On observe plusieurs accords notables entre la Bible de Clément VII (P18), ΩB et la bible Albergati (1428) qui peuvent être considérés comme caractéristiques de la recension bolonaise du Texte qui repose sur un fond parisien commun. Les leçons de l’exemplar de Novare restent isolées mais révèlent une hérédité italienne et septentrionale bien typée ( dumtaxat ). Les accords entre la bibles glosée de Fontenay, du début du 4e quart du 12e siècle et ΩL sont surprenant; ils se limitent cependant à l’état ancien (pré parisien) de Multorum et s’expliquent de ce fait par la dépendance à l’égard d’un ancêtre commun qui reste à identifier, et qui a pu servir à l’ajout de Multorum dans P572 (de première main cependant). L’examen des témoins recensés par Chiara Ruzzier permettra de préciser la chronologie et la localisation de cette évolution. - Bibliographie: Ph. Thielmann , « Die lateinische Übersetzung des Buches Sirach », Archiv für lateinische Lexikographie und Grammatik, 8 (1893) 501-561; id., « Die europäischen Bestandteile des lateinischen Sirach », Archiv für lateinische Lexikographie und Gram matik 9 (1896) 247-284. D. De Bruyne, «Le prologue, le titre et la finale de l'Ecclésiastique», Zeitschrift für die alttestamentliche Wissenschaft 47 (1929), 257-263 ; Edmaior, t. 12, Prolegomena, 1964, p. XI-XII ; Thiele (Walter), ed., Siracidus (Ecclesiasticus), Vetus latina 11/2, Freiburg, 1987. Chiara Ruzzier , Céline Engelbeen , Sébastien de Valeriola , «De Jérôme à l’ordinateur : une exploration globale des prologues des bibles latines», 2025 à paraître. [Martin Morard 2025]
1 Incipit prologus.... appellatur] Inc. prologus libri Ihesu filii Sirach ΩN, Incipit prologus super Ecclesiasticum ΩB
P18
, Prologus Ihesu filii Syrach
P572 ;
Inc. prol. in libro Ihesu filii Sirach
ΩA
; Incipit prologus in librum Ecclesiastici ΩL, In Ecclesiasticum Iesu filii Sirach prologus
Clementina,
Inc. prol. in libro Iesu Sirach
Weber,
Incipit prohemium Ihesu filii Sirach in librum suum
Albergati
3 illos] scimus ΩM
4 sapientia demonstrata est Σ L M² ΘM² Z² ΓA
ΩA
ΩJ ΩL ΩS
P18 Albergati Rusch Ed1455 Ed1530 Sixtina Clementina
] sapientia demonstrata C Y² ΓA ΩJ ΩS
edd.
, sapientiam demonstratam M* Y* ΘM* Z*
P572 Weber,
sapientiam demonstratum ΨD
5 ipsos
omnes codd. et ed.
] illos ΩB
P18 Albergati
Numérotation du verset
Sir. Prol.26b,2
prol.|
Avus meus Iesus postquam se amplius dedit ad diligentiam lectionis Legis et Prophetarum et aliorum librorum qui nobis a parentibus nostris traditi sunt, voluit7* et ipse scribere aliquid8 horum9 que10 ad doctrinam et sapientiam pertinent ut desiderantes discere11 et illorum periti fieri12 magis magisque attendant animo et confirmentur ad legitimam vitam13.
7 voluit Σ ΠH ΦP L M² ΘM² S* Γ ΩS ΩJ ΩB ΩN
edd. cum graec.
] volui M* ΘM*3
P18 Albergati Edmaior. Weber
8 scrib. aliquid]
inv.
ΣC ΘH ΩL
9 horum ΩL ] + dumtaxat G² ΠH Y² S Γ ΩM ΩN
10 que ΩL ΩB
P18
] quam
P572,
qui ΣC
11 discere
P18
] discerent
P572
ΩL
12 fieri
P18
] facti
P572
ΩL
Weber
13 et confirmentur – ad legitimam vitam
P18
]
inv.
