Les noms donnés à la Bible glosée. Notes de lexicographie historique

page rédigée par : M. Morard, créée le : 25.6.2024 ; dernière mise à jour : 23.7.2024 (versio 5)

Apocalype avec la glose universitaire ("puzzle"), encadrée par la postille 'Vidit Iacob' d'Hugues de Saint-Cher (Paris, BnF, lat. 15236 :Paris, BnF, lat. 15236, copié à Paris, vers 1250-1275)

 

 

La Bible avec commentaires

La Bible glosée

Le Texte biblique de la Bible glosée

Une taxinomie instable

Les noms que prit la Glose

Glossa

Glossa = Pierre Lombard (Ps. Paul.)

Glossatura

Sacra Pagina

Glose ordinaire

Gilbert de la Porrée : Glossa media, Glossa marginalis et continua, Glossa continua

Pierre Lombard : Magna glossatura : Glosa ordinaria, glossa maior, Glossa Petri

Tableau récapitulatif (xiie- xviiie s.)

 

Termes traités (chercher par CTRL+F)

Bible glosée,

Glose universitaire (pas d’équivalent latin)

glossa antiqua,

glossa continua,

Glossa magna = Pierre Lombard (Ps. Paul.)

glossa marginalis et continua = Glossa media

glossa marginalis,

Glossa media = Gilbert de la Porrée (Ps. Paul.)

Glossa ordinaria

Glossa parva

glossa,

glossatura,

glosse minores

glosse veteres,

Sacra Pagina = Textus ou Textus cum glossa

 

Pour en savoir plus

=> Matériau exégétique des bibles latines glosées

=> Martin Morard, Terminologie ancienne du livre médiéval in : Libraria.

 

Les termes les plus usités sont aussi les plus usés. Ils ne sont pas toujours facile à définir. Le vocabulaire de la Bible glosée donne lieu à bien des malentendus et appelle des éclaircissements. Ces pages peuvent être lues comme l’argumentaire qui rend raison du champ documentaire couvert par le site Sacra Pagina (Gloss-e) et la base GLOSSEM : réunir la gerbe des épis semés au long des mille cinq cent ans de l’histoire de la Bible glosée, observer ce grand chêne en coupe et en élévation, de la pointe de ses racines jusqu’au faîte de ses branches.

La Bible avec commentaires

On appelle « Bible avec commentaires » ou « Bible glosée » au sens large, la Bible chrétienne dont le « Texte » (Textus) est associé à un commentaire (« commentaire, sentence, glose »), copié de première main et disposé selon une mise en page spécifique.

La notion de « Bible avec commentaires » est plus compréhensive que celle de « Bible glosée ». Les bibles avec commentaires comprennent toutes les dispositions qui associent la Bible à un commentaire, soit selon une disposition synoptique, soit par association simple lorsqu’un livre biblique est relié en tête ou à la fin d’un commentaire dans un même volume, avec ou sans continuité modulaire.

La Bible glosée n’est pas un texte ou une oeuvre déterminée. Elle est un système de transmission de l’Ecriture et de ses traditions herméneutiques, destiné à l’appropriation de la Révélation écrite, à la lumière des héritages anciens. Ecriture et Tradition sont, en régime chrétien, l’une et l’autre normatives de l’expression verbale de la foi de l’Eglise et de ses membres dont rend compte l’enseignement des docteurs et la prédication des pasteurs de l’Eglise.

La Bible glosée

La Bible glosée est un sous-ensemble de la catégorie des bibles avec commentaires.  Au sens strict, la « Bible glosée »  désigne uniquement l’association du Texte biblique et d’un ensemble exégétique selon une disposition synoptique à l’échelle de chaque feuillet ou à l’échelle du livre ouvert (aperture).

Le registre exégétique appelé glosé disposé

-          soit en marge du Texte (« glose marginale »),

-          soit entre les lignes, au-dessus des mots du Texte concernés (« glose interlinéaire »),

-          soit au-dessous de lemme commenté (« glose intercalée »).

 

Ce commentaire peut être soit discontinu (type A), composé de sentences sans lien syntaxique les unes avec les autres ou « gloses discontinues », soit continu (type B), incluant les mots du texte biblique commentés phrase après phrase[1].

Le matériau exégétique des bibles glosées est rédigé par les maîtres des écoles de théologie  exerçant la fonction de « glossateurs » qui, pour chaque lemme commenté, citent ou restituent avec leurs mots l’essentiel des héritages herméneutiques anciens du christianisme (Pères et auteurs ecclésiastiques).

Au cours de plus de mille ans d’histoire, la Bible glosée a pris la forme de corpus ou d’ensembles différents qui se complètent et se répondent. Ils se sont succédés et ont fait autorité comme référentiels témoins, avec des fonctions et des succès divers, depuis Cassiodore (485 c. – †580) au plus tard (première attestation écrite), jusqu’au 18e siècle. A cette époque, l’érudition, la multiplication des éditions intégrales des oeuvres des Pères et la mode des Bibliothèques des Pères ont fini par rendre obsolète et insuffisantes les compilations sélectives.

Au Moyen Âge, la formation théologique fondamentale des clercs consistait dans l’initiation à la compréhension du texte des Ecritures dont les principaux livres étaient lus et expliqués publiquement par les maîtres des écoles ecclésiastiques à partir des exégèses anciennes. Jusqu’au 14e siècle, « theologia » reste synonyme de « Sacra Scriptura ». Chez Cassiodore comme à Paris au 13e siècle, il y a deux catégories de Bible : la Bible cum Glossa (Paris) ou cum commentariis (Cassiodore) et la Bible completa sine glossa que Cassiodore appelait « pandecte »[2].

La Bible glosée est un ensemble à géométrie variable, la compilation virtuelle de plusieurs strates successives qu’aucune édition matérielle n’a pu réunir jusqu’ici. Seul le texte biblique fait le lien entre ses versions.

La Bible glosée est resté un texte ouvert[3] jusqu’à son adoption comme texte de base de la lecture scolaire de la Bible en ses Traditions sur le modèle des écoles parisiennes. Le système des gloses discontinues a appelé la greffe de gloses adventices qui se sont ajoutées à un tronc commun dont le coeur est carolingien, l’aubier scolaire et l’écorce moderne (voir plus-haut).

Le Texte biblique de la Bible glosée

On a souvent dit que l'origine du texte de la Bible dite parisienne ou universitaire remonte en partie à la version du texte biblique diffusé avec la Glose à Paris au début du 13e siècle, laquelle a appelé révisions et corrections (voir ici Littera communis. La Bible latine du moyen âge tardif entre Glose ordinaire et Bible parisienne). Le texte de la Bible reproduit dans les manuscrits glosés en usage dans les écoles des XIIe et XIIIe siècles ne serait pas homogène. Toutefois, la comparaison avec le texte de la Bible des libraires de Paris révèle à l’examen une réelle résistance de la Bible glosée universitaire envers les particularité du Texte des bibles sans commentaires.

Une taxinomie instable

« Glose ordinaire » n’est que le plus commun des titres donnés à la version la plus répandue de la Bible glosée. Auparavant, l’usage a forgé d’autres noms pour distinguer la Glose ordinaire des écoles d’autres versions.

Le recours à ces qualificatifs intervient surtout lorsqu’il y a risque de confusion entre plusieurs versions de la Glose, par exemple dans un catalogue de bibliothèque ou une liste de livres, ou lorsqu’un commentateur compare les données des diverses gloses, ce qui est relativement rare.

La multiplication des titres et qualificatifs est liée aux évolutions du contenu des bibles glosées. Le texte même du matériau exégétique des livres glosés issus des écoles du 12e siècle a évolué avant d’être stabilisé au moment de sa réception parisienne et de l’adoption de nouvelles mises en pages inventées à Sens, sous influence insulaire, dans les années 1160-1170, puis adoptées par les ateliers parisiens (glose « puzzle », glose « en îlots »[4]).

Les noms donnés aux versions de la Bible glosée dans les documents anciens sont la conséquence de plusieurs phénomènes :

1° l’adoption du commentaire de livres bibliques clés (Ps. et Paul.) comme socle de la formation théologique des clercs dans le contexte de la réforme ecclésiastique du clergé, bien avant l’école de Laon, dès le troisième quart du 11e siècle (Bruno de Reims, Anselme du Bec) ;

2° l’adoption de la forme glosée comme support de l’enseignement théologique, c’est-à-dire biblique. Le mouvement n’est pas attribuable à une initiative individuelle. Il est porté par les besoins de la réforme ecclésiastique du clergé séculier et monastique dès le milieu du 11e siècle. On le voit se répandre dans le sillage de Lanfranc du Bec (1010-†1089), de Pavie à Canturbury. Presque simultanément, dès avant la fin du 11e siècle, la lecture et la production de la Bible glosée pénètre de Lérins à Laon, puis jusqu’au coeur de l’Allemagne. Son étude et ses formes se systématisent pour irriguer pratiquement toute l’Europe en moins d’un demi-siècle. Avant le quatrième quart du 12e siècle, tous les livres bibliques disposent d’une version glosée.

3° l’adoption scolaire à Paris des commentaires de Pierre Lombard sur les Ps. et les épîtres pauliniennes, en remplacement de la Glose révisée par Anselme de Laon, dans le contexte du rayonnement européen du studium parisiense à partir des années 1180.

La Glose issue de l’école de Laon n’a joué le rôle de Glose « ordinaire » (c’est-à-dire retenue pour servir à la formation) que jusqu’en 1160-1170, sans en avoir jamais le titre. Les autres versions glosées de la Bible, isolées ou peu diffusées, n’ont pas joué le rôle de Glose « ordinaire ». Leur lecture est restée limitée à leur milieu d’origine ou à des consultations sporadiques.

La taxinomie de la Bible glosée a varié. Les titres uniformes choisis pour distinguer les versions sont établis soit selon des critères de taille (parva, etc.), soit selon des critères de temps (antiqua, vetus, nova etc.), soit selon le nom de leurs auteurs.

L’identification nom d’auteur est souvent problématique quand elle se réduit à désigner celui-ci par son prénom. Il est alors difficile de savoir, surtout dans les catalogues de maisons religieuses, si tel manuscrit a été rédigé par Anselme, Pierre, ou Gilbert ou si ces prénoms désignent leur possesseur : « Glossa Giliberti » peut signifier celle du frère portant ce nom aussi bien que Gilbert de la Porrée. Le contexte ne suffit pas toujours à les distinguer.

Les titres de Glossatura ou Glossa parva, media, magna décrivent la taille. Ils apparaissent chez les théologiens à partir de cette époque. L’adoption de ces titres dits « uniformes »[5], appliqués aux différents corpus de gloses bibliques, a concerné d’abord la Glose sur les Psaumes et sur Paul dont trois versions principales été distinguée par trois noms spécifiques : la « Glossa parva » ou « Glosse minores » (Laon), la « media » (Gilbert de Poitiers ou de la Porrée), et la « magna Glossatura » ou « Glosse maiores » (Pierre Lombard). Ces qualificatifs correspondent à l’ampleur matérielle des commentaires en question. Autrement dit, c’est la mise en circulation successive de plusieurs versions du matériau exégétique associé au texte de la Bible qui a conduit à les distinguer en attribuant des qualificatif impersonnels spécifiques.

Parallèlement, les versions de la Bible glosée sont intitulées non en fonction de leur taille respective, mais en raison de leur ancienneté. Ainsi la Glose de Laon est qualifée de « Glosse veteres » par l’étiquette d’une reliure ancienne (s13/14e ?)[6]

Il faut cependant noter que cette terminologie a mis beaucoup de temps à se stabiliser. Ainsi, Etienne Langton, auquel on veut parfois prêter trop vite un rôle de pionnier, désigne à plusieurs reprises la Glose ordinaire sur Isaïe, dans son commentaire sur Jonas, sous le titre de Glossa magna[7]. La distinction entre parva, media et magna est propre aux milieux scolaires ; elle ne s’est pas maintenue jusqu’à la fin du Moyen Âge[8].

Les noms que prit la Glose

Glossa

Les sentences associées au texte biblique sont appelées « gloses ». Le mot « glosa / glossa» est un des termes les plus équivoques du vocabulaire de l’exégèse médiévale. Il désigne d’abord une explication indéterminée, associée à un mot ou à une expression d’un texte de référence fondamental (religieux, philosophique, littéraire, juridique, etc.). L’absence d’article défini en latin rend équivoque la locution « (ut) glossa dicit », récurrente dans les commentaires bibliques. « Ut glossa dicit » se traduit le plus souvent par « comme dit une glose», au sens large de « une explication », sans faire référence à une oeuvre personnelle ou à une version précise de la Bible glosée.

Sans exclure cette signification, à partir de la fin du 11e siècle, « Glossa » désigne aussi les sentences extraites de LA Bible glosée, c’est-à-dire des livres bibliques glosés dont la lecture faisait désormais l’objet principal de l’enseignement de la théologie. Les livres bibliques glosés par les maîtres de Laon – Anselme et Raoul – ont été complétés après eux ; ils ont servi de modèle et ont fait souche. La Bible ainsi glosée est devenu l’ouvrage de référence de l’enseignement de la théologie.

Les maîtres de Laon et des écoles du 12e siècle ont systématisé un processus de "valorisation" pédagogique de la production de sentences qui caractérise ce moment capital de l’histoire de la théologie médiévale[9]. Cette valorisation a consisté à ‘coller’ dans les marges du texte biblique à la manière des livres glosés hérités de la Renaissance carolingienne, les sentences forgées dans le contexte de leur propre enseignement. Le procédé n’était pas nouveau. Il est déjà attesté par Lanfranc du Bec (de Paviee ou de Cantorbery), un demi-siècle avant Anselme de Laon, comme l’attestent les manuscrits de son commentaire des épîtres de Paul, paléographiquement bien antérieurs à ceux de l’école de Laon, récemment signalés dans GLOSSEM (« Glossa Lanfranci »). L'école de Laon n'est pas non plus à l'origine de la mise en glose de tous les livres de la Bible. On peut dire que, de tous les recueils de sentences du début du 12e siècle, la Bible glosée est celui qui a le mieux réussi, au sens où il a été diffusé et reçu dans tout l’espace occidental.

La Glose "laonnoise" sur le Psautier et les épîtres de Paul est à lire en parallèle avec celle de Gilbert de Poitiers sur les mêmes livres dont les plus anciens manuscrits identifiés sont à peine plus récents que ceux de la Glose ordinaire, datés par les historiens de l'art des mêmes années 1140-1150. Ces deux versions ont été complétées et supplantées, entre les années 1160 et 1180, par la Glossa magna de Pierre Lombard sur Ps. et Paul. (plus de 871 manuscrits : Psaumes = 494 ; Paul. 354) lorsque les maîtres des écoles de Paris, quelque part entre Pierre le Mangeur et Pierre la Chantre, ont choisi ces deux commentaires, associés au livre des Sentences de Pierre Lombard, comme trépied de la formation des clercs.[10]

« Glossa » sans qualificatif s’applique à des réalités qui diffèrent selon les contextes historiques et les livres bibliques. La Glose de Laon n’est plus « ordinaire » à la fin du 12e siècle et au 13e siècle de la même façon qu’elle a pu l’être jusque vers 1170-1180. La Glose laonnoise sur les Psaumes et le corpus paulinien est supplantée par celle de Pierre Lombard (Magna Glossatura, Glossa magna[11])  qui remplit alors la fonction de support de la lecture ordinaire de la Bible glosée. La Glossa media de Gilbert de la Porrée n’a jamais été commentée à l’université, son rayonnement est resté confiné et sa diffusion manuscrite encore plus. A ma connaissance elle n’a jamais été qualifiée d’ « ordinaire » et n’a jamais rempli la fonction de Glose ordinaire.

A partir de la fin du 12e siècle, la totalité des livres de la Bible est diffusée sous forme glosée. Le corpus est clos. La mise en page « puzzle » de la Glose biblique diffusée à Paris s’accompagne notamment d’une stabilisation du texte, désormais fermée à l’insertion inconsidérée de nouvelles sentences. Les scholies ou annotations de lecteurs ou de maîtres, matière première des postilles d’Hugues de Saint-Cher, sont rejettées dans les marges. La Glose de Laon est devenue la Glose universitaire que les historiens ecclésiastiques et les catalogueurs vont qualifier de « Glose ordinaire ».

Glossa = Pierre Lombard (Ps. Paul.)

Après 1170/1180 « Glossa » sans qualificatif en contexte scolaire, lorsqu’il s’agit des Psaumes et de Paul, désigne quasiment toujours la Magna Glossatura de Pierre Lombard dont l’usage était alors devenu « ordinaire » ou « communis ». Aucun document historique n’affirme ou ne décrit explicitement la substitution de la Magna Glossatura à la Glose de Laon dans l’enseignement. Elle se déduit de l’analyse des sources des commentaires de l’Ecole biblico-pastorale parisienne, de l’étude des mises en page et des textes de cette période. Ainsi, lorsque Thomas d’Aquin cite « Glossa » à propos des Psaumes et des épîtres pauliniennes, il ne désigne jamais la Glossa parva mais toujours la Glossa magna de Pierre Lombard. Il n’y associe aucun qualificatif parce qu’il ne se préoccupe pas de la comparer avec la parva et moins encore avec la media.

Glossatura

Dans ce contexte, glos(s)atura désigne tout corpus d’annotations ou de commentaires discontinues recueillies dans le sillage d’un maître qui commente la Glose scolaire. En raison de leur caractère décousu ou discontinu, les manuscrits et catalographes tardifs les qualifieront aussi de « distinctiones » dans un sens équivoque qui prête à confusion avec le genre littéraire et théologique propre au 13e siècle[12]. Etienne Langton parle aussi de glossatura Cantoris pour désigner les notes du cours de Pierre le Chantre sur la Glossa magna[13]. A ma connaissance, les manuscrits de Pierre le Chantre ne sont pas diffusés sous forme glosée, à l’exception notable toutefois d’un exemplaire du commentaire du Pentateuque datable des premières décennies du 13e siècle[14].

Sacra Pagina

Nous entendons ici Sacra Pagina au sens médiéval tardif de l’association de la Bible avec commentaires donnée à lire sur l’espace de la page glosée. Ce sens n’est pas premier. Il découle du contexte large de la formation du clergé de la Réforme grégorienne.

L’expression (à laquelle il faut associer les adjectifs synonymes divina, sancta, sacrosancta) est utilisée au singulier ou au pluriel dans les textes anciens pour désigner l’Ecriture elle-même.

Dans la première moitié du Moyen Âge, jusqu’au 11e siècle environ, le singulier est exceptionnel et propre aux textes de nature poétique ou versifiés[15].

Dans un premier temps, le pluriel est préféré ; on parle des saintes Pages ou, chez Grégoire le Grand et Bède des Pages de la Sainte Ecriture (Scripturae sacrae paginae). Augustin utilise l’expression pure (sans Scriptura), mais il associe plutôt à Paginae les adjectifs Sanctae ou Divinae.

L’exégèse n’est pas spécialement associée à l’expression parce qu’elle est omniprésente. Une seule fois Augustin sort de l’implicite[16] : "A chaque fois – je résume plus que je ne traduis – à chaque fois qu’il faut expliquer les dits ou les faits des Saintes Pages (Sacris paginis) formulés de manière figurée (figurate), il convient de le faire selon la règle de la foi saine et en recevant avec sagesse (sapienter audiamus) et sans mépris cette explication, en délaissant l’iméritie des experts qui bavassent sur la qualité des images.

L’usage de l’expression Sacra Pagina au singulier est exceptionnel ; il est attesté chez Cassien mais d’une façon qui s’impose grammaticalement en raison du contexte. Dans la célèbre collation 10 sur Deus in adiutorium meum intende, le Père du monachisme occidental raconte s’être endormi en voulant poursuivre sa lecture au-delà du temps imparti. Mais la douleur de son front heurtant la Sacra Pagina le réveilla au moment où la cloche sonnait pour l’office[17].

Divina Pagina est le synonyme scricte de l’Ecriture sainte et fleuri au singulier à partir du dernier quart du 11e siècle. Sacra Pagina au singulier est deux fois plus attesté à partir de cette période et domine le paysage.

L’élargissement sémantique de Sacra Pagina à la Bible cum glossa se fait discrètement mais de façon significative à Fulda à la veille du moment où Raban Maur prend la tête de l’école abbatiale. Le document le plus explicite à ce sujet est en effet un capitulaire de Charlemagne adressé à l’abbé de Fulda entre 780 et 800, la lettre de litteris colendis, antérieure de plusieurs siècles à la réforme grégorienne et à Anselme de Laon, mais de quelques années seulement au début de l’activité de Raban Maur à la tête de l’école abbatiale et à l’arrivée de Walafrid Strabon :

« Puisqu’on trouve dans les Pages sacrées, des schémas, tropes et autres choses semblables qui y sont insérées, il ne fait pas de doute que quiconque en les lisant comprend d’autant plus vite qu’il aura d’abord été plus pleinement instruit à l’enseignement des lettres » [18].

La Glose ne pouvait que suivre. L’allusion à des explicitations exogènes « insérées » dans le Texte de la Bible annonce déjà l’expression « glosa intercisa » qui désigne les sentences discontinues des gloses carolingiennes. Raban Maur en décrira peu après la substance autant que la méthode dans la préface de son commentaire du livre des Rois. La suite de l’histoire de la Glose ne sera qu’un long tatonnement à la recherche de la meilleure ergonomie synoptique[19]. On se doit de citer ce texte en entier. Il peut être compris a posteriori comme le manifeste du glossateur médiéval au point qu’on doit se demander pourquoi c’est à Strabon plutôt qu’à Raban que Trithème a voulu attribuer la Glose « ordinaire ». Au point qu’on se doit peut-être d’être plus indulgent à l’égard de Trithème. Le « mythe » qui lui attribue la Glose ordinaire n’est pas si absurde qu’on a pu le penser, si l’on accepte de prendre le terme de « Glose ordinaire » au sens large de Bible glosée et qu’on se rappelle ses relations avec Raban [20] :

« AEstimo enim, si illud relegere volueritis, per omnia vobis non displicere, cum cognoveritis me ad hoc laborare velle ut sanctorum Patrum dicta, quae de praedicto libro exposita in pluribus exemplaribus dispersa sunt, in unum ob commoditatem legentis colligerem, quatenus quid quisque eorum in sententiis diversis historiae Regum per singula loca senserit, pariter et secundum ordinem a nobis dispositum reperiret.