ΩL, et ad legitimam vitam confirmentur
inv. P572
, + et cum attenderit ad illam pariter et confirmentur ΩN
Numérotation du verset
Sir. Prol.26b,3
prol.|
Hortor itaque venire vos cum benevolentia14 et attentiori15 studio lectionem facere, et veniam habere in illis in quibus videmur16 sequentes imaginem sapientie et deficere in verborum compositione. Nam deficiunt17* verba hebraica quando translata fuerint18* ad alteram19 linguam. Non solum autem20* hec sed et ipsa Lex et Prophete ceteraque21* librorum non parvam habent differentiam quando inter se dicuntur.
14 benevolentia] benivolentia ΩL ΩB
P18 Albergati Rusch
15 attentiori ΩL ΩB
P18 Albergati
] attentione et
P572,
adtentiore ΩN
Weber
16 videmur ΩL ΩB ?
Albergati
] videmus
P18 P572
17 deficiunt ΩL
P18
] deficient ΩB
Albergati
Rusch
18 translata fuerint ΩL
P18 Albergati
]
inv. Rusch
19 alteram ΩL
P18
ΩB
Albergati
] aliam ΩN
P572
20 solum autem ΩL
P18 Albergati
]
inv. Rusch
21 ceteraque
P18
ΩB] ceteramque ΩN, ceterique
P572
, ceteraque aliorum ΩL
Albergati Rusch
Numérotation du verset
Sir. Prol.26b,4
prol.|
Nam in octavo et tricesimo anno22* temporibus Ptolomei Evergetis regis, postquam perveni in Egyptum et cum multum temporis ibi fuissem23, inveni ibi24 libros25 relictos non26 parve neque contemnende doctrine.
22 anno] + et
Rusch
23 fuissem] fecissem ΩL ΩB
P18 Albergati P572
Weber
24 ibi]
om. P572 Weber
25 ibi libros]
inv. Albergati
26 relictos non] litos nunc
P572
Numérotation du verset
Sir. Prol.26b,5
prol.|
Itaque bonum et necessarium putavi et ipse aliquam addere {Erfurt, t. 3, f. 46vb ; facsim., t. 2, p. 744b} diligentiam et laborem interpretandi istum librum et multa vigilia attuli doctrinam27 in spatio temporis, ad illa que ad finem ducunt librum istum28 dare, et illis qui volunt animum intendere et discere quemadmodum oporteat29 instituere mores qui secundum legem Domini proposuerunt vitam agere30.
27 doctrinam ΩL]
om. Albergati
28 istum ΩJ* ΩS
Ed1455 Rusch Clementina
]
om. P572
ΩJ² ΩL ΩB
P18 Albergati Weber
29 oporteat ΩL
P18
ΩB ΩN] oportet
Albergati
30 agere] + Explicit
P572,
+ Explicit prologus
ΩA
ΩB ΩN
P18 Albergati Weber
, + incipit ecclesiasticus ΩB, + Incipit liber Ecclesiasticus Ihesu filii Sirach ΩN n + Incipit liber Ecclesiastici
P18,
+ Incipit liber Ihesu filii Sirach qui Ecclesiasticus dicitur ΩL, + Incipit liber Ihesu filii Sirach id est Ecclesiasticus ΩB,
Comment citer cette page ?
Martin Morard, ed., Biblia Communis (Sir. Prol.26b), in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2025. Consultation du 02/04/2025. (Permalink : https://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/editions_chapitre.php?id=biblia&numLivre=32&chapitre=32_Prol.26b)
Martin Morard, ed., Biblia Communis (Sir. Prol.26b), in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2025. Consultation du 02/04/2025. (Permalink : https://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/editions_chapitre.php?id=biblia&numLivre=32&chapitre=32_Prol.26b)
Notes :