Ibi enim inveniet quid Pater Augustinus, quid ve insignis interpres divinorum librorum Hieronymus senserint: quid papa beatus ac suavissimus doctor Gregorius, quid ve Isidorus Hispalensis episcopus, et quid Beda, magister nobilis, ac caeteri Patres, quorum longum est nomina recensere, rite intellexerint. Quorum omnium sententias, aut sicuti ab ipsis conscriptae sunt posui, aut sensum eorum meis verbis breviando explanavi.

Praenotavi que in marginibus paginarum aliquorum eorum nomina, ubi sua propria verba sunt; ubi vero eorum sensum meis verbis expressi, aut ubi juxta sensus eorum similitudinem, prout divina gratia mihi concedere dignata est, de novo dictavi, M litteram MAURI nomen exprimentem, quod magister meus beatae memoriae Albinus mihi indidit, praenotare curavi, ut diligens lector sciat quid quisque de suo proferat, quid ve in singulis sentiendum sit, decerna ».

 

Dans la continuité des glossateurs antérieurs, Pierre Lombard désignera les auteurs qu’il fait dialoguer dans la Magna Glosatura comme les « doctores Sacre Pagine »[21]. La Sacra Pagina devient alors le champ clôt des joutes exégétiques où les Pères s’affrontent en combats singuliers - non sanglants mais verbaux – introduits tour à tour par le Glossateur, hérault d’armes.

Dans le vocabulaire des théologiens et, de ce fait, dans celui des universités, Sacra Pagina est le strict équivalent de Theologia[22]. L’un et l’autre désignent d’abord l’Ecriture sainte, telle qu’elle a été reçue par la tradition des héritages anciens qui en font le support fondamental de l’identité du groupe social et religieux qu’est l’Eglise. Ces trois éléments sont indissociables dans la culture médiévale dominante, jusqu’à ce que l’Humanisme, puis les Réformes protestantes imposent un changement de point de vue qui privilégie la Bible sine glossa.

Sacra Pagina renvoie à la matérialité de la Bible comme livre et devient peu à peu synonyme de la Bible glosée. Au vu de la pratique effective de l’exégèse scolaire, Sacra Pagina désigne par métonymie silencieuse (non explicitée) l’articulation synoptique, sur la Page, support écrit de la lecture optique, du double registre de la Bible et de la Glose, du Texte inspiré et de son patrimoine herméneutique mis à porté d’un auditoire par l’exercice de la sententiarisation.

Glose ordinaire

L’expression « glossa ordinaria » est un titre uniforme moderne ou générique appliqué aussi bien à la Bible qu’au droit civil et à certaines collections du droit canonique à partir de la fin du 13e siècle. Elle désigne le corpus exégétique associé à la Bible latine dans l’enseignement des écoles. Issu d’une souche laonnoise aux contours précis encore mal déterminés, il s’est étendu par l’action de Gilbert l’Universel (†1134) puis par d’autres maîtres anonymes au cours du 12e siècle. Une fois couvert l’ensemble des livres de la Bible, il a subi un remaniement majeur par le remplacement des commentaires d’Anselme sur les Psaumes et les épîtres de Paul par la Grande Glose de Pierre Lombard. L’adoption du format puzzle sous l’influence d’Herbert de Bosham et de l’entourage de Thomas Becket vers 1170-1172 a permis de fixer le texte de la Glose des Ecoles.

Pour la Bible, plus encore que pour le droit, l’indication catalographique « Glos(s)a ordinaria » appelle donc à la plus grande réserve. D’abord, parce qu’il correspond, selon les périodes, à des états différents du développement de la Bible glosée. Ensuite, parce que la chronologie de l’usage des termes est décalée par rapport à la réalité des pratiques.

La Bible glosée, en tant que support codicologique ordinaire de la formation théologique, s’est transformée sans changer d’identité, de manière continue, comme un organisme vivant qui évolue de la naissance à la vieillesse. On peut sommairement distinguer les périodes suivantes :

A.     La Bible avec commentaires, de Cassiodore (†580) au concile In Trullo (691) (6e-7e siècles) ;

B.      La Glose des moines et les compilations carolingiennes de Bède le Vénérale (†735) et Raban Maur (†856)

C.     La Glose des cathédrales, de Bruno de Würzburg (†1045) au début de l’école de Laon

D.    La Glose des écoles, de Gilbert l’Universel jusqu’à l’adoption de la Magna Glossatura après la mort de Pierre Lombard (†1160),

E.     La Glose universitaire jusqu’à l’édition princeps de 1480

F.      La Glose des érudits ou la Glose des imprimeurs, de l’édition princeps (1480) aux éditions compilées avec la postille de Nicolas de Lyre (1495-1634)

Au sens large, « Glose ordinaire » désigne le noyau commun de cette évolution dispersé dans des manuscrits qui y mêlaient un part importante de sentences propres.

Au sens étroit, la « Glose ordinaire » désigne la révision opérée par l’école de Laon qui a fait souche et a servi de modèle textuel et codicologique (mise en page) au point de dominer l’usage de la Bible glosée au cours du 12e siècle.

Au sens strict, il n’y a pas de « Glose ordinaire » avant que la révision commencée à Laon ait été appliquée à tous les livres de la Bible et que l’enseignement de la théologie se fasse « ordinairemen » à partir du corpus ainsi retenu. Glossa ordinaria désigne donc au sens strict la Glose des universités : la version de la Glose qui a fait l’objet d’un enseignement régulier dans le cadre des facultés de théologie décernant des grades et structurée par l’enseignement de maîtres, titulaire de l’enseignement ordinaire, et des bacheliers affectés à un enseignement subalterne, appelé à Paris « cursif » (cursive legere), et ailleurs extraordinaire.

Ordinarius est d’abord un terme technique qui désigne la Bible glosée commentée par le maître régent (ordinarius)[23], autrement dit le texte qui répond à un « ordo » et devient de ce fait « officiel ». Mais ni le texte ni le contenu ni la structure de la Bible glosée n’ont été réglementés explicitement ni à Paris, ni à Bologne, ni dans les studia des ordres religieux. Le principe fonder la formation du clergé sur la lecture l’Ecriture à la lumière et dans la continuité de la tradition herméneutique ecclésiale, rappelé par le concile In Trullo, ne faisait pas débat. L’adoption de la Bible glosée n’en était que le corollaire. Au moment de la création de l’université, au début du 13e siècle, les formes et les méthodes de l’enseignement des écoles de théologie avaient déjà été stabilisées et n’appelaient pas de réglementation nouvelle. Comme pour les bibles portatives, c’est le commerce du livre qui a imposé le texte commun pour répondre à l’explosion de la demande. La substitution de la Magna Glosatura de Pierre Lombard à la Parva d’Anselme de Laon s’est faite à bas bruit, par consensus tacite et imitation, dès les années 1170-1180, bien avant la fondation de l’université. Elle n’a donc pas laissé de trace dans les actes de la pratique.

Les évolutions du vocabulaire suivent une chronologie un peu différente. A partir de 1170 environ, le seul mot « Glose / Glosa », sans qualificatif, lorsqu’il est cité sans autre qualificatif dans le cadre d’un commentaire biblique scolaire, désigne ipso facto la version scolaire développée des sentences agrégées à la collection des 35 unités modulaires de la Bible latine, sentences issues de la souche laonnoise, mais en partie seulement. Les Psaumes et les épîtres de Paul laonnois ont été remplacés par les commentaires de Pierre Lombard. Cette substitution n’est pas un rejet. Elle s’explique par le fait que Pierre Lombard a intégré à son commentaire la quasi intégralité de la Glosa parva et qu’il l’a fortement améliorée et rendue plus ergonomique tout en intégrant la glose interlinéaire de Laon à l’intérieur du commentaire. Il fixait ainsi le lien entre lemme bibliques et les gloses interlinéaires qui, en flottant sans attache au-dessus des lignes du Texte, rendaient si inconfortable la lecture des livres glosés par sentences discontinues[24]. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas de glose « ordinaire » qu’il faudrait parler pour désigner la souche de la collection biblique complète éditée par Adolf Rusch en 1480, ni de Glose de Laon, encore moins « d’Anselme de Laon », comme le font les bibliographes actuels, mais de glose scolaire parisienne devenue universitaire avec l’élévation des écoles de Paris au rang d’université en 1215.

A Paris, les deux listes dites ‘de taxation’ (en réalité des catalogues de vente composites dans l’état que nous leur connaissons) mentionnent au moins deux états de la Glose  (antiqua et nova, voir plus loin) mais n’utilisent le qualificatif ordinarius ni pour le droit, ni pour la Bible.

L’usage de Glossa ordinaria à propos de la Bible est probablement un emprunt, ou une imitation des pratiques juridiques méridionales et bolonaises qui désignaient de la sorte le commentaire de référence du Code et du Décret lu par les maîtres que l’université mandatait à cet effet. En droit canonique, « Glossa ordinaria » est déjà attesté vers 1280 en Italie, chez Ptolémée de Lucques[25]. Son application à la Bible intégralement glosée n’est pas attestée avant le 14e siècle selon Beryl Smalley qui ne produit aucune source[26]. Personne, à ma connaissance, n’en a cité depuis. Je ne saurais prétendre ici à l’exhaustivité.

Les occurrences repérables au 13e siècle à partir de la Library of Latin Text chez Thomas d’Aquin correspondent à des leçons rejetées par le texte critique ou à des notes d’éditeurs insérées par erreur dans le texte de l’auteur[27]. Les premières attestations que je connaisse concernent la Magna Glossatura sur les épîtres de Paul, citée comme Glossa ordinaria par Henri de Gand (†1293)[28] et sur les Psaumes, citée sous ce nom par Armand de Belvézer, non à Paris mais à Montpellier[29]. Il peut cependant s’agir d’un effet documentaire : le Psautier et le corpus paulinien étaient les livres les plus commentés ; il est normal que ce soit à leur sujet qu’on trouve le plus d’attestations de l’expression.

C’est un acte de l’empereur Louis IV, daté de Rome, le 18 avril 1328, qui cite explicitement à plusieurs reprises la Glose d’autres livres bibliques (Mt. Io. Act.) sous le titre de « Glosa ordinaria ». La source de l’une de ces citations n’a pas pu être identifiée par l’éditeur des Monumenta Germaniae Historica. La même sentence avait déjà été citée par Jacques de Voragine dans la Légende dorée, comme venant de la « Glossa » (sans qualificatif) sans que son éditeur n’ait réussi non plus à l’identifier[30]. Et pour cause. Elle est inconnue des éditions imprimées. Nous l’avons pourtant retrouvée, sagement rangée à la place indiquée par les sources, dans un exemplaire de la Glose universitaire avec mise en page « puzzle », copiée à Bologne à la fin du 13e siècle[31]. L’ajout de ordinaria par Louis IV au ut dicit Glossa utilisé auparavant, mais dans un autre contexte, par Jacques de Voragine, pourtant formé en Italie, est indicateur non seulement de l’usage par ces auteurs d’un texte italien différent de la Glose commune en usage à Paris, mais aussi de la nouveauté de cette appellation, inusitée avant 1280 (Légende dorée) est étendue à toute la Bible cinquante ans plus tard en Italie, alors qu’en France elle est encore absente.

Ni le catalogue du collège de Sorbonne des années 1338, ni aucune des nombreuses citations ou éditions d’inventaires anciens ou d’actes de la pratique concernant la Bible glosée, publiés par Léopold Delisles dans son Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque impériale, ne qualifient d’« ordinaire » la glose des bibles avec commentaires qu’il mentionne. Il en va de même en Angleterre. Le Corpus of British Medieval Library Catalogues analysé par Richard Sharp ne fait jamais appel à l’expression ni pour le droit, ni pour la Bible dans les listes de cet imposant corpus rédigées avant 1400[32].

A la fin du 14e siècle, un exemplaire de la Glose de Laon sur les Psaumes, augmenté des cantiques de l’office et destiné à la récitation personnelle (Paris, BnF, lat. 766) appartenait à la collégiale Saint-Marcel de Paris, lieu de sépulture de Pierre Lombard[33]. Deux annotations attirent l’attention. La première, copiée par une main de la fin du 13e siècle (f. 8r) note en tête du Psaume 1 : « Glosa magistri sententiarum super psalterium ut quidem asserunt ». La seconde, sur le premier feuillet du calendrier, rédigée un siècle plus tard au moins, à l’extrême fin du 14e siècle, assure avec une sollennité teintée de réminiscence biblique, que la Glose de ce psautier précis est glosé avec la glose de Pierre Lombard, enterré sous les pieds du lecteur.

Iste psalterium est ecclesie beati Marcelli iuxta Parisius. Et est glosatum de glosa magistri Petri Lombardi cuius corpus in<fra> predicta ecclesia solemniter requiescit. § Alii putant quod hec glosa interlinearis sit a beato Anselmo quam, ut dicunt, memoratus doctor latius glosavit ; unde est quod glosa magistri magna est quoniam ad plenum glosavit etc. et « qui vidit testimonium perhibet’ [Io. 19, 35 ; Apc. 1, 2] [34]

La localisation du volume a été cancellée à une date ultérieure, indiquant un déplacement du volume avant que Colbert n’en prenne possession. L’erreur d’attribution est cependant très éclairante sur la polysémie médiévale des expressions « glossa magna » et « glosa interlinearis ». Elle repose et sur une observation pertinente, et sur une interprétation discutable. La parenté étroite du texte de la magna avec celui de la parva, qui est à 90 % absorbée par la magna, justifie qu’on puisse penser qu’un psautier glosé en trois colonnes ait été glosé à partir d’extraits du commentaire de Pierre Lombard « ut quidam asserunt » (f. 8). Les besoins de la célébration de la mémoire de Pierre Lombard à Saint-Marcel expliquent sans doute que, localement au moins, certains aient voulu lui attribuer la paternité de la glose du manuscrit associé à sa sépulture. Mais à cela d’autres rétorquent (alii putant) qu’Anselme est l’auteur de la Glose « interlinéaire » que Pierre Lombard a par la suite développée et conduite à sa plénitude (ad plenum). Il n’est pas envisageable que l’auteur de la notice ait ainsi désigné la glose marginale de la Glossa parva. Il ne peut avoir en tête que la Magna glosatura dont les exemplaires pulullaient alors, plus encore qu’aujourd’hui. Il faut donc en conclure que l’expression « glossa interlinearis» désigne la glose en sentences discontinue ou « intercisa », c’est-à-dire entrecoupée ou alternée.

A Paris, dans les mêmes années, Gerson (1363-†1429) semble avoir adopté l’expression « Glossa ordinaria ». Je dépends ici de l’édition de Palémon Glorieux qui demanderait à être vérifiée. Le premier témoignage indiscutable qu’on ait du titre de « Glose ordinaire » appliqué à la collection intégrale de la Bible glosée est le Registre de prêt de la Sorbonne (1402-1536). Dès les premières années du 15e siècle, « Glosa ordinaria » y est appliqué à tous les livres de la Bible, bien avant la parution de l’édition princeps de Rusch à Strasbourg en 1480/1481, d’ailleurs dépourvue de titre et de colophon[35]. En 1402/1403 le registre qualifie de glosa ordinaria la glose de livres bibliques qui ne sont pas ceux de la Magna glossa, tout en les distinguant d’autres livres dits « glosés » sans autre qualification. On se trouve donc en présence de deux types de bibles glosées qui font l’objet d’emprunts : la Glose ordinaire et la Glose simple, non retenue pour l’enseignement mais néanmoins consultée et citée. Cet usage confirme l’interprétation donnée plus-haut de l’adjectif ordinarius. Le texte ainsi désigné est bien celui de la version universitaire de la Bible glosée, c’est-à-dire la version laonnoise complétée, augmentée, standardisée, dotée de la mise en page puzzle, partiellement remplacée par la Magna Glosatura, désormais qualifiée de Glossa ordinaria[36]. On notera que dans le Registre de prêt, la terminologie n’est pas constante. En 1426, on parle de « Libros sapientales glosatos glosa ordinaria »[37] En 1455, un manuscrit simplement qualifié de « glosé » contient en réalité la Glose des écoles en format puzzle[38].

Toujours à la même période, mais en Bohème, dans les premières décennies du 15e siècle, les catalogues anciens des collèges universitaires de Pragues font usage de Glossa ordinaria de manière systématique et massive pour désigner tous les livres de la Bible glosée des écoles[39]. L’expression « glossa ordinaria » est certainement plus italienne et germanique que parisienne.

Plus tard encore, entre 1430 et 1457 environ, le sympathique Denis le Chartreux (1402- †1471) donne de la Glose, et de la Glose ordinaire, la définition qui répond le mieux à l’idée qu’on s’en fait aujourd’hui encore: « La Glose communément citée doit être comprise comme étant la Glose ordinaire, laquelle est dite ‘ordinaire’ en tant qu’elle est de règle et assez authentique dans la mesure où elle recueille les sentences (dictis) des saints et des pères ou docteurs catholiques ».[40]

Le rapport à l’enseignement est passé sous silence, ce qui est normal sous la plume d’un chartreux, même hyperactif. C’est désormais la valeur de compilation, témoin de la Tradition, qui prend ainsi le pas sur la terminologie scolaire.

La notion de glose « ordinaire » renvoie donc à deux notions connexes. D’abord est « ordinaire » la Glose qui fait autorité en raison du statut social qui découle de son statut de de livre de référence commun pour l’étude du sens de la Bible. Ensuite est « ordinaire » la Glose qui transmet la doctrine des auteurs anciens et garantit à la société la continuité du patrimoine dont elle se nourrit, sa cohérence et la stabilité qui en découle. C’est du fait de sa réception commune et de la standardisation du texte diffusé dans les grandes villes que la Glose universitaire cumule, ipso facto, l’autorité intrinsèque des auteurs cités (Augustin, Chrysostome, dont les noms sont souvent omis) ; 2° l’autorité que la sélection des textes retenus donne aux sentences choisies par rapport à d’autres opinions patristiques, absentes de la compilation ; 3° enfin l’autorité qui résulte de son statut de doxa commune.

La notice consacrée à Strabon dans le De Scriptoribus ecclesiasticis de Jean Trithème (1462-1516), rédigé après la parution de l’édition princeps de la Glose, et imprimé en 1494, renvoie donc à un sens déjà bien établi. Elle marque le début de l’historiographie de la Glose comme corpus biblique intégral:

« Strabo monachus Fuldensis, natione Theutonicus, Rabani abbatis quondam auditor et scriba, vir in divinis Scripturis eruditus et in studiis saecularium litterarum nobiliter doctus, ingenio subtilis et clarus eloquio, scripsit in sacris voluminibus expositis non pauca opuscula, in quibus se virum doctum exhibens, nomen suum cum gloria transmisit ad posteros. Imitatus itaque magistrum suum Rabanum abbatem, scripsit in Genesim librum unum, in Exodum librum unum, in Leviticum librum unum ; libri Levitici brevissimam, et alia multa.       
Hic denique Strabus glosam, quae ordinaria nunc dicitur super totam Bibliam, ex dictis sanctorum patrum primus comportasse memoratur, quam alii multis postmodum adiunctis sententiis patrum ampliaverunt »[41].

L’expression « nunc dicitur » montre que Trithème avait conscience du caractère tardif de la dénomination. Sa remarque finale sur les additions indique que le caractère de texte ‘ouvert’ de la Glose ne lui a pas échappé et que le rôle, somme toute incohatif, qu’il attribue à Strabon n’est ni naïf ni aussi absurde qu’on a pu le dire. C’est nous qui, influencés par une tradition bibliographique postérieure à Trithème, pensons qu’il a attribué toute la Bible glosée à Walafrid Strabon alors qu’il dit en réalité tout autre chose :

« On se souvient que Strabon est le premier à avoir réuni à partir des paroles des Pères la glose qui est dite maintenant <la Glose> ordinaire sur toute la Bible, que d’autres ont plus tard augmentée en lui ajoutant beaucoup d’autres sentences des Pères ».

Trithème, à sa manière, qui est aussi celle de son temps, entend inscrire la Glose « ordinaire » dans la continuité de son histoire[42]. Trithème ne pouvait retenir Raban comme auteur, puisque la Glose de la Genèse cite Strabon son disciple. Et il n’a pas tort d’en faire remonter l’histoire aux maîtres de la renaissance carolingienne au sens large. Sur l’attribution de toute la Glose à Strabon, il a bien sûr été induit en erreur par les lemmes attributifs de certaines des premières gloses marginales sur la Genèse. Ce type d’attribution malheureuse, extrapolée et étendue à tout un ouvrage à partir d’un élément textuel initial, un peu à l’image de ce qui s’observe pour la multiplication des reliques, est un phénomène banal de la transmission médiévale des textes. Leur impact sur l’histoire des textes est malheureusement tenace et difficile à effacer. Quant aux origines laonnoises des premiers livres de la Glose des écoles, bien qu’attestée par quelques chroniques peu diffusées[43], la mémoire en était largement effacée déjà au milieu du 13e siècle[44], et à plus forte raison au 15e siècle.

Finalement la naïveté est plus à dénoncer dans notre interprétation littéraliste et offusquée de Trithème que dans la lecture que celui-ci fait de l’histoire, avec les moyens et les expressions de son temps.

Depuis la fin du 14e siècle et l’édition princeps au plus tard, la « Bible avec la Glose ordinaire » (Biblia latina cum glossa ordinaria) désigne le texte édité par Adolf Rusch de Strasbourg, à savoir la version parisienne universitaire de la Bible glosée commencée à Laon à la fin du 11e siècle et terminée à Paris un siècle plus tard[45]. La Glose du Psautier et du corpus paulinien dans l’édition princeps ne sont pas représentatives de l’état Laonnois de la « Glose ordinaire ». Le texte imprimé semble être une version batarde de la Glossa parva, fortement contaminée par la Magna Glossatura de Pierre Lombard qui seule fait partie du corpus de la Glose universitaire médiévale.

En conclusion, on retiendra que le besoin de qualifier la Glose d’« ordinaire » n’est intervenu que tardivement. Il ne se répand vraiment qu’au 15e siècle[46]. Ce terme répond au besoin de donner à chaque version un titre qui la distingue des autres, sans obliger à une attribution nominale, sans faire passer l’autorité « moins certaine »[47] du glossateur avant celle des auteurs cités. « Ordinaire » répond ainsi aussi à la fonction sociale, religieux et intellectuelle de la Glose : être à la fois le témoin d’une doxa ouverte qui devient le guide de lecture des héritages anciens.

Gilbert de la Porrée : Glossa media, Glossa marginalis et continua, Glossa continua

Si Pierre Lombard absorbe la quasi totalité de la Glose de Laon, Gilbert de la Porrée fait un commentaire littérairement très personnel. Les citations y sont peu littérales ; aucun indice graphie ne les distingue surtout du texte même du commentateur. Les lemmes attributifs lus dans la Glose ordinaire ou désignant de nouveaux apports patristiques sont reportés en marge. Sans points d’insertion, ils ‘flottent’ dans les marges, glissant parfois de plusieurs lignes d’un manuscrit à l’autre[48]. Le rapport à la Glose ordinaire est lointain mais c’est aux lemmes attributifs lus dans le manuscrit de la Bible glosée utilisée par Gilbert que se rapportent probablement les lemmes reproduits dans son propre commentaire. Sa syntaxe est reconnaissable entre mille. Elle est caractérisée par d’interminables périodes, « phrases à tiroir » qui intègrent presque tous les mots du texte commenté non dans l’ordre et la continuité du texte biblique mais selon la logique propre du commentaire.

« Media glosatura » apparaît dès le premier quart du 13e siècle[49]. Georges Lacombe remarque que Langton citait le commentaire de Gilbert de la Porrée sous le titre de Glossatura media « probablement » plus souvent que sous le nom de son auteur[50]. On lit effectivement l’expression dans le commentaire des épîtres pauliniennes d’Etienne Langton, datable entre 1200 et 1220/1225. Dans les mêmes années, un glossateur anonyme du Psautier indique dans sa préface avec emprunté ses gloses « de media glossatura »[51]. Le manuscrit est datable du premier quart du 13e siècle, de type parisien d’après son système graphique et son décor[52]. Les commentaires de Gilbert sont aussi qualifiés parfois de « glossa marginalis et continua » ou même simplement de  « glossa marginalis » lorsqu’ils sont disposés en une colonne synoptique dans la marge extérieure du Texte[53].

La première liste de taxation parisienne, après 1272, reste très imprécise. Mais elle atteste bien la diffusion de plusieurs versions, même pour la glose sur les évangiles dont un exemplar est qualifié de « antiqua glosa »[54], ce qui suppose qu’il en existait une nouvelle. S’agissant de listes de texte diffusés par pecia, la nouveauté (relative à la fin du 13e siècle) désigne bien ici le texte, et non la mise en page.

Pierre Lombard : Magna glossatura : Glosa ordinaria, glossa maior, Glossa Petri

C’est ainsi que Glossa ordinaria, quand il s’agit des Psaumes ou des épîtres pauliniennes, ne désigne plus la version de Laon, mais la Magna glossatura de Pierre Lombard à partir du dernier quart du 12e siècle. Au 13e siècle, quand Thomas d’Aquin cite la Glose à propos d’un Psaume ou d’un verset paulinien, il ne renvoie jamais à la Glossa parva de Laon mais toujours et uniquement à la version de Pierre Lombard. Les deux versions diffèrent bien plus considérablement qu’on ne peut le croire en comparant le texte de Rusch (interpolé) à celui de la Patrologie.

Ce sont les éditions imprimées modernes, dès l’édition princeps de la ‘Glose ordinaire’ par Rusch (Strasbourg 1481), qui ont écarté l’œuvre de Pierre Lombard du corpus de la Glose qu’ils éditaient en le remplaçant par une version de la Glose de Laon abâtardie par des interpolations de la Magna Glossatura.

La multiplication des exemplaires de la Glose ordinaire à partir de la fin du 12e siècle s’explique donc par son adoption comme Textus de l’enseignement de la théologie, par le rôle majeur pris par les écoles dans la formation du clergé comme nouveau corps social, par l'explosion de la démographie cléricale, par l’émergence par l’Université.

Cent ans plus tard, les copies se font beaucoup plus rares, bien que la Glose ordinaire n'ait été que partiellement remplacée pour les évangiles, par la Catena aurea, ou plus généralement par les Postilles d'Hugues de St-Cher, de Nicolas de Gorran puis de Nicolas de Lyre[55]. Ces trois dernières n'ont d'ailleurs été qu'exceptionnellement diffusées sous forme glosée parce qu’elle n’ont jamais été adoptées comme texte de référence de l’enseignement de la Sacra Pagina à l’université au même titre que la Glose « ordinaire ». Au contraire, ce sont ces versions tardives qui sont recopiées dans les marges de la Glose ordinaire comme gloses de la Glose, c’est-à-dire comme apparats.

Elles ont fonctionné comme des apparats complémentaires, des contreforts de la Glose ordinaire, à la manière de ce qui s’est fait dans les mêmes temps dans le domaine du droit civil et canonique. La postille d’Hugues, un peu moins celle de Nicolas de Lyre sont copiées dans les larges marges de la Glose ordinaire avec mise en page puzzle[56].

Ces corpus d’appoint doivent aussi leur succès à leur réception par les prédicateurs. L'absence de texte biblique intégral associé aux postilles, partiellement compensé par les bibles portatives, ne leur permettait pas de rendre les mêmes services que la Glose ordinaire, qui est resté en usage dans les écoles bien au-delà du 14e siècle. Certaines marques d’usages ou essais de plumes permettent de dater précisément leur usage au cours du 14e siècle[57].

La Glose ordinaire n’a jamais cessé jusqu’à nous de faire autorité, c’est-à-dire d’être considérée comme un témoin de la Tradition de la foi[58].

Tableau récapitulatif (xiie- xviiie s.)

A titre d’exemple, les titres relevés ci-dessous au hasard de lectures illustrent la diversité et l’équivocité de la terminologie médiévale, tout en donnant quelques repères chronologiques, à utiliser cependant avec prudence.

(source : M. Morard, La harpe des clercs, 3e partie, chap. 4.1.7 ; graphies non normalisées)

 

Glose de Laon

Gilbert de Poitiers

Pierre Lombard

Yves de Chartres et alii.

1137 av.

Psalterium glosatum[59]

 

 

 

1150c

 

Glose super Psalterium collecte de dictis sanctorum a magistro Gisleberto postea Pictavensi episcopo[60]

 

 

1149-1153

Psalterium glosatum secundum magistrum =>

 

 

Psalterium glosatum aliud secundum Magistrum Ivonem.[61]

1150-1160

 

Psalterium Gilleberti glosatum; Glosae magistri Gilleberti super psalmos[62]

 

 

1158-1161

 

 

Tractatus magistri Petri super Psalterium

Psalterium eiusdem glosatum[63]

 

1166 c.

psalterium magistri Anselmi[64]

 

Psalterium magistri Petri Longobardi[65]

 

1150-1160?

 

 

Distinctiones[66]

 

1150-1175

 

 

Petri […] magistri psalterium glosatum[67]

Yves de Chartes : Glosule super Psalmos[68]

1160-1188 c.

 

 

Clausule psalmorum[69]

 

1172 c.

Psalterium glosatum[70]

 

 

 

1170-1180

 

 

Psalterium magistri Petri Lombardi Parisiensis episcopi[71]

 

1180 c.

Antiqua glosatura[72]

 

Psaltherium magistri Petri[73]

 

1193-1196

Glosatura magistri Anselmi[74]Glosatura Anselmi[75]

 

Glosatura magistri Petri[76]

 

1159-1200

 

 

Glose magistri Petri Parisiacensis episcopi[77]

 

xiie 4/4

Glosa Magistri Anselmi[78]

Glosule super Psalterium Gilberti Pore[79]

Psalterium ab (Petro Italico Parisiensi episcopo) glosatum[80]

 

1190-1210 c.

 

 

Expositio magistri Petri super Psalterium[81]

 

s12 ex.

Psalterium glosatum Anselmi

 

Psalterium glosatum magistri Petri[82]

 

xiie s.

 

Psalterium iuxta glosaturam Gileberti Porrete simul cum textu[83]

 

 

1200 c.

 

 

Glosatura[84]

Psalterium secundum glosaturam magistri Petri Parisiensis[85]

 

1180-1225

 

Media glosatura[86]

 

 

s13 init.

glosule Psalterii[87]

 

Psalterium magistri Petri Lombardi[88]

 

s13 1/4[89]

 

Glossa marginalis

 

 

s13 2/3

Parva glosatura[90]

 

Glose continue[91]

 

s13

Glosa m<agistri> Ans<elmi>[92]

Glosule Gisleberti super Psalterium[93]

Magister, auctoritas

 

s13

 

Psalterium Gisleberti[94]

«Salterium»[95]

 

s13

 

Glose Psalterii continue[96]

 

 

s13

 

 

Psalterium glo[ssa]tum diversis auctoribus auctoritatibus sanctorum patrum [97]

 

s13

 

 

Psalterium Petri Lombardi glosatum[98]

 

1219

Psalterium cum glosa minori[99]

 

 

 

1220

 

Lectura super Psalterium[100]

 

 

1250 av.

Glose in Psalterio[101]

 

Maiores glose Psalterii[102]

 

avant 1252[103]

 

 

Maior glosatura

 

1250-1300[104]

 

Psalterium glosatum

 

 

 

1297

Psalterium cum parvis glosis[105]

 

 

 

1250-1271 c.[106]

Psalterium minoris glosature

 

Psalterium maioris glosature

 

1275-1325[107]

 

Psalterium vetus

 

 

s13 /14 ?

glose veteres[108]

 

 

 

1300

Glosa minor[109]

 

 

 

1328 c. [110]

 

 

Glosa ordinaria

 

1331 c. [111]

Psalterium secundum Anselmum

Psalterium secundum Poretanum

Psalterium secundum Longobardum

 

1333 avant [112]

 

Glosa media

 

 

1338 avant[113]

Parva glosa

 

 

 

1341 avant[114]

Glossa minor

 

 

 

1380-1410 c.[115]

Interlinearis ... a beato Anselmo

 

glosa magna magistri Petri Lombardi

 

avant 1386

 

Psalterium glosatum seu continuum[116]

 

 

14e s.

 

 

Glosa communis[117]

 

14e s.

 

 

Psalterium glosatum diversis auctoritatibus sanctorum patrum[118]

 

1498

 

 

Expositio magistri Sententiarum super Psalterium[119]

 

1405-1501

 

 

Psalterium cum Glosa ordinaria[120]

 

1404

 

 

Psalterium glosatum glosa magistri[121]

 

1447

 

 

Glossa ordinaria[122]

 

1451-1453[123]

 

 

Glosae super epistolas beati Pauli apostoli secundum magistrum Gilebertum que appellantur de media glosatura

 

1497 c.

Glosa minor[124]

 

 

 

1493

 

 

Glosa magistri super librum Psalmorum[125]

 

1499

 

 

Prima pars Psalterii glossati melioribus glosis [eras.: et est Petri Parisi.[126]

 

1402-1536

 

Psalterium glosatum[127]

 

 

1483[128]

 

 

Glosa ordinaria psalterii magistri Petri de Lambardia.

 

xve s. 4/4

Strabus […] Glosam ordinariam que magistralis dicitur super totam bibliam ex scripturis patrum in unum comportasse.[129]

 

 

 

xve s.

 

 

Postilla ordinaria magistri Sententiarum super Psalterium[130]

 

xve s.

 

Glose continue super psalterium[131]

Psalterium glosatum glosa ordinaria magistri Petri Lombardi quondam parisiensis episcopi[132].

Glosa ordinaria super Psalterium[133]

 

1514

Glosa ordinaria abreviata[134]

 

 

 

1514

Psalterium cum glosa ordinaria redacta in compendium»[135]

 

 

 

1541

 

In totum Psalterium commentarii[136]

 

 

xvie s.

 

Expositio super psalterium continua[137]

 

 

1675

 

 

Annotationes in Psalmos quarum pars maxima exAugustino et Cassiodoro excerpta = Breviator Augustini et Cassiodori in Psalmos[138]

 

xviiie s.

 

Cathena in Ps.[139]

 

 

 



[1] L’expression « glosse intercise » ne correspond que partiellement et dans certains contexte à cette définition. Elle peut aussi être appliquée à d’autres types de disposition comme l’alternance du Texte et du commentaire ou « glose intercalée ».

[2] Cf. Catalogue de la Bibliothèque du chapitre de Paris au 13e siècle, in L. Delisles, Le cabinet des manuscrits, t. 3, p. 23.

[3] Pour les termes suivis d’une astérisque, voir les définitions données dans M. Morard, « Codicologie de la Bible latine glosée et des bibles avec commentaires ».

[4] Pour en savoir plus : M. Morard, Codicologie des bibles latines glosées, Gloss-e, IRHT-CNRS 2022.

[5] En catalographie, on appelle « titre uniforme » l’expression simplifiée retenue pour tenir lieu de titre à des ensembles textuels ouverts, anonymes ou ayant fait l’objet de titres multiples.

[6] Evreux, BM, 75 (infra laud.)

[7] Voir M. Morard, « Étienne Langton et les commentaires fantômes : le cas du commentaire des Psaumes », dans Étienne Langton (c. 1150-1228) prédicateur, bibliste, théologien, Turhout, 2010, p. 241-284, ici p. 277-278 et

[8] La distinction est absente des catalogues autrichiens édités par Th. Gottlieb, datables entre le 12e et le 16e s. Cf. Th. Gottlieb, éd.,  Mittelalterliche Bibilothekskataloge Österreichs herausgegeben von der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, t. 1, Graz-Wien-Köln, 1915.

[10] Cf. A.-M. Landgraf, Introduction à l'histoire de la littérature théologique de la scolastique naissante, Montréal-Paris, 1973, p. 141 (n° 8.254) : « Pierre le Mangeur semble aussi avoir introduit, ou du moins fait prévaloir l’usage d’employer et de gloser la Glossa ordinaria pour l’explication des Evangiles ». Mais aucun document n’est avancé à l’appui de cette thèse.

[11] Le titre de Collectanea que lui ont donné les éditions modernes, relayées par la Paléographie latine de Migne, n’est, à ma connaissance, jamais attesté dans les exemplaires manuscrits.

[12] Par exemple, le commentaire de la Magna Glossatura de Pierre Lombard par Michel de Corbeil / de Meaux, est confondu encore aujourd’hui avec un recueil de distinctions. Cf. M. Morard, « Le prologue « Quisquis » et les « Distinctiones super Psalmos post Meldensem »  attribuées à Michel de Meaux / Corbeil (vers 1180-1194) », Dossier d’habilitation à diriger des recherches (HDR) 2021, inédit à paraître.

[13] Cf. Georges Lacombe, « Studies on the Commentaries of Cardinal Stephen Langton », Part I, Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, 5 (1930), p. 60.

[14] Repertorium biblicum 6454-6459, ms. UB Erfurt, Dep. Erf., CA 2° 55, f. 1-50v. Sur ce manuscrit, voir M. Morard, Codicologie de la Bible latine glosée, in Sacra Pagina, CNRS-IRHT, 2024.

[15] Par exemple, cf. Beda, De locis sanctis, CCSL 175, praef., v. 5.

[16] Augustinus Hipponensis, Contra adversarium legis et prophetarum [CPL 326], lib. 2, CCSL 49, lin. 998 sqq. : « [...]atque in omnibus sanctis scripturis secundum sanae fidei regulam figurate factum uel dictum si quid exponitur, de quibuslibet rebus et uerbis, quae sacris paginis continentur, expositio illa ducatur non aspernanter, sed sapienter audiamus; et relinquamus istum inania garrientem et nesciendo quid loquatur quadam, si dici potest, imperita peritia de figurarum qualitate tractantem ».

[17] Cassianus, Collationes, lib. 10, c. 10, CSEL 13, p. 299.20 sqq. : « uolentem me ob stabilitatem cordis insistere lectioni interpellans capitis prohibet dolor hora que tertia faciem meam ad sacram paginam somnus adlidit ».

[18] Capitularia Karoli Magni, Capit. 1, Epistola de litteris colendis, , ed. A. Boretius, MGH Capit. 1, 1883, p. 44-186, hic p. 79 : « Cum autem in sacris paginis schemata, tropi et caetera his similia inserta inveniantur, nulli dubium est, quod ea unusquisque legens tanto citius spiritualiter intelligit, quanto prius in litterarum magisterio plenius instructus fuerit ».

[19] Sur cette question je me permets de renvoyer à Morard 2011 : « Le commentaire des Psaumes de Daniel de Lérins ».

[20] Hrabanus Maurus, Commentaria in libros IV Regum, praefatio ad Hilduinum, PL 109, 9 ; cf. Hrabanus Maurus, Epistolae, Epist. 5, ep. 14, MGH Epist., ed. E. Dümmler, 1898-1899, p. 402.

 

[21] Glossa magna (Eph. 3 :1).

[22] Cf. J. Verger, « "Nova et vetera" dans le vocabulaire des premiers statuts et privileges universitaires français », in : Vocabulaire des écoles et des méthodes d' enseignement au Moyen Age  CIVICIMA 5 (1992), p. 198, n. 30 : « [...] sacra pagina (assez rare) et theologia semblent strictement synonymes dans les textes universitaires officiels ». Contrairement à ce qu’affirmer J. Verger, Sacra Pagina n’est pas si rare  dans les documents recueillis par Denifle dans le Chartularium Universitatis Parisiensis ; c’est l’expression retenue par la chancellerie d’Innocent III puis de Grégoire IX, Innocent IV etc., pour désigner la théologie: n° 5, 8, 22, 36, 46, 87, 111 (divina pag.), 180, 190, 508 ; voir aussi Pierre de Corbeil : ibid. n° 11 [libris theologicis romanis : interdiction des bibles en langues romanes] ; concile provincila de Paris, ibid., n° 19 [vera littera vel s.p.], 20, 26, 27, 32, 41, 79; Fournier, l, 7, 10, 505, 518, 529; FOURNIER, II, 892) ».

[23] Cf. Mariken Teeuwen, The Vocabulary of Intellectual Life in the Middle Ages, Turnhout, 2003, p. 304-306.

[24] Sur cette question, voir le prologue du commentaire des Psaumes de Daniel de Lérins et mon étude (Morard 2011).

[25] Cf. Ptolemaeus de Lucca, De iurisdictione imperii et auctoritate summi pontificis [SOPMA 3720],  c. 11, MGH Fontes iuris 1, p. 26.27 = BAV, Ott.lat.711, f. 13ra ; Voir aussi Murano, Per exemplar e pecia, p. 348 contrat de copie à Bologne daté du 24.12.1320.

[26] B. Smalley, art. « Glossa ordinaria », Theologische Realenzyklopädie, 13 (1984), 452 (affirmation non sourcée).

[27] C’est notamment le cas pour le De potentia d’après le texte critique qu’avait commencé à établir R.-A. Gauthier de la Commission léonine des éditeurs de saint Thomas d’Aquin, morte interruptus.

[28] Henricus de Gandavo, Tractatus super facto praelatorum et fratrum (Quodlibet XII, quaestio 31) pars 1, argumentatio in speciali, de forma uerborum priuilegii, ed. L. Hödl et M. Haverals, 1989 (Ancient and Medieval Philosophy, Series 2: Henrici de Gandavo opera omnia, XVII), p. 105.54 (Hb. 6, 5).

[29] Voir tableau infra, à cette date.

[30] Iacobus de Voragine, Legenda Aurea, De tempore peregrinationis, c. 76.19-20 (De sancto Barnaba apostolo), ed. P. Maggioni, Firenze, 1998: «Glossa dicit...».

[31] Cf. Glossa ordinaria (Act. 4, 37), Firenze, Bibl. Laur., Plut. 3dex11, f. 19v, ed. Morard, Sacra Pagina. Cf. Ludewicus IV, Constitutiones (Const. 5, 94-1027; 6,1, 1-670), MGH Const. 6,1, Nr. 437, p. 358.13 : « Et super illud Actorum IIII. 'Ioseph agrum vendidit et pretium posuit ante pedes apostolorum' glosa ordinaria dicit sic: 'Destituendum... ». Cette citation sera reprise par Franciscus de Marchia, Improbatio contra libellum domini Iohannis qui incipit "Quia vir reprobus", cap.: 6, par.: 351, Spicilegium Bonaventurianum 28, 1993 ; ed. N. Mariani, p.: 191, linea: 12 composée entre novembre 1329 et janvier 1331 pour la défense des fraticelles. « L'écrit date du temps où l'auteur, fuyant la cour papale d'Avignon, cherchait refuge, avec Michel de Césène, Guillaume d'Ockham, Marsile de Padoue et d'autres à Munich auprès de l'empereur Louis IV » (Brepolis).

[32] Cf. R. Sharp, A Handlist of the Latin Writers of Great Britain and Ireland before 1540, with Additions and Corrections, Turnhout, 1997 (Journal of Medieval Latin, vol. 1) et id., « Additions, corrections and queries ».

[33] Le Psautier glosé a été augmenté des cantiques bibliques de l’office (glosés jusqu’au cantique du samedi : Audite que loquor) et des pièces ajoutées dans les psautiers dévotionnels avec les litanies. Le calendrier et les litanies indiquent que le manuscrit a été copié entre 1179 et 1220 à partir d’un modèle ou en vue d’un usage conforme aux usages du sanctoral de la région ecclésiastique de Rouen. La dédicace de la cathédrale ne figure pas au calendrier (1er octobre) ; plusieurs saints manquent à un sanctoral de la ville même de Rouen. D’autre part, le décor du manuscrit est de style parisien avec des initiales ornées de motifs au pochoir caractéristiques de St-Victor, avec palmettes multi colores vertes, or et bleu. Cf. R.-A. Hesbert, "Les manuscrits liturgiques del'Eglise de Rouen" Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1955-1965, p. 441-483, ici 452 plus argumenté que Leroquais, Psautiers manuscrits, t. 2, n° 290, p. 46, ici insuffisant.

[34] Paris, BnF, lat. 766, f. 1r. Psautier glosé avec la Glose de Laon provenant de la Collégiale Saint-Marcel de Paris, sous l’autorité canonique de l’évêque de Paris et lieu de sépulture de Pierre Lombard. L’ex-libris mémorial du f. 1r, au recto du calendrier, désigne St-Marcel comme possesseur, mais il a été ensuite expurgé pour effacer cette appartenance, tout en gardant la mémoire de Pierre Lombard. Cf. Anne Massoni, « Les collégiales parisiennes, “ filles de l’évêque ” et “ filles du chapitre ” de Notre-Dame de Paris », in : Notre-Dame de Paris, 1163-2013. Actes du colloque international aux Bernardins de Paris, 12-15 décembre 2012, Dec 2012, Paris, France. p.251-263.

[35] Cf. J. Vielliard, éd., avec la collaboration de Jullien de Pommerol (Marie-Henriette), Le Registre de prêt de la Bibliothèque du collège de Sorbonne (1402-1536), Paris, Éditions du Centre national de la recherche scientifique, 2000 (Documents, études et répertoires publiés par l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, 57).

[36] Le Registre de prêt de la Bibliothèque du collège de Sorbonne, n°11. Guillelmus Carpentarii , § 1, p. 145 : P15241.

[37] Le Registre de prêt de la Bibliothèque du collège de Sorbonne, n°50. Andreas Gareti, § 91, p. 255 (non identifié)

[38] Le Registre de prêt de la Bibliothèque du collège de Sorbonne, n°105. Johannes De Eecoute, § 7, p. 407 (P15536 puzzle) : « ... Lucam et Johannem glosatos... »

[39] Registrum librariae nationis Bohemorum [Collegium Caroli', du 'Collegium Reczkonis' et du 'Collegium Nationis Bohemicae'] CCCM 271. C’est à tort que la Library of Latin Texts classe ces catalogues au 14e siècle sous prétexte que, bien que rédigés au 15e siècle, ils reflèteraient un état antérieur des bibliothèques de Bohème. Du point de vue de la lexicographie historique ce raccourcis prête à confusion.

[40] Dionysius Cartusianus, Enarrationes in duodecim prophetas minores (Os.), art. 1 (de quibusdam praeambulis in expositione duodecim prophetarum), Dionysii Cartusiani opera omnia, t. 10,  Montreuil-sur-Mer, 1900, p. 200b : «Glossa vero quae communiter allegatur, intelligenda est Glossa ordinaria: quae ordinaria dicitur, tanquam regularis et satis authentica, utpote ex sanctorum ac catholicorum patrum sive doctorum dictis collecta ».

[42] Voir Froehlich 1993 et les titres cités dans M. Morard, « Bibliographia parva. The attribution of the Glossa » in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2024.

[43] Sigebert de Gembloux, Chronica. Continuatio Praemonstratensis, anno 1117, MGH. Scriptores, 6, Hannover, 1844, p. 448, n. 15-18 : «Anselmus Laudinicae civitatis magister nominatissimus, litterarum scientia clarus, vir morum honestate et consilii maturitate venerabilis, obit; qui utili studio et sollerti industria, inter cetera opera sua, etiam in psalterio glosas marginales atque interliniales [interlineares MGHSS26 infra laud.] de auctenticis expositoribus elimata abreviatione ordinavit » ; Robert de Saint-Marien d’Auxerre, Chronica, ibid., MGH. Scriptores, 26, Hannover, 1882, p. 230, n. 21-24 : « ... [ut supra] Epistolas quoque Pauli et alias utriusque testamenti scripturas pari modo dilucidando exposuit et in eis exponensis atque glosandis iuxta antiquorum patrum scripta usque in senium desudavit ».

[44] Cf. M. Morard, « Anselmus Laudunensis », in Famosus Glossator. Thomas d’Aquin auteur de la Catena aurea, t. 2 : Catalogue raisonné des sources [on line  Gloss-e.irht.cnrs.fr].

[45] Voir notre ratio editionis et surtout les introductions de M. Gibson et K. Froehlich à l’édition fac-similé de Brepols.

[46] Par exemple, le premier volume des catalogues anciens de bibliothèques autrichiennes permet d’identifier des exemplaires de la « Glossa ordinaria » en grand nombre dans les catalogues de la cathédrale de Vienne (s15 ¼), de la chartreuse d'Aggsbach (s15 2/2) ; de l’abbaye cistercienne de  Melk (1483) ; cf. Th. Gottlieb, éd.,  Mittelalterliche Bibilothekskataloge Österreichs herausgegeben von der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, t. 1, Graz-Wien-Köln, 1915, p. 279, 295, 299, 568, 162. La date la plus ancienne est un testament  de Jakob Scherhauf, maître de choeur à Vienne (11.11.1419), ibid., p. 545.16. Les autres catalogues édités, datables entre le 12 et le 14e siècles, ignorent l’expression.

[47] Thomas d’Aquin, Catena aurea, CMTep.6.

[48] On observe quelques cas de points d’insertions destinés à associer lemme et texte dans le ms. Fi1633.

[49] Le seul exemplaire de la Glossa media sur Paul signalé par le catalogue de Zwettl du 12e siècle (sans doute Zw58) est simplement désigné par « Glose Gisilberti in epistolas Pauli » (Th. Gottlieb, éd., Mittelalterliche Bibilothekskataloge Österreichs herausgegeben von der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, t. 1, Graz-Wien-Köln, 1915, p. 514.25.

[50] Georges Lacombe, « Studies on the Commentaries of Cardinal Stephen Langton », Part I, Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, 5 (1930), p. 60 : « Langton probably used Gilbert's Gloss, which he calls the Glossatura media  more frequently than he cites it by name ». Sur 6 colonnes du manuscrit mentionné par Lacombe, j’ai relevé trois mentions de « glosa » sans qualificatifs pour une seule occurrence de « media glosatura » : Paris, BnF, lat. 14443, « In media glosatura legitur... »  : f. 311rb12 ; « glosa » sans qualificatif : f. 311ra34, f. 311va5, 311vb (3 lignes avant la fin). - Karlfried Froehlich, « Gilbert of Poitiers: Commentary on the Pauline Epistles Transcription of MS Zwettl 58 », [2021], p. iii attribue par erreur cette assertion à Beryl Smalley.  

[51] Cf. Prologus ‘Scriptura ideo’ § 10, éd. M. Morard, in Sacra Pagina – IRHT, 2024, GME26.9874.10  et M. Morard, « Un Psautier glosé témoin de la tradition indirecte de la 'Media Glossatura' de Gilbert de la Porrée au début du 13e siècle (Monte Cassino 429) » in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2024.

[52] Cassino, Archivio dell'Abbazia di Montecassino, cod. 439, p. 3.

[53] Par exemple Evreux, BM, CGM 84, reliure ancienne d’après le CGM. Voir tableau infra. Voir aussi catalogue de l’abbaye de Lyre à la fin du 12e siècle, éd. L. Delisle, « Notice sur Orderic Vital », dans Auguste Le Prevost et al., Orderici Vitalis... Historiae ecclesiasticae libri tredecim, t. 5, Paris, 1855, p. I-CVI, ici XVII et p. XIX.

[54] Murano, Per exemplar e pecia, p. 87 § 94 : « Pro evangeliis cum antiqua glosa ».

[55] La plupart des exemplaires de la Glose ordinaire, datés du 14e siècle dans les catalogues de la fin du 19e siècle et de la première moitié du 20e siècle sont aujourd’hui redatés de la seconde moitié du 13e siècle au plus tard, notamment grâce aux progrès de l’histoire de l’art.

[56] Voir par exemple P15265. Sur la postille d’Hugues de Saint-Cher, voir M. Morard, « Les postilles d’Hugues de Saint-Cher : un apparatus ad Glossam. Réflexions en marge de l’édition électronique » in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2024. (Permalink : https://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/page.php?id=7). Pour en savoir plus sur les corpus principaux et secondaires édités sous forme de Bibles glosées, voir M. Morard, « Le matériau exégétique des bibles latines glosées » in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2024. Consultation du 01/07/2024. (Permalink : https://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/page.php?id=76).

[57] Par exemple, un usager de la Glose ordinaire sur Mt. du ms. Salamanca, Biblioteca General Histórica de la Universidad, 1976, y a reporté à la fin du volume (f. 95v-96r-v) plusieurs suppliques adressées par l’université de Salamanque aux autorité de la Curie concernant des demandes de de bénéfices. L’une d’elle est adressée à Benoît [XII] (1334-†1342), l’autre au cardinal Guillaume de la Jugie (ou Jugée) : « Reverendo in Christo Patri et Domino Domino Guillelmo Dei gratia Sancte Marie in Cosmedin diacono cardinale ». Guillaume de la Jugie a été fait cardinal diacre du titre de Sainte Marie in Cosmedin en 1348 avant d’être promu au titre de Saint-Clément comme cardinal prêtre en 1368 (†1374). Le manuscrit est un exemple rare de de glose ordinaire d’exécution médiocre, destinée à servir réellement à l’étude et à l’annotation qui a donc servi au moins jusqu’à la Grande Peste, à 1368 au plus tard, à l’université de Salamanque. Voir aussi M. Morard, La harpe des clercs, 2008 [mentions de dates de reprises des cours au 14e siècle dans les marges d’un exemplaire de la Magna Glossatura de la Bibliothèque vaticane].

[58] Lorsque je faisais mes études de théologie à l’université de Fribourg (CH), en 1985, mon maître Jean-Pierre Torrell au début de l’année universitaire conduisait les nouveaux étudiants à la bibliothèque de la faculté de théologie et nous présentait les 6 volumes de la Glose ordinaire avec la Postille de Nicolas de Lyre (Venise 1603) et nous apprenait à en distinguer les différents registres et signes diacritiques. C’est de cette initiative pédagogique que le site Sacra Pagina est la lointaine conséquence.

[59] Troyes, BM, ms. 511, verso de la garde sup., pr. m.: Psautier glosé du prince Henri, fils de Louis VI (†1137), entré à Clairvaux en 1145.

[60] Ms. Valenciennes, BM 44, f. 2v, à comparer avec Ms. Valenciennes, BM 42, prov. St-Amand, f. Iv: «Glose super psalterium collecte de dictis sanctorum doctorum a quodam catholico… explanationem super…psalmos.»

[61] C. H. Turner, «The earliest list of Durham MSS.», Journal of Theological Studies 19 (1918) 121.

[62] Catalogue de St-Amand (Index maior), Ms. Paris, BnF, lat. 1850 (éd. L. Delisles, Le cabinet des manuscrits…, t. 2, p. 449).

[63] Catalogue de la Bibliothèque de l’abbaye de Cluny, éd. L. Delisles, Le cabinet des manuscrits…, t. 3, p. 467.

[64] Bremen, Universitätsbibl. a. 244, f. 263vb, 1166 c., d’après S. Wittekind, Kommentar mit Bildern, p. 233.

[65] Bremen, Universitätsbibl. a. 244, f. 263vb, 1166 c., d’après S. Wittekind, Kommentar mit Bildern, p. 233.

[66] St341 = Stutttgart, Würtembergische Landsbibliothek, Ms. Theol. et Phil., Fol. 341, Allemagne du Sud, vers 1170-1200, prov. probable Petershausen ou Weingarten, Klosterbibliothek, peut-être B31, Thomas Phillipps 4597, Chester Beatty ms. 32 (acquis en 1921), f. 2 (Catalogue Chester Beatty); f. 249, al. m. «Hic est finis spalderii » .

[67] Oxford, New Coll. (NC) 32, f. 224: «Explicit hic Petri Glosarum meta magistri / psalterium glosatum, precii xxx s(olidi)».

[68] Roma, Valliceliana, B 59.

[69] Bourges, BM 57 (51), f. 1r.

[70] Ms. Troyes, BM 511, prov. Clairvaux, f. garde v (ex libris de première main).

[71] Troyes, BM 92/2, f. 141v (prov. Clairvaux).

[72] Hilduin, in Ps 2, 7 (Cambridge, Pembroke Coll. 7, f. 3r, d’après B. Smalley, «A Collection of Paris Lectures», 1938, p. 109, n. 30).

[73] Paris, Bibl. Ste-Gen., Rés. 30, f. 279v.

[74] Petrus Comestor (?), In Ps. 2 (R129, f. 7ra). In Ps. 68 (Tr770 f. 50rb)

[75] G. Lacombe, «Studies on Stephen Langton”, p. 110, n. 30.

[76] Petrus Comestor (?), In Ps. 68 (Tr770, f. 50rb)

[77] Ms. Erlangen, Universitätsbibl. 52, 1159-1200 c., f. 1r et 226v.

[78] Ms. Laon, 32ter, f.

[79] Catalogue de la Bibliothèque, éd. A.Hoste, Bibliotheca Aelrediana, t. 2, p. 169, n° 215.

[80] Pontigny, Catalogue A, main d (fin xiie s.), n° 146, éd. M. Peyrafort-Huin, p. 273 et 274.

[81] Ms. Paris, Bibl. Ste-Gen., Rés. 56, f. 1r.

[82] Angleterre: Bury, St-Edmund n° 226-227 (R. Sharpe et al., English Benedictine Libraries, p. 84.

[83] Catalogue du xiie s. des manuscrits de la cathédrale de Lincoln, n° 80 (éd. Wooley, Catalogue of the Manuscripts of Lincoln Cathedral Library, Oxford, 1927, VII, cité par Gross-Diaz, p. 165): «De dono Hamonis cancellarii. Psalterium iuxta glosaturam Gileberti Porrete, simul cum textu et cum rubeo coopertura.»

[84] Robert d’Auxerre (+1212), cité par B. Smalley, «Gilbertus universalis», p. 31 ; repris mot pour mot par Iohannes Trevet, Annales, p. 9-10.

[85] Firenze, Bibl. med., San Marco 746, f. 1 (Italie).

[86] Cas429, p. 3 : « alie [note] de media glosatura sunt sumpte ».

[87] D. Nebbiai, La bibliothèque de l’abbaye de St-Victor, p. 151, n° 262-264.

[88] D. Nebbiai, La bibliothèque de l’abbaye de St-Victor, p. 155, n° 364; sur la date, cf. p. 145.

[90] Glose des maîtres de Sorbonne, in Ps. 2, P15204, f. 6ra : « Christus ut regnans : hoc in parva glosatura ponitur et quia p<otes>t poni super illud verbum Dominus, id est super illud verbum « ad me » dupliciter a magistro exponitur. »

[91] Otto de S. Blasio, Chronica, c. 12, MGH SS rer. Germ. 47, c. 12, p. 13.21.

[92] Paris, Arsenal 27, p. 128a (peut-être St-Martin des Champs) avec gloses additionnelles du xiiie s..

[93] cf. Bordeaux, BM 112, f. 197v: «Hii sunt libri sancte Marie Silve Maioris: Augustinus super psalterium II libri, Glosule Gisleberti super Psalterium liber I…» (xiiie s. selon CGMBP t. 23, p. 59).

[94] Pontigny, Catalogue A, main i (xiiie s.), n° 136, éd. M. Peyrafort-Huin, p. 272.

[95] ms. Paris, BnF, lat. 13192, f. 3r, ex-libr. marg. inf.

[96] ms. Troyes, BM 488, f. 188 (legs d’Henri de France).

[97] Stuttgart, Württembergische Landesbibliothek, theol. et phil. fol.341, garde volante Ir, note de bibliothécaire

[98] ms. Troyes, BM 479, contre-plat inf. (don

[99] Extrait de l'inventaire des meubles, ornements et livres de la sacristie de la cathédrale de Nîmes (1218-1219; Ménard, Histoire de Nîmes, I, Pr., 65-68, cite par A. Molinié, CGMBPF. Nîmes, t. 7, in 8°, p. xxxv.

[100] Dernier feuillet du manuscrit Paris, BnF, lat. 14419, GGP du fonds de St-Victor copié vers 1220.

[101] VBSHT 27, 26: «[Cronographus] Anno domini M°C°XVII° Anselmus Laudunice […], qui inter cetera opera in psalterio glossas marginales et interlineares ordinavit.»

[102] VBSHT 30, 1: «[Actor] Hic librum sententiarum, qui nunc in scolis theologie publice legitur, laboriosum certe opus, ex multorum sanctorum patrum dictis utiliter compilavit, sed et maiores glosas psalterii et epistolarum Pauli similiter ex multorum dictis collegit et ordinavit.»

[103] Aubry de Trois-Fontaines, Chronica [anno 1156] (MGH SS 23, p. 843.39-43 et non p. 879 comme indiqué par J. De Ghellinck, Le mouvement théologique, p. 105): «Circa hoc tempus magister Petrus Lombardus fuit parisiensibus episcopus […] Tria fecit opuscula egregia, videlicet Librum Sententiarum, quod est opus excellentissimum, Glosaturam continuam super beati Pauli epistolas et opus satis grande super Psalterium. Et hec est in scholis illa que dicitur maior Glosatura.»

[104] BAV, Vat. lat. 694, f. 224v.

[105] Legs de livres de Pierre de Joingnac aux pauvres étudiants de Sorbonne, dans Chartularium nigrum (Cartulaires de l’église Notre-Dame de Paris, éd. Guérard, t. 3, Paris, 1850, p. 350 § 3).

[106] Premier catalogue de Notre-Dame de Paris : «§ 18 Psalterium maioris glosature in uno volumine. § 19 Psalteria minoris glosature duo» (DELISLE, Le cabinet des manuscrits, t. 3, p. 2).

3741 THOMAS DE AQUINO, Summa theologie, III,

[107]Paris, BnF, lat. 13192, f. 1v (f. de garde).

[108] Evreux, BM, CGM 75 : exemplaire de la Glose de Laon. « Sur la couverture, en haut de l'ais inférieur, sous une corne transparente, fixée par six clous, on lit le titre : « Epistole Pauli. Glose veteres».

[109] Catalogue de la bibliothèque des frères mineurs de Todi, éd. AFH 2006.

[110] Armand de Belvézer, Epistola dedicatoria in Collationes super Psalmos, ed. M. Morard, La harpe des clercs, 2008, t. 3 : corpus prologorum n° 92 § 3.

[111] Catalogue de Christ Church de Canterbury de 1284-1331 (M. R. James, éd., Ancient Libraries of Canterbury, 1903, n° 787, 788, 854, 855, 1003, 1005, 1006, etc.

[112] Ainsi appelée par Thomas de Chobbam (+1333-1336), Summa de arte predicandi, 3, CCCM 82, éd. Fr. Morenzoni, 1990, l. 235.

[113] Apparaît au plus tard dans l’inventaire de la Bibliothèque du collège de Sorbonne (1338), cf. L. Delisle¸ Le cabinet des manuscrits…, t. 2, p. 22, n. 17.

[114] Todi, Biblioteca comunale, cod. 185, f. 3r, éd. Enrico MENESTO, « Gli inventarî trecenteschi della biblioteca del convento francescano di San Fortunato di Todi », in : Immagini del Medioevo saggi di cultura mediolatina, Spoleto, 1994, p. 191-232, ici p. 199.

[115] Paris, BnF, lat. 766, f. 1r, Paris, collégiale Saint-Marcel, ex-libris mémoriel ajouté à la fin du 14e siècle. Voir texte cité plus-haut.

[116] Bologne, Catalogue de San Domenico (av. 1386), n° 470, éd. M.-H. Laurent, Fabio Vigili…, p. 234.

[117] «Psalterium cum communi glosa et glosatum per Petrum Lombardum» (York, Cathedral Library, XVI J 5, f. 197v, manuscrit du début 13e; suscription du 14e s.?), cité par S. Wittekin, Kommentar mit Bildern…, p. 286.

[118] St341 (voir plus haut note 13), garde de la reliure.

[119] Inventaire de la bibliothèque du Studium dominicain de Padoue (éd. L. Gargan, Lo studio di teologia… a Padua, 1971, p. 274, n° 223.

[120] Registre de prêt de la Sorbonne, éd. J. Vielliard, Le Registre de prêt, 2000, voir références p. 706.

[121] Registre de prêt de la Sorbonne, éd. J. Vielliard, Le Registre de prêt, 2000, notice 10, p. 144.

[122] Sélestat, BM 54, f. 287v : « Expliciunt excerpta glose ordinarie ». Il s’agit du commentaire des Psaumes de Ludolphe de Saxe dont il m’a semblé qu’il cite la Magna Glosatura.

[123] Bruxelles, KBR, 531-39 (131), f. 262 : copie datée de 1463

[124] Catalogue de St-Augustin de Canterbury, R. Jamaes, p. 196-406: 1837 entrées, cf. p. 201.

[125] Registre de prêt de la Sorbonne, éd. J. Vielliard, Le Registre de prêt, 2000, notice 153, p. 505.

[126] ms. BAV, Vat. lat. 90, f. 229v (la date est celle des armes peintes d’Urbanus de Flisco, apposée au f. 1 lisière sup.). Le manuscrit a été copié en Italie au début du xiiie s..

[127] Appellation majoritaire. – Registre de prêt de la Sorbonne, 1422 (éd. J. Vielliard, Le Registre de prêt, 2000, notice 200, p. 764).

[128] Catalogue de l’abbaye cistercienne de Melk (1483), Th. Gottlieb, éd.,  Mittelalterliche Bibilothekskataloge Österreichs herausgegeben von der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, t. 1, Graz-Wien-Köln, 1915, p. 162 : « A 29. Psalterium integrum cum glosa ordinaria. A 3o. Glosa ordinaria psalterii magistri Petri de Lambardia ».

[129] Catalogue de la bibliothèque de la chartreuse de Salvatorberg cité par J. de Ghellinck, Le mouvement théologique, p. 108 d’après P. Lehmann, Mittelalterlische Bibliothekskataloge, t. 2, Munich, 1918, p. 232 et 550.1-7).

[130] ms. BAV, Vat. lat. 694, f. 224v.

[131] ms. Troyes, BM, 815, f. 211r (prov. Clairvaux).

[132] ms. Paris, BnF, lat. 14242 (vers 1250-1260), garde vol. sup. verso, de la main de Claude de Grandrue.

[133] L. Gargan, L’antiqua biblioteca della certosa di Pavia, 1998, p. 50, n°38 «… in fol. tom. 1».

[134] Paris, BnF, lat. 14403, f. 1 = Claude de Grandrue, A 8 cf. Ouy, catalogue de St-Victor, t. 1, p. 12.

[135] Claude de Grandrue, Catalogue de St-Victor NNN3 = Paris, BnF, lat. 14402 : simple psautier glosé, xiie s. ½; cf. Ouy, Les manuscrits… de St-Victor, p. 605.

[136] Édition princeps: In totum Psalterium commentarii […] per fratrem Richardum Cenomanum […], Parisiis, apud Poncetum Lepreux, typis Joannis Lodoici Tiletani, 1541.

[137] BAV, Vat. lat. 89, f. 1r titre ajouté dans la marge de tête.

[138] Ce titre moderne renvoit aux lemmes attributifs rubriqués marginaux de la Glossa magna ; l’identification reste cependant conjecturale. Cf. Catalogue extrait du recueil d’inventaire de bibliothèques élaboré en 1675 par le P. Charles Le Tonnelier, édité par M. Peyrafort-Huin, La Bibliothèque de… Pontigny, p. 345 :  C64 ; G39, p. 673.

[139] Inventaire manuscrit ms. BAV Vat. lat. 6077.


Comment citer cette page ?
Martin Morard, Les noms donnés à la Bible glosée. Notes de lexicographie historique in : Sacra Pagina, IRHT-CNRS, 2024. Consultation du 24/10/2024. (Permalink : https://gloss-e.irht.cnrs.fr/php/page.php?id=205)